Universitarisation des formations infirmières : synthèse du rapport d’étape
18 mars 2018
Le SNPI a été auditionné lors des travaux de ce rapport. Notre syndicat va constituer ses propres groupes de travail pour faire des propositions aux "groupes de travail transversaux du ministère" : si vous souhaitez participer, contactez-nous par mail
Agnès Buzyn, ministre des Solidarités et de la Santé, et Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, ont lancé mercredi 14 mars le comité de suivi du processus d’universitarisation des formations en santé, à l’occasion de la remise du rapport réalisé par Stéphane Le Bouler.
Vous trouverez ci-dessous notre synthèse du Rapport de la "Mission Universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique, Bilan intermédiaire de la concertation et propositions d’orientation, Stéphane Le Bouler, Février 2018" (en téléchargement en fin d’article).
Les professionnels de santé doivent avoir une formation par et à la recherche pour favoriser la prise en compte des données probantes dans l’exercice de leur métier et leur permettre de participer à la production de savoir. Enfin, les étudiants en santé doivent avoir un accès à toutes les dimensions de la vie étudiante et exercer pleinement leurs droits.
Cette évolution nécessite ce processus dit “d’universitarisation”, qui englobe un ensemble de transformations en profondeur des formations paramédicales et de maïeutique. Les 25 formations aux métiers de santé sont actuellement organisées dans des lycées, des écoles, des instituts, à l’université, sans lien réel entre elles.
Plus que d’autres filières d’études, nombre de ces formations participent au rôle d’ascenseur social de l’enseignement supérieur, recrutant des étudiants en provenance de tous les milieux sociaux, titulaires de baccalauréats généraux, technologiques ou professionnels, en formation initiale ou en promotion professionnelle.
Enfin, ces formations sont professionnalisantes : elles articulent étroitement temps de stage et temps de formation et font une large place à l’évaluation des compétences. Ces caractéristiques, garantes de la qualité des soins pour la population, doivent être préservées et même consolidées, dans le cadre de l’intégration universitaire.
Cinq objectifs prioritaires feront l’objet d’un premier travail de concertation et d’expertise :
– la simplification des modalités d’admission dans les formations,
– la possibilité de recruter des enseignants-chercheurs en maïeutique, soins infirmiers, et réadaptation,
– l’établissement d’un cadre national simplifiant les relations institutionnelles et financières entre régions, instituts de formation et universités,
– la mise en œuvre de formations aux nouveaux métiers en débutant par les pratiques avancées infirmières dès la rentrée 2018,
– la reprise, enfin, d’une réflexion sur les référentiels incluant des temps de formation communs à plusieurs filières comme cela va se faire dans le cadre du service sanitaire.
REPENSER L’INTERPROFESSIONNALITÉ
– Favoriser la transversalité par une nouvelle approche des maquettes de formation : la constitution de temps communs de formation, la mutualisation des enseignements doivent être au cœur des travaux de “réingénierie” à conduire ou à actualiser.
– Rapprocher les cursus paramédicaux et universitaires : il importe de consolider l’articulation entre les cursus de formation paramédicaux et les cursus universitaires, de façon à faciliter une meilleure reconnaissance des parcours et les poursuites d’études.
– Bâtir les métiers intermédiaires : des universités ont été pionnières à travers leurs masters en pratique avancée. Il s’agit aujourd’hui de bâtir à l’échelle nationale l’offre de formation intermédiaire qui permettra de répondre aux besoins du système de santé.
PROMOUVOIR LA RECHERCHE
L’analyse des questions de recherche des projets financés depuis 10 ans dans le cadre du Programme hospitalier de recherche infirmière et paramédicale (PHRIP), montre l’intérêt particulier de ces professionnels pour les questions relatives à la qualité et à la sécurité des soins, à l’organisation du système de santé et à la prévention, domaines dans lesquels il nous faut renforcer nos connaissances pour éclairer les décisions publiques.
