Accès à la formation infirmière : l’Allemagne pousse à la déqualification

15 janvier 2013

En Allemagne, on peut entrer en IFSI après la seconde (10 ans de scolarité) alors que dans la majorité des pays d’Europe, il faut avoir le niveau bac (12 ans de scolarité). L’Allemagne cherche donc à faire baisser le niveau d’entrée du reste de l’Europe.

Dans sa dis­cus­sion de révi­sion de la direc­tive 2005-36 qui doit faire l’objet d’un vote de la com­mis­sion du marché inté­rieur le 23 jan­vier 2013, le Parlement euro­péen pour­rait reve­nir sur la pro­po­si­tion ini­tiale de requé­rir un niveau bac à l’entrée en for­ma­tion infir­mière. La pro­fes­sion défend auprès des euro­dé­pu­tés l’exi­gence de douze années d’ensei­gne­ment géné­ral préa­la­ble. En jeu : la garan­tie de la sécu­rité et de la qua­lité des soins pour les patients mais également la mobi­lité des pro­fes­sion­nels en Europe.

Didier Borniche, pré­si­dent de l’Ordre, Martine Sommelette, vice-pré­si­dente du CEFIEC, et Eve Guillaume, pré­si­dente de la FNESI, ont ren­contré le 08.01.13 Bernadette Vergnaud, euro­dé­pu­tée fran­çaise (PS, groupe PSD) et rap­por­teur du texte au titre de la Commission du marché inté­rieur (IMCO) du Parlement, afin de faire valoir le main­tien d’une exi­gence de 12 ans d’études secondai­res requis (équivalent niveau Bac) pour entrer dans le cursus de for­ma­tion des infir­miè­res. Madame Vergnaud défend elle-même cette posi­tion.

Sous pres­sion d’une mino­rité de blo­cage conduite par l’Allemagne, la pro­po­si­tion de la Commission euro­péenne de fixer dans le texte cette exi­gence des douze années est remise en cause au profit d’une exi­gence de dix années soit un simple niveau de seconde.

« Le risque induit par cette posi­tion est de dégra­der la sécu­rité et la qua­lité des soins pour les patients dans tous les pays de l’Union. Elle vient en contra­dic­tion fon­da­men­tale avec le pro­ces­sus euro­péen de reconnais­sance Licence-Master-Doctorat dit de Bologne. Ce n’est pas là notre vision de l’Europe. » expli­que Didier Borniche, pré­si­dent de l’Ordre National des Infirmiers qui rap­pelle que l’Ordre est auto­rité com­pé­tente pour la reconnais­sance des qua­li­fi­ca­tions pro­fes­sion­nel­les des res­sor­tis­sants euro­péens sou­hai­tant venir exer­cer la pro­fes­sion d’infir­mier en France. A ce titre l’Ordre reçoit quo­ti­dien­ne­ment des infir­miers étrangers, véri­fie leurs diplô­mes et contrôle leur niveau de langue.

Des acteurs unis pour sen­si­bi­li­ser les par­le­men­tai­res

Dans cette action, la FNESI, qui ras­sem­ble 90000 étudiants infir­miers, le CEFIEC qui regroupe tous les ins­ti­tuts de for­ma­tions en soins infir­miers de France et l’Ordre (130000 infir­miers en exer­cice ins­crits) agis­sent en par­faite coor­di­na­tion.

« Des études notam­ment de l’OCDE ont démon­tré que le niveau d’études en amont de la for­ma­tion infir­mière avait un impact direct sur la qua­lité des soins : 10% d’infir­miers bache­liers dimi­nuent de 7% le taux d’infec­tions noso­co­mia­les. Nous n’accep­te­rons pas que la qua­lité et la sécu­rité des soins aux patients en Europe soient ainsi lésées pour des motifs économiques, » affir­ment de concert la FNESI et le CEFIEC.

Les repré­sen­tants des infir­miers, des ins­ti­tuts et des étudiants enten­dent ren­contrer d’ici le 23 jan­vier plu­sieurs euro­dé­pu­tés fran­çais impli­qués sur ce dos­sier pour faire valoir les inté­rêts de la pro­fes­sion et de la santé publi­que. Ils en appel­lent à la mobi­li­sa­tion des infir­miers euro­péens notam­ment alle­mands.

* La direc­tive 2005-36 défi­nit les régi­mes de reconnais­sance des qua­li­fi­ca­tions pro­fes­sion­nel­les au sein de l’Union Européenne pour toutes les pro­fes­sions. Ce texte fixe notam­ment le nombre d’années d’études secondai­res pré­re­quis pour inté­grer les écoles d’infir­miers et exer­cer dans les États de l’Union.

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