Charte d’Ottawa pour la promotion de la santé (OMS, 1986)

2 septembre 2008

Rédigé par l’Organisation Mondiale pour la Santé, ce document est un texte fondamental en matière de promotion de la santé , il définit le concept de promotion de la santé : ses bases et ses objectifs aux niveaux politique et communautaire.

Promotion de la santé

La pro­mo­tion de la santé est le pro­ces­sus qui confère aux popu­la­tions les moyens d’assu­rer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et d’amé­lio­rer celle-ci. Cette démar­che relève d’un concept défi­nis­sant la "santé" comme la mesure dans laquelle un groupe ou un indi­vidu peut d’une part, réa­li­ser ses ambi­tions et satis­faire ses besoins et, d’autre part, évoluer avec le milieu ou s’adap­ter à celui-ci.

La santé est donc perçue comme une res­source de la vie quo­ti­dienne, et non comme le but de la vie ; il s’agit d’un concept posi­tif met­tant en valeur les res­sour­ces socia­les et indi­vi­duel­les, ainsi que les capa­ci­tés phy­si­ques. Ainsi donc, la pro­mo­tion de la santé ne relève pas seu­le­ment du sec­teur sani­taire : elle dépasse les modes de vie sains pour viser le bien-être.

Conditions préa­la­bles à la santé

Les condi­tions et res­sour­ces préa­la­bles sont, en matière de santé : la paix, un abri, de la nour­ri­ture et un revenu. Toute amé­lio­ra­tion du niveau de santé est néces­sai­re­ment soli­de­ment ancrée dans ces éléments de base.

Promouvoir l’idée

Une bonne santé est une res­source majeure pour le pro­grès social, économique et indi­vi­duel, tout en cons­ti­tuant un aspect impor­tant de la qua­lité de la vie. Les fac­teurs poli­ti­ques, économiques, sociaux, cultu­rels, envi­ron­ne­men­taux, com­por­te­men­taux et bio­lo­gi­ques peu­vent tous inter­ve­nir en faveur ou au détri­ment de la santé. La démar­che de pro­mo­tion de la santé tente de rendre ces condi­tions favo­ra­bles par le biais de la pro­mo­tion des idées.

Conférer les moyens

La pro­mo­tion de la santé vise l’égalité en matière de santé. Ses inter­ven­tions ont pour but de réduire les écarts actuels carac­té­ri­sant l’état de santé, et d’offrir tous les indi­vi­dus les mêmes res­sour­ces et pos­si­bi­li­tés pour réa­li­ser plei­ne­ment leur poten­tiel santé.

Cela com­prend une solide fon­da­tion dans un milieu appor­tant son sou­tien, l’infor­ma­tion, les apti­tu­des et les pos­si­bi­li­tés per­met­tant de faire des choix sains. Les gens ne peu­vent réa­li­ser leur poten­tiel de santé opti­mal s’ils ne pren­nent pas en charge les éléments qui déter­mi­nent leur état de santé. En outre, cela doit s’appli­quer également aux hommes et aux femmes.

Servir de média­teur

Seul, le sec­teur sani­taire ne sau­rait offrir ces condi­tions préa­la­bles et ces pers­pec­ti­ves favo­ra­bles à la santé. Fait encore plus impor­tant, la pro­mo­tion de la santé exige l’action concer­tée de tous les inter­ve­nants : les gou­ver­ne­ments, le sec­teur de la santé et les domai­nes sociaux et économiques connexes, les orga­nis­mes béné­vo­les, les auto­ri­tés régio­na­les et loca­les, l’indus­trie et les médias.

Les gens de tous milieux inter­vien­nent en tant qu’indi­vi­dus, famil­les et com­mu­nau­tés. Les grou­pe­ments pro­fes­sion­nels et sociaux, tout comme les per­son­nels de santé, sont par­ti­cu­liè­re­ment res­pon­sa­bles de la média­tion entre les inté­rêts diver­gents, en faveur de la santé.
Les pro­gram­mes et stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé doi­vent être adap­tés aux besoins et pos­si­bi­li­tés locaux des pays et régions, et pren­dre en compte les divers sys­tè­mes sociaux, cultu­rels et économiques.

L’inter­ven­tion en pro­mo­tion de la santé signi­fie que l’on doit :

Élaborer une poli­ti­que publi­que saine

La pro­mo­tion de la santé va bien au-delà des soins. Elle ins­crit la santé à l’ordre du jour des res­pon­sa­bles poli­ti­ques des divers sec­teurs en les éclairant sur les consé­quen­ces que leurs déci­sions peu­vent avoir sur la santé, et en leur fai­sant admet­tre leur res­pon­sa­bi­lité à cet égard.

Une poli­ti­que de pro­mo­tion de la santé com­bine des métho­des dif­fé­ren­tes mais com­plé­men­tai­res, et notam­ment : la légis­la­tion, les mesu­res fis­ca­les, la taxa­tion et les chan­ge­ments orga­ni­sa­tion­nels. Il s’agit d’une action coor­don­née qui conduit à la santé, et de poli­ti­ques fis­ca­les et socia­les favo­ri­sant une plus forte égalité. L’action com­mune permet d’offrir des biens et ser­vi­ces plus sains et moins dan­ge­reux, des ser­vi­ces publics favo­ri­sant davan­tage la santé, et des milieux plus hygié­ni­ques et plus plai­sants.

