Journée de réflexion « Éthique, économie et santé »

6 janvier 2015

REPENSER LA SANTE A L’EPREUVE DES SITUATIONS DE PAUVRETE

12 janvier 2015 – 9H/17H30

La deuxième édition des jour­nées « Éthique, économique et santé » explore les rela­tions
entre la pau­vreté et la santé. Quelques repè­res per­met­tront de mieux situer le contexte de
notre ques­tion­ne­ment.

En mon­trant que les situa­tions de famine ne s’expli­quent pas
seu­le­ment par une pri­va­tion de res­sour­ces maté­riel­les, mais aussi et sur­tout par la vio­la­tion
des droits humains et par l’absence ou la faillite des valeurs démo­cra­ti­ques (Poverty and
Famine, 1972), l’économiste Amartya Sen ouvrait la voie à une nou­velle com­pré­hen­sion de la
pau­vreté, de la santé et de leurs rela­tions.

Dans les années 1980, Jonathan Mann défen­dait à
son tour l’idée que le soin apporté aux per­son­nes attein­tes du VIH-SIDA ne sup­po­sait pas
seu­le­ment leur accès aux soins et aux pro­to­co­les de recher­che, mais aussi et sur­tout la
reconnais­sance de leurs droits d’êtres humains. Dans cette même décen­nie, la nais­sance du
concept d’ « iné­ga­li­tés socia­les de santé » atti­rait l’atten­tion sur un fait majeur : le lien entre
le statut socio­pro­fes­sion­nel des indi­vi­dus et leur espé­rance de vie, désor­mais appelé
« gra­dient social ». Il était ainsi prouvé que les iné­ga­li­tés socia­les « s’incor­po­rent » du bas de
la hié­rar­chie sociale jusqu’à son sommet (Didier Fassin).

Deux points mar­quants sem­blent dès lors res­sor­tir de ces ana­ly­ses :
 la pau­vreté ne sau­rait
être réduite à sa dimen­sion stric­te­ment finan­cière, mais cons­ti­tue un phé­no­mène
mul­ti­di­men­sion­nel dont le revenu n’est qu’une dimen­sion parmi d’autres ;
 l’état de santé
cri­ti­que des popu­la­tions les plus pau­vres et leur extrême vul­né­ra­bi­lité n’appel­lent pas
seu­le­ment des dis­po­si­tifs de soin adap­tés et spé­ci­fi­ques mais un ques­tion­ne­ment plus
global sur le « lien social » et ses trans­for­ma­tions.

Cette jour­née a pour objec­tif en pre­mier lieu de mettre ces deux points à l’épreuve des
expé­rien­ces de ter­rain, des don­nées sta­tis­ti­ques et des réflexions contem­po­rai­nes :
 par quel­les voies la pau­vreté dans ses mul­ti­ples formes rend d’autant plus vul­né­ra­bles et,
réci­pro­que­ment, com­ment la mala­die peut-elle fra­gi­li­ser, exclure ou mar­gi­na­li­ser ?
 Quelles sont les dyna­mi­ques des par­cours dans la pau­vreté ?
 Doit-on consi­dé­rer la pau­vreté comme
un état ou comme un pro­ces­sus rele­vant de la fra­gi­lité, notam­ment sani­taire, ou de la
« pré­ca­rité » ?

La jour­née sera aussi l’occa­sion d’enga­ger un ques­tion­ne­ment éthique et poli­ti­que sur notre
res­pon­sa­bi­lité col­lec­tive à l’égard des plus vul­né­ra­bles :
 en quoi le défaut d’accès à la santé
cons­ti­tue-t-il une injus­tice ?
 Les dis­po­si­tifs d’accès à la santé dédiés aux plus pau­vres sont-ils
effi­ca­ces ?
 À l’ère de l’extrême médi­ca­li­sa­tion du soin, com­ment éviter une « sani­ta­ri­sa­tion »
de la pau­vreté – dont la médi­ca­li­sa­tion des « com­por­te­ments à risque » cons­ti­tue un
exem­ple parmi d’autres - et retrou­ver le sens d’un soin qui puisse s’adres­ser à cette
souf­france qu’est la misère sociale, voca­tion pre­mière de ce qu’on appelle ou de ce qu’on
appe­lait la « méde­cine sociale » ?

Journée coor­don­née par Paul-Loup WEIL-DUBUC
Chercheur en phi­lo­so­phie, Espace de réflexion éthique Ile-de-France, Labex Distalz, EA 1610,
Université Paris Sud

En par­te­na­riat avec le Laboratoire d’éthique médi­cale et de méde­cine légale, Université Paris Descartes

Programme en télé­char­ge­ment ci-des­sous :

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