DREES : étude délirante sur les coopérations !

9 mars 2014

Les médecins généralistes ne sont pas favorables aux transferts : cela tombe bien, 87% des infirmières sont hostiles aux coopérations de l’article 51 de la loi HPST car elles refusent un simple transfert d’actes pour gagner du temps médical. Les propos issus de cette étude sont néanmoins incroyables !

Dans sa der­nière étude publiée le 25 février 2014 et inti­tu­lée "Le méde­cin géné­ra­liste face au paie­ment à la per­for­mance et à la coo­pé­ra­tion avec les infir­miers", la Direction de la recher­che, des études, de l’évaluation et des sta­tis­ti­ques (DREES) s’est pen­chée sur la coo­pé­ra­tion entre méde­cins et infir­miers, qui relè­vent de l’arti­cle 51 de la loi HPST (Études et résul­tats n° 873, février 2014)

Des méde­cins ont été inter­ro­gés à la fin 2012 : un tiers d’entre eux se décla­rent favo­ra­bles à des coo­pé­ra­tions avec un infir­mier sur une ou plu­sieurs tâches. Cependant, ce résul­tat est très sen­si­ble au mode de finan­ce­ment d’un tel dis­po­si­tif : la coo­pé­ra­tion est net­te­ment plus accep­tée (dans les deux tiers des cas) dans un scé­na­rio où l’auxi­liaire médi­cal serait entiè­re­ment rému­néré par un for­fait exté­rieur.

Selon la DREES, "Un tiers des méde­cins inter­ro­gés sont favo­ra­bles à la délé­ga­tion d’une ou plu­sieurs tâches à une infir­mière qui serait rat­ta­chée à leur cabi­net pour quel­ques per­ma­nen­ces dans la semaine". Le SNPI doit-il en conclure que si l’IDE réa­li­sait les mêmes actes dans son propre cabi­net elle serait plus dan­ge­reuse ?

Toujours selon la DREES, "Pour les deux tiers des méde­cins, les deux prin­ci­paux freins au trans­fert de tâches seraient la dif­fi­culté de trou­ver
une infir­mière dis­po­ni­ble et le risque de voir leur res­pon­sa­bi­lité légale enga­gée. L’item « cela nui­rait à la qua­lité des soins » arrive en der­nière
posi­tion, mais prend de l’impor­tance au fur et à mesure que la prise en
charge finan­cière du délé­gué-infir­mier par le cabi­net aug­mente."
Le SNPI s’inter­roge sur le lien entre la qua­lité des soins et le compte en banque des ver­tueux délé­guants !

Ainsi, "Une liste de tâches « trans­fé­ra­bles » a été sou­mise aux méde­cins. Les tâches qui relè­vent des com­pé­ten­ces régle­men­tai­res du méde­cin, telles que les pres­crip­tions ou encore les gestes médi­caux seraient moins volon­tiers délé­guées à une infir­mière : la moitié seu­le­ment des pra­ti­ciens seraient prêts à délé­guer la pres­crip­tion de HbA1c pour un patient dia­bé­ti­que et 35 % à délé­guer la réa­li­sa­tion d’un frot­tis cer­vi­cal. En revan­che, ils sont plus de 80 % à sou­hai­ter trans­fé­rer des tâches qui relè­vent de l’éducation thé­ra­peu­ti­que du patient dia­bé­ti­que
ou asth­ma­ti­que, de l’éducation nutri­tion­nelle, de la sur­veillance de
la ten­sion arté­rielle ou encore de l’accom­pa­gne­ment des patients dans
l’arrêt de la consom­ma­tion de tabac."

Le SNPI, Syndicat National des Professionnels Infirmiers, se désole de tant d’incom­pé­ten­ces sur nos com­pé­ten­ces ! Leur méconnais­sance de notre pro­fes­sion est telle que 20% des méde­cins géné­ra­lis­tes ne sou­hai­tent pas nous délé­guer des actes ou des com­pé­ten­ces qui relè­vent pour­tant de notre rôle propre depuis 1978 ! Quant à la DREES, l’idée de mettre la "sur­veillance de la ten­sion arté­rielle" dans sa liste relève du gag !

