Ségur de la santé : les revendications du SNPI

25 mai 2020

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Le syn­di­cat infir­mier SNPI réclame de véri­ta­bles négo­cia­tions, pas un simu­la­cre de « Grand Débat » réu­nis­sant des per­son­nes en conven­tion, pour que le gou­ver­ne­ment ne change rien à ses posi­tions de départ.

Les atten­tes du SNPI sur l’hôpi­tal : rou­vrir des lits et créer des postes

En 20 ans, 95 ser­vi­ces d’urgen­ces et 100.000 lits ont été fermés. Selon la Direction de la Recherche, des Etudes, de l’Evaluation et des Statistiques (Drees), ce sont ainsi près de 17.500 lits de nuit qui ont été fermés entre 2013 et 2019, dont 80 % à l’hôpi­tal public. «  Nous deman­dons sim­ple­ment que les capa­ci­tés d’accueil à l’hôpi­tal soient dignes d’une sixième puis­sance mon­diale  », résume Thierry Amouroux, le porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC, qui réclame «  la réou­ver­ture de 20.000 lits. Avec 5 fois plus de lits de réa­ni­ma­tions (5000 vs 25000), l’Allemagne a eu 4 fois moins de morts par le COVID19. »

L’his­toire des 35h ne repose sur rien. Les hôpi­taux sont en 38h ou 37h, avec des jours de RTT que les soi­gnants ne peu­vent pas pren­dre. « L’idée de tra­vailler plus pour gagner plus est dan­ge­reuse à l’hôpi­tal. Quand vous tra­vaillez trop, vous ris­quez de com­met­tre des erreurs de soins. Il faut sur­tout créer plus de postes pour que chacun puisse poser tous les jours de repos auquel il a droit, ce que bien sou­vent, il ne fait pas, faute de per­son­nel » pré­cise Thierry Amouroux.

Le SNPI réclame 10 % de per­son­nel en plus dans les hôpi­taux, c’est-à-dire la créa­tion de 20.000 postes. Ce qui va per­met­tre d’établir des ratios de patients par infir­mière selon les ser­vi­ces (sur l’exem­ple de la réa, dia­lyse,…). Et le dou­ble­ment des effec­tifs dans les EHPAD, pour attein­dre le ratio agents/rési­dents de l’Allemagne et des pays nor­di­ques.

Les atten­tes du SNPI pour la reconnais­sance de la pro­fes­sion infir­mière

La demande de reva­lo­ri­sa­tion sala­riale est simple : les pro­fes­sion­nels infir­miers sont sous-payés en France selon toutes les enquê­tes inter­na­tio­na­les et natio­na­les (OCDE, INSEE, DRESS). «  Pour attein­dre le salaire infir­mier moyen euro­péen, nous récla­mons une hausse sala­riale de 300 euros par mois pour tous les infir­miers sala­riés (public ou privé), quel que soit leur grade ou leur ancien­neté  », annonce Thierry Amouroux.

« Mais il convient également de reconnai­tre dans les textes régle­men­tai­res les com­pé­ten­ces réel­les des 600.000 infir­miè­res, dont le rôle auto­nome est actuel­le­ment bridé en France, en par­ti­cu­lier sur la vac­ci­na­tion et les antal­gi­ques mineurs. Dans tous les pays du monde, l’infir­mière vac­cine en pre­mière ligne. En France, les rap­pels des 11 vac­cins obli­ga­toi­res sont sur pres­crip­tion médi­cale (seule la grippe est auto­ri­sée). A l’hôpi­tal, comme infir­mier nous devons déran­ger l’interne de garde pour donner du para­cé­ta­mol, alors que comme citoyen nous pou­vons en donner à notre enfant, voisin ou col­lè­gue ! » s’agace Thierry Amouroux. Il faut com­plé­ter le décret d’actes et d’exer­cice infir­mier, qui n’a pas été réac­tua­lisé depuis 2004 !

