2 infirmières sur 3 hostiles à une première année d’étude commune aux professions paramédicales
19 juin 2013
Dans un texte de loi du 23 mai 2013, les députés ont voulu créer, à titre expérimental pour une durée de six ans, une première année commune aux formations paramédicales. Soit une « L1 santé » d’une part, et cette « L1 paramédicale » d’autre part.
Le SNPI CFE-CGC a donc souhaité lancer une consultation auprès des professionnels, au travers de son site internet. Du 28 mai au 18 juin 2013, 20.213 infirmières, cadres infirmiers ou infirmières spécialisées ont répondu : 64,65 % de ces professionnels infirmiers sont hostiles à une première année commune aux formations paramédicales (13.068 réponses contre, 7.145 réponses pour).
Des centaines d’infirmières répondaient chaque jour, signe d’un intérêt certain sur la question. Les réponses se faisaient par mail, ce qui permettait d’éviter les doublons (un seul vote comptabilisé par adresse mail).
Le respect des filières professionnelles
M. Olivier Véran, Député socialiste de l’Isère, est un Médecin neurologue hospitalier : il a fait cette proposition sans consulter les organisations infirmières, ni le HCPP, Haut Conseil des Professions Paramédicales.
Les infirmières sont hostiles à l’idée d’une "L1 paramédicale" sur le modèle de la "L1 santé" créée par la loi du 7 juillet 2009, car nous souhaitons le respect des trois filières professionnelles : soins infirmiers, médico-technique, rééducation. Nous ne souhaitons pas que certains se retrouvent dans telle filière par dépit, au vu de ses résultats scolaires. Nos professions doivent se faire par choix.
Le SNPI CFE-CGC est intervenu auprès des sénateurs pour que les infirmières ne soient pas dans cette liste de professions à la formation fusionnée en première année, et a obtenu gain de cause : les infirmières ne seront pas dans cette expérimentation, grâce à l’adoption d’un amendement du Sénat, le 20 juin 2013.
Les sénateurs ont voté l’article 22 bis qui ouvre la possibilité d’expérimenter, pour une durée de six ans, une première année commune aux formations paramédicales, dont la liste est définie par arrêté conjoint des ministres chargés de la santé et de l’enseignement supérieur, « après consultation des représentants, étudiants et professionnels, des spécialités concernées ».
Mais un amendement UMP visant à exclure les infirmiers de cette année commune a été adopté.
La sénatrice UMP Sophie Primas (Yvelines) a fait valoir que la profession d’infirmier faisait « l’objet d’une réglementation spécifique au sein du code de la santé publique » qui semblait « difficilement compatible avec les exigences de formation applicables à d’autres professions de santé ».
Il n’est pas nécessaire de faire une année commune pour mettre en place quelques cours transversaux, ou donner des notions de base concernant chaque métier afin de mieux prendre en charge le patient et de mieux comprendre le travail de chacun.
Ces formations ont réfléchi à leurs contenus : une nouvelle modification ne ferait qu’ajouter de la confusion dans les différentes filières. Les modalités ne sont pas les mêmes, les socles des métiers ne sont pas les mêmes, les finalités ne sont pas les mêmes ! Il serait sans doute plus intéressant de renforcer dans chaque filière, l’interdisciplinarité, la transdisciplinarité. Mais il faut respecter le cœur de métier.
Pour Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC, "cette mesure arrive comme un cheveu sur la soupe, et va à l’encontre de l’approche par compétences des nouveaux référentiels de formation issus de la réforme LMD des professions de santé. D’autant plus qu’une mission IGAS et IAENR est en train de faire un bilan et doit formuler des propositions d’améliorations, dans le cadre d’une véritable concertation."