L’AME protège tous les citoyens, pas seulement les plus vulnérables

1er octobre 2024

Quand la santé publi­que est négli­gée, chacun trin­que. Affaiblir l’AME, c’est ouvrir la porte aux crises sani­tai­res. Peut-on vrai­ment s’en passer ?

L’Aide Médicale d’État (AME) permet aux plus vul­né­ra­bles de béné­fi­cier de soins essen­tiels. Pourtant, elle est aujourd’hui mena­cée par une volonté poli­ti­que de res­tric­tion. Bruno Retailleau, nou­veau minis­tre de l’Intérieur, milite pour son déman­tè­le­ment. En réponse, huit anciens minis­tres de la Santé, dans une tri­bune au Monde, ont uni leurs voix pour aler­ter sur les ris­ques sani­tai­res qui décou­le­raient d’une telle mesure : "La res­tric­tion des condi­tions d’accès à l’AME obli­ge­rait en effet les béné­fi­ciai­res à consul­ter plus tard, avec un état de santé dégradé, et donc néces­si­tant des soins plus lourds. Cette bas­cule de la prise en charge cons­ti­tue un piège pour nos hôpi­taux et nos finan­ces publi­ques. Il faut le rap­pe­ler : la prise en charge d’un béné­fi­ciaire coûte sept fois plus cher à l’hôpi­tal qu’en méde­cine de ville."
https://www.lemonde.fr/idees/arti­cle/2024/09/26/nous-anciens-minis­tres-de-la-sante-nous-asso­cions-pour-rap­pe­ler-l-impor­tance-du-main­tien-de-l-aide-medi­cale-de-l-etat_6335298_3232.html

Le pro­blème est bien plus vaste qu’une ques­tion de droits indi­vi­duels. L’AME repré­sente un pilier de la pré­ven­tion sani­taire dans notre pays. Si elle dis­pa­raît, c’est toute une chaîne de soins qui s’effon­dre. Les dépis­ta­ges, la vac­ci­na­tion, et les consul­ta­tions de pré­ven­tion, en par­ti­cu­lier pour les mala­dies infec­tieu­ses, seraient dras­ti­que­ment réduits. Ces actes, qui pro­tè­gent non seu­le­ment les béné­fi­ciai­res de l’AME mais l’ensem­ble de la popu­la­tion, devien­draient inac­ces­si­bles à ceux qui en ont le plus besoin.

Sur le ter­rain, les pro­fes­sion­nels de santé, en par­ti­cu­lier les infir­miè­res, sont les pre­miè­res à cons­ta­ter les consé­quen­ces de ces déci­sions. Elles sont aux pre­miè­res lignes des soins de pré­ven­tion, déve­lop­pant une exper­tise en santé publi­que indis­pen­sa­ble. Leur rôle ne se limite pas aux soins cura­tifs. En tant qu’actri­ces de proxi­mité, elles dépis­tent, vac­ci­nent, éduquent et conseillent, assu­rant ainsi la cou­ver­ture sani­taire de popu­la­tions sou­vent mar­gi­na­li­sées. Sans AME, leur capa­cité à agir serait réduite, et avec elle, notre sys­tème de santé tout entier serait fra­gi­lisé.

Le Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers (SNPI) l’a rap­pelé à main­tes repri­ses : les infir­miè­res sont un rem­part contre les crises sani­tai­res. Elles sont en pre­mière ligne pour repé­rer les foyers de mala­dies, gérer les cam­pa­gnes de vac­ci­na­tion et éviter que des épidémies ne pren­nent des pro­por­tions incontrô­la­bles. Leur exper­tise dans la pré­ven­tion et leur proxi­mité avec les popu­la­tions les plus vul­né­ra­bles en font des alliées indis­pen­sa­bles de la santé publi­que. En tou­chant à l’AME, c’est leur tra­vail et leur effi­ca­cité que l’on com­pro­met.

La solu­tion semble pour­tant évidente : main­te­nir et ren­for­cer l’AME. Le témoi­gnage de ces anciens minis­tres et les cris d’alarme des pro­fes­sion­nels de santé conver­gent. Affaiblir ce dis­po­si­tif, c’est expo­ser l’ensem­ble de la popu­la­tion à des ris­ques bien plus élevés de conta­gion, avec des coûts bien supé­rieurs aux économies sup­po­sées. Les crises sani­tai­res n’épargnent per­sonne, et en sup­pri­mant les outils de pré­ven­tion comme l’AME, c’est un engre­nage dan­ge­reux qui se met en place.

Sommes-nous prêts à payer ce prix, alors que des solu­tions exis­tent pour éviter de telles crises ?

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