ONEM : réunion du 4 décembre 2008

4 décembre 2008

Déclaration liminaire de Thierry Amouroux, au titre de la CFE-CGC, lors de l’ONEM (Observatoire National des Emplois et des Métiers de la FPH) du 04.12.08.

Par cour­rier à la Ministre, la Fédération Santé CFE-CGC a demandé que les réfé­ren­tiels de com­pé­ten­ces soient portés à l’ordre du jour de l’Observatoire National des Emplois et des Métiers, afin qu’ils soient trai­tés de manière sérieuse, dans une ins­tance com­po­sée de manière repré­sen­ta­tive.

Notre Fédération consi­dère qu’il y a un réel pro­blème de métho­do­lo­gie avec la "réu­nion tech­ni­que inter­pro­fes­sion­nelle" du 21 novem­bre qui devait com­pa­rer les 8 réfé­ren­tiels de com­pé­ten­ces des pro­fes­sions en "réin­gé­nie­rie" :
 pre­miè­re­ment com­ment com­pa­rer sérieu­se­ment 8 docu­ments ardus d’une quin­zaine de pages chacun reçu peu de temps avant ?
 Deuxièmement, le choix des par­ti­ci­pants pose pro­blème : l’exem­ple concret du groupe IDE, nous a démon­tré le carac­tère aléa­toire et non repré­sen­ta­tif de ces repré­sen­tants : les 2 pre­miers à répon­dre au mail de la DHOS ont été rete­nus !

Du fait de ces pro­blè­mes de métho­do­lo­gie, nous consi­dé­rons donc que cette "réu­nion tech­ni­que inter­pro­fes­sion­nelle" relève plus d’une action de com­mu­ni­ca­tion que d’un tra­vail réel.

Sur le fond, nous sommes pro­fon­dé­ment cho­qués de voir que, contrai­re­ment aux Pédicures, Ergothérapeutes et Kinés, les infir­miè­res n’auraient pas de com­pé­ten­ces en recher­che, ni pour « gérer une struc­ture et ses res­sour­ces » (les infir­miè­res libé­ra­les appré­cie­ront).

Le 27 novem­bre 2008, l’Ordre des mas­seurs kiné­si­thé­ra­peu­tes et les trois prin­ci­paux syn­di­cats SNMKR, Objectif-Kiné et la FFMKR ont, après avoir lu une motion rédi­gée en commun, quitté ensem­ble le groupe de réin­gé­nie­rie du diplôme de mas­seur kiné­si­thé­ra­peute. Les orga­ni­sa­tions repré­sen­ta­ti­ves de cette pro­fes­sion refu­sent de cau­tion­ner des tra­vaux tour­nés vers le passé et ne répon­dant à aucune des aspi­ra­tions d’évolution sou­hai­tées par la pro­fes­sion.

Vous connais­sez l’aspi­ra­tion de la pro­fes­sion infir­mière toute entière à une opti­mi­sa­tion de la qua­lité des prises en charge des soins en France, à une véri­ta­ble reconnais­sance sociale, à un meilleur avenir. Vous savez son oppo­si­tion à une licence pro­fes­sion­nelle avec d’éventuels débou­chés en Master pro­fes­sion­nel, orien­ta­tion qui tire un trait sur les pos­si­bi­li­tés de déve­lop­per la recher­che en soins infir­miers telle qu’elle est pra­ti­quée dans les autres pays de la com­mu­nauté euro­péenne.

C’est pour­quoi nous vou­lons connaî­tre le choix poli­ti­que arrêté par la Ministre entre licence pro­fes­sion­nelle et licence géné­rale, cette der­nière néces­si­tant un rat­ta­che­ment à un domaine uni­ver­si­taire qui reste à défi­nir et qui va condi­tion­ner des choix de for­ma­tion.

Parce que nous récla­mons légi­ti­me­ment un haut niveau de for­ma­tion pour ces pro­fes­sions, nous vous deman­dons donc de revoir les réfé­ren­tiels de com­pé­ten­ces et de for­ma­tion pro­duits par ces grou­pes de « réin­gé­nie­rie ». Il est for­te­ment dom­ma­gea­ble que l’orien­ta­tion de leurs tra­vaux tourne déli­bé­ré­ment le dos à l’inté­gra­tion dans le sys­tème LMD.

Alors qu’il est reconnu par tous que la for­ma­tion des pro­fes­sion­nels de santé doit faire l’objet d’une cons­truc­tion uni­ver­si­taire, la DHOS, sous cou­vert de ce groupe, élabore un réfé­ren­tiel de for­ma­tion sur une logi­que contraire à la volonté d’uni­ver­si­ta­ri­ser les for­ma­tions des pro­fes­sions de santé déci­dée par la France et pré­co­nisé par le projet Tuning qui répond pour l’Europe à cette évolution.