Les 130.000 infir­miers libé­raux sont les der­niers pro­fes­sion­nels de santé à se rendre quo­ti­dien­ne­ment au domi­cile des patients. Les infir­miers de pra­ti­que avan­cée (infir­miè­res avec 3 années d’expé­rience cli­ni­que, qui pas­sent un master 2 d’IPA) ne peu­vent pas faire de pre­mier recours dans les déserts médi­caux, car ils ne doi­vent inter­ve­nir qu’auprès de la patien­tèle d’un méde­cin. Depuis 60 ans, 330.000 IPA exer­cent dans 25 pays, mais il y a tou­jours cette excep­tion cultu­relle fran­çaise, liée au lobby médi­cal. Ne faut-il pas « libé­rer les énergies » ?

Les atten­tes du SNPI sur la gou­ver­nance : sup­pri­mons les ARS !

Les Agences Régionales de Santé datent de 2010. Dix années à mutua­li­ser, c’est-à-dire à fermer des hôpi­taux, des ser­vi­ces, des lits. Ce ne sont pas des ges­tion­nai­res, mais des comp­ta­bles qui gèrent des tableurs Excel. L’épidémie Covid19 a montré les pesan­teurs de cette tech­no­struc­ture, qui para­lyse l’action de ter­rain.

Le minis­tère de la santé, c’est 11.000 agents. Chaque ARS compte entre 700 et 1200 agents, dont beau­coup de direc­teurs et de char­gés de mis­sions, avec des salai­res impor­tants. Chaque poste sup­primé per­met­trait de créer 2 à 3 postes d’infir­miè­res ou d’aides-soi­gnants à l’hôpi­tal.

« Les com­pé­ten­ces sani­tai­res des ARS doi­vent être trans­fé­rées au Conseil Régional, avec un Vice-pré­si­dent du Conseil Régional, en charge de la santé. Un poli­ti­que plutôt qu’un admi­nis­tra­tif, qui pourra adap­ter ses déci­sions aux réa­li­tés de ter­rain. Nous avons cons­taté la réac­ti­vité des exé­cu­tifs régio­naux sur les mas­ques, et l’effi­ca­cité des minis­tres de la santé régio­naux dans les Landers alle­mands » indi­que Thierry Amouroux.

Les soi­gnants doi­vent pou­voir inter­ve­nir dans la ges­tion des ser­vi­ces hos­pi­ta­liers et des établissements de santé. L’intel­li­gence sociale des pro­fes­sion­nels de santé a fait ses preu­ves devant le Covid19. La coges­tion médico-admi­nis­tra­tive doit écouter les soi­gnants de ter­rain

Et nous avons trouvé une source "d’argent magi­que" pour stop­per les plans d’économies à l’hôpi­tal : "Avec 51 mil­liards de dol­lars de divi­den­des, la France conforte sa place de meilleur rému­né­ra­teur d’action­nai­res en Europe"
https://www.latri­bune.fr/bourse/divi­den­des-nou­veau-record-en-france-malgre-le-ralen­tis­se­ment-825997.html

Sur le Ségur, voir également :
 « Ségur de la santé » : les 5 points qui pour­raient chan­ger l’hôpi­tal fran­çais
https://www.nou­ve­lobs.com/sante/20200525.OBS29274/segur-de-la-sante-les-5-points-qui-pour­raient-chan­ger-l-hopi­tal-fran­cais.html
 Les infir­miè­res et infir­miers seront-ils bien­tôt mieux payés ? https://www.fran­cein­ter.fr/societe/les-infir­mier-e-s-seront-ils-bien­tot-mieux-paye-e-s
 L’hôpi­tal accueille avec cir­cons­pec­tion l’annonce d’un « Ségur de la santé » par Olivier Véran https://www.ouest-france.fr/sante/l-hopi­tal-accueille-avec-cir­cons­pec­tion-l-annonce-d-un-segur-de-la-sante-par-oli­vier-veran-6837962

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