Malbouffe et danger des plats industriels

2 mars 2013

Si chacun est responsable de ses choix, certaines mesures doivent également
être mises en place au niveau collectif (information, réglementation, etc.) de façon à soutenir une consommation alimentaire saine.

Dans les pays occi­den­taux, la popu­la­tion a glo­ba­le­ment ten­dance à manger trop et pas
assez sai­ne­ment. Les mes­sa­ges de pré­ven­tion nous le rap­pel­lent d’ailleurs cons­tam­ment : il est impor­tant de manger
suf­fi­sam­ment de fruits et légu­mes, d’éviter de consom­mer trop de pro­duits gras, sucrés ou trop salés, de pra­ti­quer une
acti­vité phy­si­que régu­lière, etc.

Mais les publi­ci­tés dont nous sommes bom­bar­dés et l’offre de pro­duits que l’on trouve sur le marché ne nous y aident pas. Nombreux sont ceux qui se retrou­vent dans une lutte cons­tante entre ten­ta­tion/plai­sir d’un
côté et équilibre/santé de l’autre.

Les pro­duits ali­men­tai­res tels que céréa­les de petit déjeu­ner,
pâtes à tar­ti­ner, confi­se­ries, bis­cuits, lai­ta­ges, plats pré­pa­rés occu­pent une part impor­tante des espa­ces
pro­mo­tion­nels. Ainsi par exem­ple, « 70 % des spots publi­ci­tai­res télé­vi­sés visant les enfants font la pro­mo­tion de
pro­duits ali­men­tai­res. Parmi ces publi­ci­tés pour des ali­ments, 70 % envi­ron concer­nent des pro­duits sucrés, céréa­les et
bon­bons. »

Le consom­ma­teur se trouve donc seul face à la « jungle » des ten­ta­tions gus­ta­ti­ves tout en devant
veiller à sa bonne santé et au main­tien de sa sil­houette. Et, dans le domaine de la pré­ven­tion, alors
qu’on insiste géné­ra­le­ment sur les com­por­te­ments indi­vi­duels (contrôle de son ali­men­ta­tion, volonté pour
résis­ter aux ten­ta­tions et pra­ti­que d’acti­vité phy­si­que, etc.), il semble qu’on évoque peu l’offre ali­men­taire
et nos condi­tions et modes de vie qui peu­vent eux aussi influen­cer notre ali­men­ta­tion.

C’est une évidence, les ryth­mes de vie effré­nés (com­bi­nant tra­vail, loisir, vie sociale, vie fami­liale, etc.) que nous
menons sou­vent dans nos socié­tés contri­buent à la dimi­nu­tion du temps accordé à la pré­pa­ra­tion des repas (envi­ron
trente minu­tes par jour actuel­le­ment au lieu de trois heures il y a 75 ans) et influen­cent donc ce que nous man­geons.

Aujourd’hui, un nombre impor­tant de repas est pris hors du domi­cile, géné­ra­le­ment le repas de midi. On trouve
d’ailleurs un peu par­tout une quan­tité impres­sion­nante de petits res­tau­rants et snacks (sand­wi­che­ries,
fri­te­ries, fast-foods, piz­ze­rias, etc.) qui pro­po­sent une res­tau­ra­tion rapide, plai­sante et pas trop chère. Cette nour­ri­ture,
aussi allé­chante soit-elle, est mal­heu­reu­se­ment sou­vent trop calo­ri­que par rap­port à nos dépen­ses énergétiques.

Toujours dans une opti­que de gain de temps, les rayons de nos super­mar­chés contien­nent de plus en plus de plats
pré­pa­rés qu’il suffit de réchauf­fer : soupes en boîte, pizzas, gra­tins de légu­mes, plats exo­ti­ques, conser­ves, plats
sur­ge­lés… Ces plats pré­pa­rés vendus dans le com­merce sem­blent passer plus ina­per­çus que la res­tau­ra­tion
rapide qui est, elle, ouver­te­ment cri­ti­quée. Mais ces ali­ments ne sont pas tou­jours sains non plus et leur
com­po­si­tion n’est pas si dif­fé­rente de celle de la mal­bouffe.

Personne n’est obligé de consom­mer la tota­lité de la ration, mais la ten­ta­tion est grande et nous avons
ten­dance à penser qu’il s’agit d’une quan­tité « nor­male », alors que les por­tions sont sou­vent exces­si­ves et
conti­nuent à aug­men­ter. Il n’est d’ailleurs pas rare de consi­dé­rer comme insuf­fi­san­tes, et de crain­dre de ne pas avoir
mangé « à sa faim », des quan­ti­tés qui sont en fait des rations « nor­ma­les
 ». Cette stan­dar­di­sa­tion des por­tions incite donc à consom­mer
plus et peut également contri­buer à une prise de poids.

