Les pratiques contraignantes en psychiatrie : rôle infirmier
7 avril 2019
Dès la première moitié du XIXème siècle, une loi encadre la prise en charge des personnes atteintes de troubles psychiatriques avec pour but de réguler, protéger, soigner. Mais durant la 2ème moitié du XIXème siècle, des abus et internements sont dénoncés notamment par Gambetta. Certains comparent l’asile à la prison. Il est questionné l’intérêt de l’isolement cellulaire, de la camisole de force. La loi n’a été modifiée qu’à la fin du XXème siècle, repoussée par les 2 guerres.
Aujourd’hui, le conseil de l’Europe encourage un encadrement par l’autorité judiciaire et hospitalière pour mieux encadrer l’usage de la contrainte et la diminuer. Or au vu de la charge de travail des juges des libertés et de la détention, la situation n’est pas optimale. Le juge n’a pas forcément le temps et les moyens adaptés pour évaluer les hospitalisations sous contraintes aujourd’hui.
Une pratique alternative est développée par les professionnels : le no-restraint (refus de la contention). Cette alternative se base sur des activités ludiques et thérapeutiques ainsi que sur un projet moral.
Mais les conditions et contraintes de service peuvent facilement avoir des conséquences sur les patients. Que quand il n’est pas possible de faire autrement ?
Une contrainte peut nécessiter l’usage de la force potentiellement dangereuse pour le soignant ou le soigné, qui peuvent être blessés. Un soignant blessé n’est plus en mesure de prendre soin d’un patient d’où l’impérieuse nécessité de se protéger pour mieux protéger autrui.
Avec le no-restraint, le soignant prend soin, sécurise l’environnement et ne rompt pas la relation soignant/soigné d’autant plus importante chez une personne atteinte de troubles psychiatriques. Pour cela, les soignants ont besoin de temps pour établir, mener des ateliers avec les patients et les accompagner. Un patient aurait plus de mal à faire confiance à quelqu’un qui lui impose une contrainte, en particulier par la force.
Pour le SNPI CFE-CGC, les patients et les professionnels subissent les contraintes de service comme le montre le rapport de la CGLPL en 2018. Ces situations sont liées à un manque de moyens humains et techniques criant dans le secteur de la santé mentale. Il est urgent et nécessaire d’augmenter le financement de la psychiatrie afin de ne pas mettre en danger les professionnels de santé qui prennent en soin ces patients.
Pour le SNPI CFE-CGC, le placement en chambre d’isolement et la contention sont des pratiques de dernier recours. Il ne peut y être procédé que pour prévenir un dommage immédiat ou imminent pour le patient ou autrui, sur décision d’un psychiatre, prise pour une durée limitée. Leur mise en oeuvre doit faire l’objet d’une surveillance stricte confiée par l’établissement à des professionnels de santé désignés à cette fin.
Voir également :
– Soins psychiatriques et contention : recommandations en urgence de la CGLPL http://www.syndicat-infirmier.com/Soins-psychiatriques-et-contention-recommandations-en-urgence-de-la-CGLPL.html
– Contention en psychiatrie : recherche Ferrepsy http://www.syndicat-infirmier.com/Contention-en-psychiatrie.html
– Psychiatrie : règles d’enfermement, isolement ou contention http://www.syndicat-infirmier.com/Psychiatrie-regles-d-enfermement.html