La poli­ti­que de pro­mo­tion de la santé sup­pose l’iden­ti­fi­ca­tion des obs­ta­cles gênant l’adop­tion des poli­ti­ques publi­ques saines dans les sec­teurs non sani­tai­res, ainsi que la déter­mi­na­tion des solu­tions. Le but doit être de rendre les choix sains les plus faci­les pour les auteurs des poli­ti­ques également.

Créer des milieux favo­ra­bles

Nos socié­tés sont com­plexes et inter­re­liées, et l’on ne peut sépa­rer la santé des autres objec­tifs. Le lien qui unit de façon inex­tri­ca­ble les indi­vi­dus et leur milieu cons­ti­tue la base d’une appro­che socio-écologique de la santé. Le grand prin­cipe direc­teur menant le monde, les régions, les nations et les com­mu­nau­tés est le besoin d’encou­ra­ger les soins mutuels, de veiller les uns sur les autres, de nos com­mu­nau­tés et de notre milieu natu­rel.

Il faut atti­rer l’atten­tion sur la conser­va­tion des res­sour­ces natu­rel­les en tant que res­pon­sa­bi­lité mon­diale.
L’évolution des schè­mes de la vie, du tra­vail et des loi­sirs doit être une source de santé pour la popu­la­tion, et la façon dont la société orga­nise le tra­vail doit per­met­tre de la rendre plus saine. La pro­mo­tion de la santé engen­dre des condi­tions de vie et de tra­vail sûres, sti­mu­lan­tes, plai­san­tes et agréa­bles.

L’évaluation sys­té­ma­ti­que des effets du milieu sur la santé, et plus par­ti­cu­liè­re­ment dans les domai­nes de la tech­no­lo­gie, de l’énergie et de l’urba­ni­sa­tion, qui évoluent rapi­de­ment - est indis­pen­sa­ble ; de plus, elle doit être suivie d’une inter­ven­tion garan­tis­sant le carac­tère posi­tif de ces effets. La pro­tec­tion des milieux natu­rels et arti­fi­ciels et la conser­va­tion des res­sour­ces natu­rel­les doi­vent rece­voir une atten­tion majeure dans toute stra­té­gie de pro­mo­tion de la santé.

Renforcer l’action com­mu­nau­taire

La pro­mo­tion de la santé pro­cède de la par­ti­ci­pa­tion effec­tive et concrète de la com­mu­nauté à la fixa­tion des prio­ri­tés, à la prise des déci­sions et à l’élaboration des stra­té­gies de pla­ni­fi­ca­tion, pour attein­dre un meilleur niveau de santé.

La pro­mo­tion de la santé puise dans les res­sour­ces humai­nes et phy­si­ques de la com­mu­nauté pour sti­mu­ler l’indé­pen­dance de l’indi­vidu et le sou­tien social, et pour ins­tau­rer des sys­tè­mes sou­ples sus­cep­ti­bles de ren­for­cer la par­ti­ci­pa­tion et le contrôle du public dans les ques­tions sani­tai­res. Cela exige l’accès illi­mité et per­ma­nent aux infor­ma­tions sur la santé, aux pos­si­bi­li­tés de santé et à l’aide finan­cière.

Acquérir des apti­tu­des indi­vi­duel­les

La pro­mo­tion de la santé sou­tient le déve­lop­pe­ment indi­vi­duel et social en offrant des infor­ma­tions, en assu­rant l’éducation pour la santé et en per­fec­tion­nant les apti­tu­des indis­pen­sa­bles à la vie. Ce fai­sant, elle permet aux gens d’exer­cer un plus grand contrôle sur leur propre santé, et de faire des choix favo­ra­bles à celle-ci.

Il est cru­cial de per­met­tre aux gens d’appren­dre pen­dant toute leur vie et de se pré­pa­rer à affron­ter les diver­ses étapes de cette der­nière. Cette démar­che doit être accom­plie à l’école, dans les foyers, au tra­vail et dans le cadre com­mu­nau­taire, par les orga­nis­mes pro­fes­sion­nels, com­mer­ciaux et béné­vo­les, et dans les ins­ti­tu­tions elles-mêmes.

Réorienter les ser­vi­ces de santé

Dans le cadre des ser­vi­ces de santé, la tâche de pro­mo­tion est par­ta­gée entre les par­ti­cu­liers, les grou­pes com­mu­nau­tai­res, les pro­fes­sion­nels de la santé, les ins­ti­tu­tions offrant les ser­vi­ces, et les gou­ver­ne­ments. Tous doi­vent œuvrer ensem­ble à la créa­tion d’un sys­tème de soins ser­vant les inté­rêts de la santé.