Toujours selon cette étude "Trois pro­fils de méde­cins se des­si­nent parmi ceux qui ne sont pas tota­le­ment réfrac­tai­res à la délé­ga­tion de tâches. Un
pre­mier groupe, réu­nis­sant près de la moitié des méde­cins, est favo­ra­ble à la délé­ga­tion de pra­ti­que­ment toutes les tâches abor­dées dans le ques­tion­naire : tâches éducatives, gestes sim­ples (prise de la
ten­sion arté­rielle) ou requé­rant une cer­taine tech­ni­cité (électrocardiogramme), tâches d’inter­ro­ga­toire néces­si­tant un savoir-faire médi­cal et tâches admi­nis­tra­ti­ves."

Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC, se demande dans quels hôpi­taux se sont formés ces brillants méde­cins, où pen­dant leurs lon­gues années d’études et d’inter­nat, ils étaient obli­gés de pren­dre eux-mêmes toutes les ten­sions des patients, et de réa­li­ser tous les électrocardiogrammes ! Combien de vies ont ils ainsi sau­vées, en pro­té­geant leurs patients de tant d’IDE incom­pé­ten­tes !

Phrase de conclu­sion de la DREES "Enfin, à volume d’acti­vité égal, plus la den­sité de méde­cins géné­ra­lis­tes dans la zone d’exer­cice est élevée, moins il est favo­ra­ble au trans­fert des tâches. On peut penser
à un effet de concur­rence : les méde­cins, en for­mu­lant leurs réti­cen­ces
concer­nant la délé­ga­tion, pour­raient mani­fes­ter la crainte d’une cer­taine
érosion de leur volume d’acti­vité."

Effectivement, en France, en matière d’actes cli­ni­ques, le SNPI tient à sou­li­gner que la rému­né­ra­tion d’une consul­ta­tion n’est liée ni à son niveau de dif­fi­culté ni à sa durée. Cela signi­fie que les consul­ta­tions médi­ca­les les plus sim­ples et les plus rapi­des (qui pour­raient être réa­li­sées par un autre pro­fes­sion­nel de santé) sont au final les plus « ren­ta­bles » pour les méde­cins. Ces der­niers n’ont donc pas d’inci­ta­tion finan­cière à confier la réa­li­sa­tion de ces consul­ta­tions à un autre pro­fes­sion­nel !

Source : Études et résul­tats n° 873, février 2014 http://www.drees.sante.gouv.fr/les-mede­cins-gene­ra­lis­tes-face-au-paie­ment-a-la-per­for­mance,11266.html

A noter que 87% des infir­miè­res sont hos­ti­les aux coo­pé­ra­tions de l’arti­cle 51 de la loi HPST car elles refu­sent un simple trans­fert d’actes pour gagner du temps médi­cal :
 1) la for­ma­tion n’est pas vali­dante (sou­vent sur le tas, par le méde­cin qui sou­haite délé­guer cette tâche), et dif­fé­rente d’un endroit à l’autre. Les com­pé­ten­ces sont donc dis­cu­ta­bles, en par­ti­cu­lier la capa­cité de réagir cor­rec­te­ment en cas de pro­blème ou de com­pli­ca­tion.
 2) ces nou­veaux actes sont pra­ti­qués sans reconnais­sance sta­tu­taire et sala­riale. C’est d’ailleurs une fonc­tion « klee­nex », dans la mesure où si le méde­cin s’en va, le pro­to­cole tombe, et l’infir­mière retourne à la case départ.
 3) les ARS ont ten­dance à étendre les pro­to­co­les à d’autres régions, alors qu’il n’y aucune évaluation des résul­tats obte­nus (aucun pro­to­cole n’a un an d’exis­tence).

« Ces pro­to­co­les de coo­pé­ra­tion per­met­tent juste de régu­la­ri­ser des situa­tions exis­tan­tes, de léga­li­ser de petits arran­ge­ments locaux » selon Thierry Amouroux, le Secrétaire Général du SNPI CFE-CGC. Mais ces pro­to­co­les ne com­por­tent aucune garan­tie pour les usa­gers sur les qua­li­fi­ca­tions et les com­pé­ten­ces des pro­fes­sion­nels impli­qués, ainsi que sur la régu­la­rité et les moda­li­tés de leur exer­cice.
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/87-des-infir­mie­res-hos­ti­les-aux.html

Enfin, le pro­to­cole de can­cé­ro­lo­gie de l’ARS Ile de France est tel­le­ment déli­rant qu’il a entrainé une levée de bou­clier :
http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Le-HCPP-condamne-a-son-tour-la.html

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