Les différentes dimensions du rôle autonome infirmier
16 juillet 2024
L’autonomie infirmière est un concept clé dans la profession infirmière, reflétant la capacité des infirmières à exercer leur jugement professionnel et à prendre des décisions indépendantes dans le cadre de leur pratique.
En France, le Code de la Santé Publique précise que "l’infirmier a compétence pour prendre les initiatives et accomplir les soins qu’il juge nécessaires conformément aux dispositions des articles R. 4311-5, R. 4311-5-1 et R. 4311-6. Il identifie les besoins de la personne, pose un diagnostic infirmier, formule des objectifs de soins, met en oeuvre les actions appropriées et les évalue. Il peut élaborer, avec la participation des membres de l’équipe soignante, des protocoles de soins infirmiers relevant de son initiative. Il est chargé de la conception, de l’utilisation et de la gestion du dossier de soins infirmiers."
Depuis la loi n° 78-615 du 31 mai 1978 le rôle autonome de l’infirmier est explicitement reconnu, lui octroyant ainsi une autonomie sur certains actes dans la prise en charge des patients : "Est considérée comme exerçant la profession d’infirmière ou d’infirmier toute personne, qui en fonction des diplômes qui l’y habilitent, donne habituellement des soins infirmiers sur prescription ou conseil médical, ou bien en application du rôle propre qui lui est dévolu. En outre, l’infirmière ou l’infirmier participe à différentes actions, notamment en matière de prévention, d’éducation de la Santé et de formation ou d’encadrement."
Cette autonomie se manifeste à travers plusieurs dimensions, chacune jouant un rôle crucial dans la qualité des soins prodigués aux patients.
1. Autonomie clinique
L’autonomie clinique se réfère à la capacité des infirmières à évaluer, planifier, mettre en œuvre et évaluer les soins infirmiers de manière indépendante. Cela inclut la prise de décisions basées sur des connaissances spécialisées et l’expérience clinique pour répondre aux besoins des patients. Les infirmières utilisent leur expertise pour effectuer des évaluations de santé, diagnostiquer des problèmes infirmiers, et élaborer des plans de soins personnalisés. Par exemple, une infirmière peut décider de modifier un plan de soins en réponse à l’évolution de l’état de santé d’un patient sans attendre les instructions d’un médecin.
2. Autonomie professionnelle
L’autonomie professionnelle englobe la capacité des infirmières à participer activement aux décisions concernant les politiques de santé, les pratiques professionnelles et les environnements de travail. Elle implique la reconnaissance et le respect de la compétence et du jugement des infirmières par les autres professionnels de santé et les administratifs. Cette dimension inclut la participation des infirmières à des comités de soins, à des groupes de travail sur la qualité des soins, et à des initiatives de formation continue. L’autonomie professionnelle permet aux infirmières de défendre les intérêts des patients et de contribuer à l’amélioration des systèmes de santé.
3. Autonomie éthique
L’autonomie éthique se réfère à la capacité des infirmières à prendre des décisions éthiques en respectant les principes de bienfaisance, de non-malfaisance, d’autonomie des patients et de justice. Les infirmières sont souvent confrontées à des dilemmes éthiques complexes, tels que la gestion de la fin de vie, la confidentialité des informations de santé, et les droits des patients. L’autonomie éthique permet aux infirmières de naviguer dans ces situations en s’appuyant sur leur code de déontologie, leur formation éthique et leur jugement professionnel.
4. Autonomie éducative
L’autonomie éducative implique la capacité des infirmières à planifier, mettre en œuvre et évaluer des programmes de formation pour les personnes soignées, les familles, les étudiants en soins infirmiers et d’autres professionnels de la santé. Les infirmières jouent un rôle clé dans l’éducation à la santé, en fournissant des informations sur les maladies, les traitements, et les pratiques de promotion de la santé.
La relation de confiance entre l’infirmière et le patient est le fondement sur lequel repose l’autonomie éducative, en intégrant des principes de co-construction, de partenariat, de personnalisation des soins, d’écoute active. En tenant compte du contexte de vie du patient (ses conditions de vie, ses responsabilités familiales, son environnement social) l’infirmière peut fournir des conseils et un soutien qui sont réellement pertinents et applicables. Cela aide à établir des plans de soins qui sont non seulement cliniquement appropriés mais aussi réalistes et réalisables pour le patient.
5. Autonomie organisationnelle
L’autonomie organisationnelle se rapporte à la capacité des infirmières à influencer et à prendre des décisions concernant l’organisation et la gestion des soins infirmiers. Cela inclut la planification des horaires de travail, la gestion des ressources matérielles et humaines, et la mise en place de protocoles et de procédures de soins. L’autonomie organisationnelle permet aux infirmières de créer des environnements de travail efficaces et de garantir la continuité et la qualité des soins.
L’autonomie infirmière est une composante essentielle de la profession, permettant aux infirmières de fournir des soins de haute qualité de manière indépendante et responsable. Les différentes dimensions de cette autonomie (clinique, professionnelle, éthique, éducative et organisationnelle) interagissent pour renforcer la capacité des infirmières à répondre aux besoins des patients et à contribuer positivement aux systèmes de santé. La reconnaissance et le soutien de l’autonomie infirmière sont cruciaux pour l’évolution et la valorisation de la profession infirmière précise Thierry Amouroux, le porte-parole du syndicat national des professionnels infirmiers SNPI.