Discours de Roselyne BACHELOT au Salon Infirmier 2009

18 octobre 2009

Discours de Madame Roselyne BACHELOT-NARQUIN, Ministre de la santé et des sports, au Salon Infirmier 2009, le Mardi 13 Octobre 2009 (PORTE de VERSAILLES)

Le salon infir­mier appar­tient à ces rendez-vous que je me plais à hono­rer, comme en atteste ma fidé­lité depuis trois années.

J’y vois l’occa­sion pri­vi­lé­giée de vous expri­mer, à vous qui exer­cez un métier qui est aussi une pas­sion, l’inté­rêt que je porte à une pro­fes­sion pour laquelle j’ai une réelle admi­ra­tion.

Cette année, je me réjouis tout par­ti­cu­liè­re­ment de vous ren­contrer. L’an der­nier, en effet, je vous avais dit que 2009 serait l’année des infir­miè­res. J’ai tenu mes enga­ge­ments et, si vous me le per­met­tez, je vou­drais reve­nir avec vous sur le chemin par­couru.

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Premier chan­tier : je vous avais dit que nous met­trions en place le LMD. Nous y sommes.

La pro­mo­tion d’élèves infir­miers qui a fait sa ren­trée il y a un mois sor­tira en 2012 avec un diplôme d’Etat reconnu au grade de licence.

J’en ai cons­cience, ce calen­drier était ambi­tieux et cer­tains, je le sais, auraient pré­féré que nous atten­dions un an pour mettre en place cette réforme d’enver­gure.

Je crois que cette attente ne nous aurait pas été béné­fi­que. C’est la raison pour laquelle, avec le prag­ma­tisme qui est le mien, j’ai voulu pro­fi­ter de l’envie et de l’enthou­siasme sus­ci­tés, ainsi que du tra­vail que nous avons mené.

Le nou­veau réfé­ren­tiel a été validé et reconnu par l’uni­ver­sité. Cette étape majeure réa­li­sée, il nous fal­lait la concré­ti­ser sur le ter­rain.

A cet égard, je tiens à nou­veau à remer­cier les ins­ti­tuts de for­ma­tion en soins infir­miers, direc­tions et équipes péda­go­gi­ques qui se sont dépen­sées sans comp­ter pour que le nou­veau pro­gramme soit mis en place dans les meilleurs délais. Je veux également féli­ci­ter les infir­miers et les cadres des ser­vi­ces qui vont être demain tuteurs, maî­tres de stage, réfé­rents. Ainsi, ils vont per­pé­tuer ce com­pa­gnon­nage qui fait toute la richesse de la for­ma­tion infir­mière et que le monde uni­ver­si­taire a reconnu à sa juste valeur.

Je vous annonce d’ailleurs que le comité de suivi du LMD se réu­nira, pour la pre­mière fois, le 6 novem­bre, sous l’égide du minis­tère de la santé, avec vos repré­sen­tants, pro­fes­sion­nels et étudiants, et avec l’ensem­ble de nos par­te­nai­res : minis­tère de l’ensei­gne­ment supé­rieur et de la recher­che, régions, uni­ver­si­tés.

C’est donc bien l’ensem­ble de la filière infir­mière qui va contri­buer au succès de cette réforme. En la matière, comme tou­jours, je sais que je peux comp­ter sur vous.

Parce que l’expé­rience est une richesse que nous devons valo­ri­ser, les infir­miè­res qui n’auront pas suivi le nou­veau cursus, c’est-à-dire les diplô­mées de 2011 et toutes celles qui les pré­cé­dent, pour­ront suivre plus faci­le­ment qu’aujourd’hui, un cursus uni­ver­si­taire en master et en doc­to­rat, pour celles qui le sou­hai­tent.

Les conven­tions que les IFSI regrou­pés vont signer avec les uni­ver­si­tés per­met­tront une meilleure connais­sance réci­pro­que des atouts des uns et des autres. Les uni­ver­si­tés vont pou­voir mesu­rer l’étendue de la for­ma­tion déli­vrée par les IFSI aux infir­miè­res et ceux-ci vont pou­voir appro­fon­dir les par­te­na­riats avec l’uni­ver­sité.

Ensemble, nous allons défi­nir les besoins de demain en pra­ti­ques avan­cées, et les uni­ver­si­tés pro­po­se­ront, je le sou­haite, les offres de mas­ters cor­res­pon­dan­tes.

Ainsi, les liens tissés entre le monde infir­mier et le monde uni­ver­si­taire béné­fi­cie­ront à toutes les infir­miè­res. Je m’en réjouis.

De fait, les infir­miè­res spé­cia­li­sées vont tra­vailler, dans les pro­chai­nes semai­nes, en lien étroit avec mes ser­vi­ces, à l’enri­chis­se­ment de leur exer­cice afin que rapi­de­ment, nous ayons des infir­miè­res anes­thé­sis­tes, de bloc ou de pué­ri­culture de pra­ti­ques avan­cées, dont la pra­ti­que, les com­pé­ten­ces et la for­ma­tion auront été étendues. Ce n’est qu’un début, bien sûr, car nous devons explo­rer d’autres champs au tra­vers des coo­pé­ra­tions entre pro­fes­sion­nels de santé.

Entendons-nous bien : il ne s’agit pas de mul­ti­plier les spé­cia­li­tés et de dévoyer les pra­ti­ques avan­cées.

Il s’agit, au contraire, de mieux répon­dre aux besoins de santé de la popu­la­tion. Et le champ est vaste.