Depuis 2009, 158 projets ont été financés pour un montant total de plus de 16 M €, principalement déposés par des infirmiers. Les trois thématiques les plus fréquentes sont la qualité et la sécurité des soins, la prévention tertiaire, et la qualité de vie du patient.
Les objectifs opérationnels
– Organiser la qualification des enseignants-chercheurs : les professionnels issus des filières paramédicales et de maïeutique n’ont pas aujourd’hui la possibilité d’être qualifiés dans le domaine qui est le leur ; certains bénéficient de la qualification en sciences de l’éducation ou en santé publique notamment ; si l’on veut constituer un panel d’enseignants-chercheurs issus des filières paramédicales et de maïeutique apte à prendre en charge les projets de recherche et à contribuer au management des formations, il convient d’ouvrir des voies de qualification dans trois filières : la maïeutique, les sciences infirmières, les sciences de la réadaptation.
– Ces recrutements se feront dans la durée, d’où l’importance de travailler aussi les rôles respectifs des enseignants-chercheurs et des cadres formateurs actuels, dont l’expertise pédagogique est un atout pour ces formations.
PROMOUVOIR LES INITIATIVES TERRITORIALES
– Déployer le numérique : les ressources numériques permettent de prendre en charge plusieurs enjeux-clés : homogénéiser les pratiques de formation malgré la dispersion des institutions, constituer des ressources pédagogiques de façon efficiente, faciliter les pratiques d’enseignement décloisonnées. La constitution et la mise à disposition des ressources numériques sont donc une dimension déterminante de l’universitarisation et un sujet majeur de la collaboration entre les universités, les régions et les instituts.
– Rapprocher les équipes pédagogiques : les textes ont prévu un dispositif conventionnel université-régioninstitut pour asseoir le processus “d’universitarisation par le diplôme” ; ils ont aussi prévu un regroupement de moyens à travers les Groupements de coopération sanitaire ou désormais les GHT. Au-delà de ces initiatives législatives ou réglementaires, les acteurs universitaires ont mis en place avec leurs partenaires des structures d’animation pédagogique, notamment sous la forme de “département universitaire”, destinées à prendre en charge les différents aspects de la coopération université – institut/école : partage des ressources d’enseignement, politique de stages, harmonisation des procédures d’évaluation, promotion de l’interprofessionnalité, développement de la recherche, etc.
– Faciliter les initiatives d’intégration universitaire : les acteurs sur le territoire souhaitent parfois aller au-delà de ces rapprochements fonctionnels et travaillent donc à l’intégration pleine et entière d’écoles ou d’instituts de formation au sein de l’Université. Il peut s’agit d’une intégration physique (l’école ou l’institut garde sa personnalité juridique mais rejoint le campus universitaire) ; il peut aussi s’agir d’une intégration organique, sous forme d’école universitaire ou de département de l’université.