Les pro­duits pro­po­sés par l’indus­trie agroa­li­men­taire contien­nent
sou­vent une grande quan­tité de sucre et de sel pour plaire à un grand
nombre de consom­ma­teurs. Beaucoup de ces ali­ments com­por­tent également des addi­tifs ali­men­tai­res : 300 addi­tifs sont ainsi auto­ri­sés en Europe dans de nom­breux ali­ments pré­pa­rés comme des plats sur­ge­lés,
mélan­ges d’épices, soupes en conserve et en sachet, sauces, cubes
de bouillon, confi­tu­res, pâte à tar­ti­ner, des­serts lactés, che­wing-gums,
bon­bons, qui­ches, pizzas, purée lyo­phi­li­sée, pois­sons panés, etc. Si cer­tains
addi­tifs sont uti­li­sés pour une meilleure conser­va­tion des ali­ments, d’autres agis­sent comme des exhaus­teurs de gout : par exem­ple, la réfé­rence E621 cor­res­pond au glu­ta­mate de sodium.

Mais ces addi­tifs peu­vent avoir un autre effet per­vers, en étant par­fois res­pon­sa­bles d’into­lé­ran­ces et de réac­tions aller­gi­ques : mani­fes­ta­tions
cuta­nées, oedè­mes, trou­bles res­pi­ra­toi­res, désor­dres gastro-intes­ti­naux ou encore cépha­lées. Certains sont même
iden­ti­fiés ou sus­pec­tés comme étant can­cé­ri­gè­nes ou muta­gè­nes. Ainsi, l’aspar­tame et les glu­ta­ma­tes font aujourd’hui
l’objet de vives polé­mi­ques.

Bien sûr, pour chaque addi­tif, les auto­ri­tés déter­mi­nent la dose jour­na­lière maxi­male admis­si­ble. Mais cette
évaluation ne tient pas compte des effets de cumul et d’asso­cia­tion (on mange en effet sur une jour­née
plu­sieurs pro­duits conte­nant chacun plu­sieurs addi­tifs) ni du ter­rain indi­vi­duel du consom­ma­teur, qui peut
être aller­gi­que ou into­lé­rant à une sub­stance. Il n’est donc pas pos­si­ble aujourd’hui d’assu­rer que la consom­ma­tion
que l’on fait de cer­tai­nes de ces sub­stan­ces soit abso­lu­ment sans danger...

Lorsqu’on connaît le nombre de fac­teurs qui peu­vent influen­cer nos choix de consom­ma­tion, on com­prend qu’il ne
soit pas facile de s’y retrou­ver dans cette jungle de l’offre ali­men­taire tout en tenant compte des recom­man­da­tions
de santé.

Chacun est le seul res­pon­sa­ble de son ali­men­ta­tion et qu’il
est donc du devoir de chaque citoyen d’être vigi­lant. Mais il est évident qu’au-delà de la volonté indi­vi­duelle, l’offre ali­men­taire ainsi que nos condi­tions et modes de vie peu­vent eux aussi influen­cer notre ali­men­ta­tion.

Il est, par exem­ple, fon­da­men­tal de favo­ri­ser la trans­mis­sion des savoirs et savoir-faire culi­nai­res pour per­met­tre à
chacun d’acqué­rir les com­pé­ten­ces néces­sai­res à la réa­li­sa­tion des repas. En effet, com­ment éviter les pré­pa­ra­tions
« toutes faites » si l’on ne sait pas soi-même com­ment confec­tion­ner un plat ?

De même, il serait impor­tant de reva­lo­ri­ser
la diver­sité de cultu­res culi­nai­res et les pré­pa­ra­tions tra­di­tion­nel­les, qui sont géné­ra­le­ment garan­tes de qua­lité et d’équilibre nutri­tion­nel puis­que conte­nant sou­vent
beau­coup de légu­mes (potées, cous­cous, soupes …),
des légu­mi­neu­ses (pois chi­ches, fèves, len­tilles …),
des quan­ti­tés rédui­tes de viande, etc.

Par ailleurs, il semble indis­pen­sa­ble de régu­ler
davan­tage le domaine de l’ali­men­ta­tion, puisqu’il
s’agit aujourd’hui d’une préoc­cu­pa­tion de santé
majeure. Cela com­mence à se faire dans des col­lec­ti­vi­tés
comme les écoles, les cen­tres de vacan­ces pour
enfants, les mai­sons de repos ou encore les hôpi­taux.

Prendre cons­cience et dénon­cer le fonc­tion­ne­ment
du sys­tème permet d’être atten­tif aux pièges pour ne plus tomber dedans et pou­voir consom­mer en connais­sance de
cause, dans l’attente de régle­men­ta­tions adap­tées à la réa­lité de l’offre ali­men­taire et pro­té­geant davan­tage le consom­ma­teur,

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