Travail de nuit : impact sur les conditions de vie des salariés

19 août 2010

Le Conseil économique, social et envi­ron­ne­men­tal (CESE) a adopté le 8 juillet 2010 un avis sou­li­gnant l’impact du tra­vail de nuit sur les condi­tions de vie et de tra­vail (dérou­le­ments de car­rière et accès aux for­ma­tions moins aisés) des sala­riés. Il recom­mande notam­ment de repen­ser les moda­li­tés de recours au tra­vail de nuit.

Le tra­vail de nuit entraîne des per­tur­ba­tions de la vie sociale et fami­liale des sala­riés et fait peser de nom­breux ris­ques sur leur santé : à court terme, trou­bles du som­meil, trou­bles diges­tifs et désé­qui­li­bre nutri­tion­nel ; à long terme, ris­ques car­dio­vas­cu­lai­res accrus, usure pré­ma­tu­rée de l’orga­nisme.

Le CESE pro­pose d’enca­drer plus stric­te­ment le tra­vail de nuit. Il s’agit notam­ment de pré­ci­ser la notion de «  conti­nuité de l’acti­vité économique   »qui cons­ti­tue, dans le code du tra­vail, une des jus­ti­fi­ca­tions du recours au tra­vail de nuit. Le CESE sou­haite également la créa­tion d’un repos com­pen­sa­teur mini­mal légal pour donner aux tra­vailleurs noc­tur­nes un temps de repos sup­plé­men­taire.

Les autres pro­po­si­tions concer­nent l’amé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail (ména­ger des temps de pause, amé­na­ger les postes en fonc­tion de cri­tè­res ergo­no­mi­ques, etc.), ainsi que l’arti­cu­la­tion de la vie fami­liale et pro­fes­sion­nelle (déve­lop­per des modes de garde sur horai­res déca­lés, prise en compte du temps et des coûts de trans­ports la nuit).

Le recours au tra­vail de nuit ten­dant à se déve­lop­per (près d’un sala­rié sur cinq tra­vaille habi­tuel­le­ment de nuit), le CESE consi­dère qu’il devrait être consi­déré comme une véri­ta­ble ques­tion de santé publi­que et figu­rer dans le Plan santé au tra­vail 2010-2014.

Face à une ten­dance qui s’affirme d’une exten­sion du tra­vail de nuit, tant dans l’indus­trie que dans les ser­vi­ces, une ques­tion se pose. Faut-il adap­ter notre règle­men­ta­tion sociale à la lumière des études et recher­ches médi­ca­les met­tant en évidence des ris­ques accrus pour la santé des sala­riés ? À cette ques­tion essen­tielle, le pré­sent avis répond clai­re­ment par l’affir­ma­tive et sug­gère, en consé­quence, de mieux enca­drer le recours au tra­vail de nuit qui doit demeu­rer excep­tion­nel.

Source : http://www.conseil-eco­no­mi­que-et-social.fr/rap­port/doclon/10071612.pdf

Si la loi doit défi­nir un cadre juri­di­que plus pro­tec­teur, il convient de conser­ver un rôle cen­tral à la négo­cia­tion col­lec­tive afin de trou­ver les solu­tions adap­tées dans chaque sec­teur. C’est cet équilibre entre les champs de com­pé­tence res­pec­tifs de la loi et de la négo­cia­tion col­lec­tive qu’il faut pré­ser­ver.

Dans les sec­teurs d’acti­vité où le tra­vail de nuit existe, le ren­for­ce­ment du suivi médi­cal, notam­ment par une meilleure tra­ça­bi­lité de l’expo­si­tion aux ris­ques, et la recher­che per­ma­nente des moyens d’amé­lio­ra­tion des condi­tions de tra­vail devraient cons­ti­tuer les voies à pri­vi­lé­gier afin d’en limi­ter ou en sup­pri­mer les consé­quen­ces les plus néfas­tes pour la santé, l’équilibre de la vie fami­liale et la par­ti­ci­pa­tion à la vie sociale. C’est pour­quoi, il est essen­tiel de pri­vi­lé­gier les repos com­pen­sa­teurs plutôt que des avan­ta­ges moné­tai­res.

Surtout, il importe que la péni­bi­lité du tra­vail de nuit soit bien prise en compte dans la ges­tion des par­cours pro­fes­sion­nels, notam­ment en fin de car­rière. D’une manière plus géné­rale, tout doit être mis en oeuvre pour anti­ci­per et faci­li­ter le retour sur un poste de jour lors­que la santé du sala­rié ou des impé­ra­tifs fami­liaux l’exi­gent. À cet égard, le recours au tra­vail de nuit per­ma­nent (sans alter­nance avec des horai­res de jour) ne devrait être fondé que sur des rai­sons impé­ra­ti­ves et, dans toute la mesure du pos­si­ble, limité dans le temps.

Par ailleurs, la néces­sité de mieux conci­lier vie fami­liale et vie pro­fes­sion­nelle se pose avec d’autant plus d’acuité que les sala­riés tra­vaillent de nuit. C’est pour­quoi, il convient notam­ment de déve­lop­per, pour les jeunes enfants, des accueils adap­tés aux horai­res de tra­vail des parents. De plus, il est pri­mor­dial pour les sala­riés tra­vaillant la nuit de tenir compte du coût et des condi­tions de trans­port.

Une régu­la­tion effi­cace du tra­vail de nuit est néces­saire afin de pré­ve­nir et de limi­ter son impact sur les condi­tions de tra­vail et de vie des sala­riés.

Plus de détails : http://www.tra­vail-soli­da­rite.gouv.fr/actua­lite-presse,42/dos­siers-de-presse,46/plan-sante-au-tra­vail-2010-2014,11031.html

 Pénibilité : les dix fac­teurs de ris­ques pro­fes­sion­nels
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Penibilite-les-dix-fac­teurs-de.html
 Pénibilité et Travail de nuit
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Penibilite-et-Travail-de-nuit.html
 Pénibilité : compte per­son­nel de pré­ven­tion
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Penibilite-compte-per­son­nel-de.html
 Prévention des ris­ques pro­fes­sion­nels : orien­ta­tion santé
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Prevention-des-ris­ques.html
 Pénibilité du tra­vail en hôpi­tal psy­chia­tri­que
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Penibilite-du-tra­vail-en-hopi­tal.html
 Travail de nuit : impact sur les condi­tions de vie des sala­riés
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Travail-de-nuit-impact-sur-les.html
 Pénibilité infir­mière : les contre-véri­tés de Bachelot
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Penibilite-infir­miere-les-contre.html

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)

Ratios infirmiers : une exigence mondiale, un combat syndical, une loi en attente

Tout le monde le reconnaît désormais : la qualité des soins dépend de la présence suffisante (…)

Le SNPI au Congrès mondial du CII, sous le signe du pouvoir infirmier

Du 9 au 13 juin 2025, la communauté infirmière internationale se donne rendez-vous à Helsinki, (…)