Exercice infirmier aux urgences : la ministre ne répond pas aux besoins (LCI, 03.09.19)
14 septembre 2019
Dans son plan sur les urgences, la ministre évoque la possibilité pour les infirmiers de "faire des gestes qu’ils ne peuvent faire aujourd’hui", en entretenant une confusion :
– d’une part des "protocoles de coopération art 51 de la loi HPST de 2009", à destination d’infirmières en poste aux urgences, d’ici la fin de l’année 2019
– d’autre part des "infirmières de pratique avancée", avec un nouveau master "option urgences" qui serait créé à partir de septembre 2020 (premières diplomées en juin 2022).
Décryptage dans un article de LCI :
https://www.lci.fr/sante/points-de-suture-prescriptions-ces-gestes-que-des-super-infirmiers-vont-bientot-pouvoir-faire-aux-urgences-2131175.html
Pour Thierry Amouroux, le porte parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC : "Indépendamment des annonces faites par la ministre, la situation se dégrade à l’hôpital". En cause ; le nombre de lits qui diminue toujours et un manque accru de moyens, que les 70 millions d’euros débloqués par le gouvernement n’ont pas réussi à résoudre. "Là-dessus, Agnès Buzyn ne répond pas du tout à l’urgence actuelle". Nous avons besoin d’ouverture de lits et de création de postes d’infirmières et d’AS pour répondre aux besoins de santé de la population. Une revalorisation salariale est indispensable pour rendre attractif l’exercice à l’hôpital après dix ans de gel du point d’indice.
Le SNPI est favorable aux IPA aux urgences : "L’infirmier exerçant en pratique avancée dispose de compétences élargies, par rapport à celles de l’infirmier exerçant en soins généraux. Ses compétences sont validées par le diplôme d’Etat d’infirmier en pratique avancée", peut-on lire sur le site du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Ce diplôme s’obtient après une formation de deux ans, ouverte aux infirmiers déjà titulaires d’une licence. Thierry Amoureux, porte-parole du SNPI, a réagi auprès de LCI. "On est très content de l’ouverture de la pratique avancée aux urgences. C’est l’aspect intéressant des annonces : le développement des compétences des infirmiers, alors que la réglementation d’aujourd’hui les bride, ce qui permet de répondre au manque de médecins urgentistes."
Le SNPI est hostile de principe aux protocoles de coopération art 51 HPST. Sur le cas des urgences, ils seraient de plusieurs type :
– la prescription d’examens de biologie ou de radiologie : le syndicat estime que cela permettrait de gagner du temps, alors que déjà le médecin se contente souvent de signer une feuille rédigée par l’infirmière. Mais puisque c’est utile, pourquoi ne pas généraliser à l’ensemble de la profession, en réactualisant de décret d’acte de 2004, plutôt qu’un simple protocole local entre individus ?
– la réalisation d’actes techniques supplémentaires comme les plâtres et les sutures : le syndicat estime qu’alors que les infirmières sont déjà débordés, il n’est pas souhaitable de rajouter d’autres actes dans les conditions actuelles. Il faut déjà augmenter les effectifs, puis revoir le décret d’actes. Par ailleurs, les sutures relèvent aujourd’hui de l’exercice exclusif des IBODE, infirmières spécialisées qui ont fait 18 mois d’études supplémentaires après le diplôme de Licence infirmière.