Formations de cadres de santé
En page 36, le rapport de la "Mission Universitarisation des formations paramédicales et de maïeutique, Bilan intermédiaire de la concertation et propositions d’orientation, Stéphane Le Bouler, Février 2018" indique qu’il est nécessaire de prévoir sans attendre des travaux spécifiques en ce qui concerne les cadres de santé et ce pour toute une série de raisons :
– la réflexion sur les référentiels métier-compétences et formation est ancienne et inachevée ; les acteurs réclament une reprise des travaux et cela paraît légitime ;
– en termes de construction de carrière au-delà des métiers-socles, les possibilités d’accéder à des fonctions d’encadrement sont évidemment un enjeu majeur ;
– il y a lieu de traiter ici de plusieurs métiers, en termes de hiérarchie (encadrement de proximité vs encadrement supérieur, direction de soin) comme en termes de destination (encadrement dans les établissements de santé ou formation) ; le sujet est donc riche et complexe ;
– il est aussi fortement intriqué avec le processus d’intégration universitaire : les cadres de santé ont un rôle majeur dans le management des organisations hospitalières et l’évolution des celles-ci mais aussi dans l’accueil des personnels en formation pratique ; les cadres formateurs jouent évidemment un rôle clé dans le management, le fonctionnement et l’évolution des écoles et instituts de formation ; même s’il n’y a pas lieu, on l’a dit, de nourrir des inquiétudes quant au devenir individuel des personnels en place, ces corps professionnels sont évidemment impactés par les évolutions en cours ou jugées souhaitables quant au recrutement des formateurs, et en particulier la mobilisation d’enseignants chercheurs parmi ceux-ci ;
– l’organisation du tissu d’écoles de cadres mérite d’être revue dans un contexte marqué par la restructuration régionale sur une partie du territoire mais aussi par le renforcement des partenariats entre les CHU et les universités et par la consolidation des compétences régionales en matière de gestion de ces formations : ces écoles n’ont bien souvent pas la masse critique ; elles entretiennent parfois des partenariats disparates et dispersés avec l’Université ; la construction de l’articulation entre expertise professionnelle et savoirs académiques n’apparaît de fait pas optimale dans certains cas ;
– l’intégration pleine et entière de ces formations à l’Université doit aujourd’hui être étudiée de façon approfondie et résolument promue. Cela concerne la délivrance de formations dans un cadre universitaire, tout en conservant ou même en consolidant les expertises professionnelles ; cela concerne la durée des études et la diplomation ; cela concerne la position des professionnels-étudiants pendant le temps de la formation et les possibilités de l’alternance.
Les groupes de travail du ministère
Des groupes transversaux et des “groupes filières” seront mis en place dans la foulée du Comité de suivi. Ils réuniront les parties prenantes intéressées et des experts et devront formuler leurs propositions opérationnelles dans des délais restreints. Ils proposeront des mesures à mettre en œuvre à la rentrée 2018 ou 2019 selon les formations.
Les groupes transversaux
L’admission dans les IFSI :
L’insertion sur Parcoursup des formations des Instituts de Formation en Soins Infirmiers permettra leur meilleure visibilité par les lycéens.
Une réflexion sur l’évolution des modalités d’admission permettant d’améliorer l’efficience du processus, d’en réduire les coûts pour les étudiants, et de centrer le processus sur des compétences pertinentes pour l’exercice des métiers sera conduite avec toutes les parties prenantes.
Les travaux sur le recrutement dans les IFSI préfigureront des travaux sur d’autres filières.
La qualification des enseignants-chercheurs issus des filières paramédicales et de maïeutique
Il existe actuellement un vivier de personnes titulaires d’un diplôme d’État d’un métier paramédical ou de sagefemme et d’un doctorat. Si quelques-uns ont pu être recrutés comme enseignant-chercheur dans des disciplines de sciences du langage, de biomécanique ou de santé publique, la reconnaissance de leur activité de recherche est d’autant plus difficile qu’elle porte sur des sujets spécifiques à leur métier. Il apparait donc nécessaire de pouvoir reconnaître des qualifications en sciences infirmières, en réadaptation et en maïeutique. Les discussions avec les professionnels, le CNU, les universités devront permettre un recrutement lors de la campagne d’emploi 2019. La réflexion doit inclure les possibilités d’articuler activités cliniques et activités d’enseignement et de recherche de façon souple.
Un cadre facilitant les projets territoriaux concourant à l’intégration universitaire
Le groupe de travail réunira notamment les représentants des étudiants, des régions, des universités et des instituts de formations pour définir un cadre pertinent et robuste de dialogue de gestion et élaborer les outils comptables permettant de consolider la coopération entre les partenaires du territoire.
Les groupes filières (pour les sujets non traités en transversal)
– La maïeutique
– Les formations insérées à l’Université de longue date (orthophonie, orthoptie, audioprothèse)
– Les formations de la réadaptation
– Les nouveaux métiers
– Les formations délivrées au sein des lycées, des IUT ou des CFA