CII : état alarmant de l’offre mondiale d’infirmières

13 août 2020

Dans un rap­port, le Conseil International des Infirmières (CII) expose l’état alar­mant de l’offre mon­diale d’infir­miè­res, au point que de nom­breux pays pau­vres ne dis­po­sent pas de tous les per­son­nels infir­miers dont ils ont besoin.

S’ils conti­nuent de recru­ter mas­si­ve­ment des per­son­nels infir­miers à l’étranger, les pays riches ris­quent d’affai­blir dan­ge­reu­se­ment les sys­tè­mes de santé des pays à revenu faible et inter­mé­diaire ainsi que leur capa­cité de faire face au virus.

Le rap­port plaide pour que les pays riches for­ment assez d’infir­miè­res et d’infir­miers pour répon­dre à leurs pro­pres besoins, en tant qu’unique moyen pour les pays pau­vres de faire face à la pan­dé­mie. Le monde est confronté à une pénu­rie géné­rale de près de six mil­lions de per­son­nels infir­miers, la grande majo­rité – 89% – dans les pays à revenu faible et inter­mé­diaire. Le rap­port pointe d’impor­tants écarts entre pays s’agis­sant du nombre d’infir­miè­res for­mées chaque année, une situa­tion qui expli­que qu’une infir­mière sur huit, soit envi­ron 3,5 mil­lions d’infir­miè­res, tra­vaille dans un autre pays que celui de sa nais­sance ou de sa for­ma­tion.

Selon le rap­port du CII, à moins d’un chan­ge­ment radi­cal dans le nombre d’infir­miè­res for­mées par les pays riches, de telle sorte que ces pays pro­gres­sent enfin vers l’auto­suf­fi­sance, les États plus pau­vres conti­nue­ront de souf­frir, de voir leurs infir­miè­res partir tra­vailler à l’étranger et d’éprouver les plus gran­des dif­fi­cultés à répon­dre aux deman­des de leur propre sys­tème de santé.

Il existe un vrai danger que cer­tains pays riches revien­nent à leurs pra­ti­ques d’avant la COVID-19, qui consis­taient à ren­for­cer leur main-d’œuvre infir­mière en recru­tant des infir­miè­res sur le marché inter­na­tio­nal, plutôt que de donner la prio­rité à la créa­tion d’une capa­cité de for­ma­tion natio­nale suf­fi­sante, à l’amé­lio­ra­tion de la réten­tion des infir­miè­res et aux ini­tia­ti­ves pour rendre la car­rière infir­mière plus attrayante.

Les pays riches doi­vent faire le néces­saire pour parer au risque d’épuisement des infir­miè­res enga­gées contre la COVID-19, de même qu’offrir des salai­res et condi­tions de tra­vail équitables, des pos­si­bi­li­tés de car­rière struc­tu­rées et l’accès à une for­ma­tion conti­nue.

Nous savons qu’inves­tir dans les soins infir­miers se tra­duit par une santé amé­lio­rée, par­tout dans le monde. Et comme le montre notre rap­port, la meilleure manière de garan­tir qu’un pays dis­pose de suf­fi­sam­ment de per­son­nel infir­mier, c’est de former et de fidé­li­ser davan­tage d’infir­miè­res, car l’auto­suf­fi­sance dans ce domaine est le choix ration­nel.

À moins que les pays ne chan­gent radi­ca­le­ment de pra­ti­que et n’inves­tis­sent dans leur propre per­son­nel infir­mier, la ten­dance à l’aug­men­ta­tion des flux d’infir­miè­res des pays à faible revenu vers les pays à revenu élevé, qui pré­va­lait avant la COVID-19, se pour­sui­vra pro­ba­ble­ment, tandis que la répar­ti­tion injuste des infir­miè­res s’aggra­vera. L’appro­che consis­tant à ne rien faire risque de com­pro­met­tre aussi bien les pro­grès des pays vers la cou­ver­ture sani­taire uni­ver­selle que la riposte mon­diale contre des pro­chai­nes vagues de pan­dé­mie.

https://www.icn.ch/sites/default/files/inline-files/PR_40_ICN%20im­mi­gra­tion%20re­port_FR_FINAL.pdf

Le Conseil inter­na­tio­nal des infir­miè­res(CII) est une fédé­ra­tion de plus de 130 asso­cia­tions natio­na­les d’infir­miè­res, repré­sen­tant plu­sieurs mil­lions d’infir­miè­res dans le monde entier. Géré par des infir­miè­res et à l’avant-garde de la pro­fes­sion au niveau inter­na­tio­nal, le CII plaide pour des soins de qua­lité pour tous et pour des poli­ti­ques de santé soli­des, par­tout dans le monde.

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