De la même façon, j’ai chargé mes ser­vi­ces de réflé­chir aux moyens de mieux accom­pa­gner les infir­miè­res qui sou­hai­tent se lancer dans un doc­to­rat, pen­dant leurs années de thèse et après. Car cette recher­che infir­mière qui aspire à se déve­lop­per doit être nour­rie et encou­ra­gée. C’est là tout le sens du pro­gramme hos­pi­ta­lier de recher­che infir­mière que j’ai lancé en sep­tem­bre.

J’ai nommé Monique Rothan Tondeur, infir­mière, pro­fes­seur, titu­laire de la chaire de recher­che infir­mière AP-HP EHESP, direc­teur du dépar­te­ment de scien­ces infir­miè­res et para­mé­di­ca­les à l’EHESP, comme pré­si­dente du comité de sélec­tion de ce pro­gramme.

J’invite les équipes qui ont des pro­jets de recher­che et toutes celles et ceux qui mili­tent depuis des années pour son déve­lop­pe­ment à pro­po­ser leurs dos­siers.

De la faculté à vous mobi­li­ser, de la qua­lité de ces dos­siers, dépen­dra en effet la péren­nité de ce dis­po­si­tif, et plus lar­ge­ment, l’essor d’une dis­ci­pline.

La balle est, si j’ose dire, dans votre camp. A tra­vers ces actions, je sou­haite que nous dis­po­sions demain d’infir­miè­res doc­teurs capa­bles de créer la filière de soins infir­miers que j’appelle de mes vœux.

Cela passe par la recher­che hos­pi­ta­lière, cela passe par des thèses dans des écoles doc­to­ra­les exis­tan­tes, qui sont exi­gean­tes, prô­nent l’excel­lence, et se sont cons­trui­tes pro­gres­si­ve­ment, comme la santé publi­que. Pour tout cela, j’ai besoin de vous, de can­di­dats moti­vés et de très haut niveau, afin de conver­tir de manière fruc­tueuse l’inté­rêt bien­veillant des uni­ver­si­tés en inté­rêt à agir et à créer, à terme, une filière de soins infir­miers.

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Deuxième chan­tier : je m’étais enga­gée à ce que nous lan­cions la négo­cia­tion sur la reva­lo­ri­sa­tion des infir­miè­res.

J’entends par là les dis­cus­sions sur les nou­vel­les grilles de l’ensem­ble des corps de la caté­go­rie B et, bien sûr, l’accès des infir­miers à la caté­go­rie A pour toutes celles qui le vou­dront.

Cette négo­cia­tion, nous l’avons enga­gée en juin der­nier, et je sou­haite qu’elle se conclue par la signa­ture d’un pro­to­cole à la fin de cette année.

La mise en œuvre de cette réforme s’appuie sur une dis­cus­sion appro­fon­die avec vos orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les. En effet, les enjeux sont très impor­tants, tant pour votre évolution et pour celle de notre sys­tème de santé que sur le plan finan­cier. Votre nou­veau statut sera por­teur d’une reva­lo­ri­sa­tion réelle, et d’exi­gen­ces nou­vel­les.

Nous en avons tous cons­cience, c’est du pas­sage en caté­go­rie A, de la reconnais­sance des com­pé­ten­ces, des res­pon­sa­bi­li­tés et de l’exper­tise des infir­miè­res qu’il s’agit. C’est une étape déci­sive, qui mar­quera dura­ble­ment l’his­toire de votre pro­fes­sion.

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Troisième chan­tier : je m’étais enga­gée à lancer une mis­sion sur les cadres hos­pi­ta­liers, et au pre­mier chef les cadres de santé. Le 11 sep­tem­bre der­nier, Chantal de Singly m’a remis un tra­vail remar­qua­ble, par l’ampleur de la concer­ta­tion qui a été menée et par la jus­tesse de l’ana­lyse.

J’étudie actuel­le­ment les 36 pro­po­si­tions que for­mule son rap­port, et je vous ferai part de mes pre­miè­res conclu­sions pro­chai­ne­ment.

Néanmoins, je peux d’ores et déjà vous dire que je sous­cris au fait que les cadres doi­vent être davan­tage impli­qués dans les déci­sions de l’hôpi­tal.

Par ailleurs, comme pour l’ensem­ble des infir­miers, la for­ma­tion des cadres mana­geurs et for­ma­teurs doit être revue, compte-tenu de l’évolution de leurs mis­sions. En cohé­rence, leurs res­pon­sa­bi­li­tés doi­vent être valo­ri­sées.

Ce terme de res­pon­sa­bi­lité, pré­ci­sé­ment, carac­té­rise bien votre pro­fes­sion.

Aujourd’hui encore, face à la pan­dé­mie grip­pale, c’est bien à votre sens des res­pon­sa­bi­li­tés, à votre pro­fes­sion­na­lisme et à votre géné­ro­sité que je fais appel. Parce que vous prenez soin au quo­ti­dien des patients, j’ai sou­haité réunir toutes les condi­tions pour faci­li­ter la vac­ci­na­tion contre la grippe A H1N1. Vous êtes, comme tous les pro­fes­sion­nels de santé, par­ti­cu­liè­re­ment concer­nés. Je sou­haite que vous puis­siez vous pro­té­ger mais aussi pro­té­ger ceux qui vous entou­rent. Je vous demande donc de par­ti­ci­per acti­ve­ment à la cam­pa­gne de vac­ci­na­tion qui va com­men­cer dans les pro­chai­nes semai­nes. Je compte sur vous.

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Vous le voyez, comme je m’y étais enga­gée, l’année 2009 est celle de la mise en œuvre des grands chan­tiers, qui feront l’avenir de votre pro­fes­sion.

C’est dans cette voie que nous allons pour­sui­vre, pour une meilleure reconnais­sance de votre métier, qui doit faire votre hon­neur et votre fierté.

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