Le rôle du sec­teur sani­taire doit abon­der de plus en plus dans le sens de la pro­mo­tion de la santé, au-delà du mandat exi­geant la pres­ta­tion des soins médi­caux. Ce sec­teur doit se doter d’un nou­veau mandat com­pre­nant le plai­doyer pour une poli­ti­que sani­taire mul­ti­sec­to­rielle, ainsi que le sou­tien des indi­vi­dus et des grou­pes dans l’expres­sion de leurs besoins de santé et dans l’adop­tion de modes de vie sains.

La réo­rien­ta­tion des ser­vi­ces de santé exige également une atten­tion accrue à l’égard de la recher­che sani­taire, ainsi que des chan­ge­ments au niveau de l’éducation et de la for­ma­tion pro­fes­sion­nel­les. Ceci doit mener à un chan­ge­ment d’atti­tude et d’orga­ni­sa­tion au sein des ser­vi­ces de santé, recen­trés sur l’ensem­ble des besoins de l’indi­vidu perçu glo­ba­le­ment.

Entrer dans l’avenir

La santé est engen­drée et vécue dans les divers cadres de la vie quo­ti­dienne : là où l’on apprend, où l’on tra­vaille, où l’on joue et où l’on aime. Elle résulte des soins que l’on s’accorde et que l’on dis­pense aux autres, de l’apti­tude à pren­dre des déci­sions et à contrô­ler ses condi­tions de vie, et de l’assu­rance que la société dans laquelle on vit offre à tous ses mem­bres la pos­si­bi­lité de jouir d’un bon état de santé.

L’inté­rêt pour autrui, l’appro­che holis­ti­que et l’écologie sont des éléments indis­pen­sa­bles à la concep­tua­li­sa­tion et à l’élaboration des stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé. Ainsi donc, les auteurs de ces stra­té­gies doi­vent adop­ter comme prin­cipe direc­teur le fait que, à tous les niveaux de la pla­ni­fi­ca­tion, de la mise en œuvre et de l’évaluation de la pro­mo­tion de la santé, hommes et femmes sont des asso­ciés égaux.

L’enga­ge­ment face à la pro­mo­tion de la santé

Les par­ti­ci­pants de cette confé­rence s’enga­gent :
 à inter­ve­nir dans le domaine des poli­ti­ques publi­ques saines et à plai­der en faveur d’un enga­ge­ment poli­ti­que clair en ce qui concerne la santé et l’égalité dans tous les sec­teurs ;
 à contrer les pres­sions exer­cées en faveur des pro­duits dan­ge­reux, des milieux et condi­tions de vie mal­sains ou d’une nutri­tion ina­dé­quate ; ils s’enga­gent également à atti­rer l’atten­tion sur les ques­tions de santé publi­que telles que la pol­lu­tion, les ris­ques pro­fes­sion­nels, le loge­ment et les peu­ple­ments ;
 à com­bler les écarts de niveau de santé dans les socié­tés et à lutter contre les iné­ga­li­tés pro­dui­tes dans ce domaine par les règles et pra­ti­ques des socié­tés ;
 à reconnaî­tre que les indi­vi­dus cons­ti­tuent la prin­ci­pale res­source sani­taire, à les sou­te­nir et à leur donner les moyens de demeu­rer en bonne santé, eux, leurs famil­les et leurs amis ; ils s’enga­gent également à accep­ter la com­mu­nauté comme le prin­ci­pal porte-parole en matière de santé, de condi­tions de vie et de bien-être ;
 à réo­rien­ter les ser­vi­ces de santé et leurs res­sour­ces au profit de la pro­mo­tion de la santé, et à par­ta­ger leur pou­voir avec d’autres sec­teurs, d’autres dis­ci­pli­nes et, ce qui est encore plus impor­tant, avec la popu­la­tion elle-même ;
 à reconnaî­tre que la santé et son main­tien cons­ti­tuent un inves­tis­se­ment social majeur, et à trai­ter la ques­tion écologique glo­bale que repré­sen­tent nos modes de vie.

Les par­ti­ci­pants de la Conférence prient ins­tam­ment toutes les per­son­nes inté­res­sées de se join­dre à eux dans leur enga­ge­ment en faveur d’une puis­sante alliance pour la santé publi­que.

Appel pour une action inter­na­tio­nale

La Conférence demande à l’Organisation mon­diale de la santé et aux autres orga­nis­mes inter­na­tio­naux de plai­der en faveur de la pro­mo­tion de la santé, dans le cadre de tous les forums appro­priés, et d’aider les pays à établir des pro­gram­mes et stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé.

Les par­ti­ci­pants de la Conférence sont fer­me­ment convain­cus que si les gens de tous milieux, les orga­nis­mes non gou­ver­ne­men­taux, les asso­cia­tions béné­vo­les, les gou­ver­ne­ments, l’Organisation mon­diale de la Santé et toutes les autres ins­tan­ces concer­nées s’unis­sent pour lancer des stra­té­gies de pro­mo­tion de la santé confor­mes aux valeurs mora­les et socia­les inhé­ren­tes à cette CHARTE, la Santé pour tous d’ici l’an 2000 devien­dra une réa­lité.

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