Concernant le rap­port sur la reconnais­sance uni­ver­si­taire des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les, rédigé parl’Inspection géné­rale des affai­res socia­les (IGAS) et l’Inspection géné­rale de l’admi­nis­tra­tion de l’éducation natio­nale et de la recher­che, nous atten­dons tou­jours le rec­ti­fi­ca­tif de l’admi­nis­tra­tion sur les contre-véri­tés qu’il contient.

En par­ti­cu­lier, nous vous avons déjà signalé les propos inac­cep­ta­bles, page 47 du rap­port LMD, sur le "niveau de recru­te­ment actuel des infir­miè­res : la moitié envi­ron des élèves ont un bac pro­fes­sion­nel ou sont des aides-soi­gnan­tes admi­ses au titre de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle". Lors du der­nier HCPP, nous avons été cho­qués d’enten­dre le rap­por­teur main­te­nir ses propos en pré­ci­sant qu’il s’agis­sait en fait de bac tech­no­lo­gi­que.

C’est faux. L’étude natio­nale, réa­li­sée par la DREES (Direction de la recher­che, des études, de l’évaluation et des sta­tis­ti­ques) en 2006 pré­cise au contraire que
 80 % des étudiants en IFSI ont le bac­ca­lau­réat,
 très peu d’étudiants (3,2 %) ont un niveau d’études infé­rieur,
 16,5 % ont un niveau supé­rieur au bac­ca­lau­réat (prin­ci­pa­le­ment DEUG, licence ou BTS)

Pour ren­trer à l’uni­ver­sité, un bac est un bac. Cette ségré­ga­tion est into­lé­ra­ble et désuète, on ne parle plus de bac tech­no­lo­gi­que. Les bache­liers nou­veaux entrants en 1ère année d’IFSI se recru­tent prin­ci­pa­le­ment dans les séries
 Sciences médico-socia­les SMS - (30,8 %)
 Scientifique - S - (26 %)
 Économique et Social - ES - (18,0%)
 Littéraire - L - (9,7 %)
 Sciences tech­no­lo­gi­ques ter­tiai­res - STT - (9,2 %).

Avec 9 % de bac Sciences tech­no­lo­gi­ques ter­tiai­res nous sommes loin des 50 % fan­tai­sis­tes annon­cés dans ce rap­port.

Cette étude de la DREES (qui est une direc­tion du Ministère de la santé) montre aussi que les étudiants en pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle :
 repré­sen­tent 13,9 % des ins­crits en pre­mière année
 et que si 18,9 % d’entre eux ont un niveau infé­rieur au bac, ils sont 40,7 % à avoir un niveau supé­rieur au bac !

Nous refu­sons toute baisse de la durée de la for­ma­tion infir­mière, qui doit rester au dessus des 4.600 heures pré­co­ni­sées par la direc­tive euro­péenne.

Pour l’orga­ni­sa­tion de la concer­ta­tion sur le LMD, nous sommes de plus en plus dubi­ta­tifs sur la volonté réelle du Gouvernement : le 18 novem­bre, on nous avait annoncé quatre grou­pes de 20 per­son­nes se réu­nis­sant un jour par mois. Or, la pre­mière réu­nion est déjà cari­ca­tu­rale, avec 50 per­son­nes char­gées de tra­vailler sur trois pro­fes­sions en seu­le­ment deux heures !

Le 8 décem­bre, vous serez par­ti­cu­liè­re­ment atten­dus : il n’est pas ques­tion de réduire cette concer­ta­tion à des séan­ces sym­bo­li­ques de deux heures. Nous sou­hai­tons tra­vailler de manière cons­truc­tive, pas sim­ple­ment par­ti­ci­per à des actions de com­mu­ni­ca­tion gou­ver­ne­men­tale sur une pseudo concer­ta­tion à vendre aux jour­na­lis­tes.

Enfin, il n’est pas ques­tion de repor­ter le début des négo­cia­tions sala­ria­les qui en décou­lent au second semes­tre 2009. Face aux nom­breux départs en retraite, il faut être rapi­de­ment attrac­tifs et fidé­li­ser les pro­fes­sion­nels en poste. Lorsque le Québec a ins­ti­tué un nou­veau pro­gramme de for­ma­tion uni­ver­si­taire des infir­miè­res en sep­tem­bre 2002, le rehaus­se­ment des com­pé­ten­ces leur a permis d’avoir 30 % d’ins­crits en plus. Nous devons nous donner les moyens de faire face au choc démo­gra­phi­que et à l’aug­men­ta­tion des besoins de santé du fait du vieillis­se­ment de la popu­la­tion.

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