Formation infirmière en 4 ans pour développer nos compétences en santé publique et prévention

28 août 2024

La prévention coûte moins cher que le traitement. Alors pourquoi la formation des infirmières n’est-elle pas alignée sur cette évidence  ?

L’autonomie des infirmières en prévention, en santé publique est essentielle pour répondre aux besoins d’accès aux soins. Pourtant, leur formation se limite aujourd’hui à trois années d’études. Ce cadre restreint ne permet pas de développer toutes les compétences nécessaires pour affronter les défis actuels. Une année d’études supplémentaire pourrait être la clé pour renforcer les compétences et l’autonomie des infirmières.

Passer à quatre années de formation permettrait aux infirmières généralistes de renforcer leur professionnalisation. Cette année supplémentaire n’est pas une simple formalité : c’est une opportunité d’approfondir les connaissances, de développer des compétences spécialisées et d’accroître l’autonomie dans la prise en charge des patients. Aujourd’hui, les 700.000 infirmières généralistes doivent souvent faire face à des situations complexes sans avoir reçu de formation approfondie dans certains domaines critiques, comme la santé mentale, la pédiatrie ou la gestion des urgences.

"Redonner du sens à notre exercice et affirmer l’identité infirmière, c’est reconnaître que les infirmières sont plus que de simples exécutantes d’actes médicaux. Elles sont des professionnelles de santé capables de prendre des décisions autonomes, d’initier des actions de prévention et d’accompagner les patients tout au long de leur parcours de soins." souligne Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

Les sages-femmes et les médecins généralistes ont vu leur formation allongée d’une année pour mieux répondre aux exigences de leur métier. Pourquoi les infirmières n’auraient-elles pas droit à la même considération  ? En prolongeant la durée des études, les infirmières pourraient également se former davantage, par exemple dans la prévention, un domaine crucial pour réduire les coûts de santé à long terme. En effet, une formation plus longue permettrait de renforcer les compétences en éducation à la santé, en promotion de la santé publique, et en gestion des risques.

De plus, le surcoût d’une année supplémentaire de formation est largement compensé par les économies de santé générées par une meilleure prévention. Investir dans la formation des infirmières, c’est investir dans un système de santé plus efficace et plus résilient. Les déserts médicaux, ces zones où l’accès aux soins est difficile voire inexistant, sont une réalité inquiétante. Les infirmières, mieux formées et plus autonomes, pourraient jouer un rôle clé pour pallier ces manques et apporter des solutions concrètes là où il y en a le plus besoin.

"Une année supplémentaire offrirait une formation plus approfondie, permettant aux infirmières de jouer un rôle encore plus central dans l’éducation à la santé, la prévention des maladies et la promotion du bien-être. En renforçant leurs capacités à intervenir en amont des problèmes de santé, les infirmières pourraient ainsi contribuer à réduire le nombre d’hospitalisations et de consultations médicales, entraînant des économies significatives pour le système de santé." précise Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

Une formation enrichie et allongée, offrant non seulement une meilleure préparation aux défis de la profession mais aussi une reconnaissance accrue, permettrait aux infirmières de retrouver un sentiment d’accomplissement professionnel. Alors qu’aujourd’hui la moitié des infirmières quittent l’hôpital dans les dix ans qui suivent le diplôme, cela permettrait d’améliorer l’attractivité et la fidélisation. En reconnaissant leur expertise et en leur offrant des perspectives d’évolution professionnelle, on encourage la fidélisation des infirmières, limitant ainsi le turnover et l’épuisement professionnel qui affectent tant le secteur aujourd’hui.

L’importance d’une formation infirmière adaptée ne se limite pas à la simple acquisition de compétences techniques. Il s’agit également de développer une compréhension approfondie des aspects psychosociaux et environnementaux de la santé. Le rôle infirmier dans la transition écologique, par exemple, est un domaine émergent qui nécessite une formation spécifique. Les infirmières sont de plus en plus appelées à intervenir sur des questions de santé environnementale, un champ où elles pourraient être des agents de changement, à condition de disposer des outils et des connaissances nécessaires.

Le compagnonnage infirmier, qui favorise la transmission des savoirs cliniques et le développement de compétences, pourrait également être mieux intégré dans un programme de quatre ans, renforçant ainsi la qualité des soins prodigués. Le dernier semestre doit être pensé comme un semestre de professionnalisation, intégrant le projet professionnel de l’étudiant.

Trois années d’études pour devenir infirmière, est-ce suffisant  ? Dans un monde en mutation rapide, ne faut-il pas revoir nos priorités en matière de formation  ?

En France, les infirmières sont formées en trois ans depuis cinquante ans !

Pire, à rebours de l’histoire, la durée de notre formation qui était passée à 38 mois depuis 1992 a été réduite à 34 mois lors de la réforme de 2009 (la durée d’étude de 4.760 heures depuis 1979 a été réduite à 4.200 heures) pour une simple reconnaissance de "grade de licence".

Certains technocrates nous assènent qu’en Europe, avec le LMD (Licence, Master, Doctorat), nous serions limité à trois ans, ou cinq ans pour le master. Comment expliquer en ce cas que d’autres pays européens forment leurs infirmières généralistes en 4 ans (Espagne, Portugal, Belgique, Luxembourg, Finlande, Grèce, Irlande,...) d’autres encore avec une 4ème année de spécialisation (Royaume Uni, Allemagne, Italie,...) ou en 3 ans 1/2 ?

En France, les étudiants en maieutique auront six années d’études avant de devenir sage-femme : en septembre 2024, après avoir validé leurs examens à l’issue d’ un PASS ou d’une LAS, les études dureront désormais six ans, contre cinq années précédemment.

En France toujours, la formation de masseur kinésithérapeute en IFMK est de 4 années, soit deux cycles de 4 semestres chacun, pour le développement des compétences professionnelles. Le diplôme d’Etat de masseur kinésithérapeute sanctionne un niveau validé par l’obtention de 240 crédits de formation (qui s’ajoute au 60 ECTS de l’année de sélection universitaire en PASS, les L-AS, STAPS ou Sciences de la vie).

Alors, pourquoi la formation des infirmières n’est-elle pas encore alignée sur ces besoins évidents ? Combien de temps faudra-t-il avant que le système de santé prenne pleinement conscience de l’importance d’une formation adaptée  ? Les témoignages des professionnels de santé, comme ceux recueillis par le SNPI, sont clairs : il est temps de repenser la formation infirmière pour mieux répondre aux enjeux de demain. Les infirmières ne sont pas simplement des exécutantes ; elles sont des soignantes autonomes, capables d’intervenir de manière préventive et curative.

Dans un contexte où la santé publique doit évoluer pour répondre aux défis contemporains, allonger la durée de la formation des infirmières à quatre ans ne serait-il pas un investissement crucial pour l’avenir ? Les économies réalisées grâce à une meilleure prévention et à une gestion plus autonome des soins ne justifient-elles pas à elles seules cette évolution ? Et vous, pensez-vous qu’une année supplémentaire ferait réellement la différence  ? Il est temps d’ouvrir le débat et de repenser notre approche de la formation infirmière.

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