Mensonges et contre-vérités du rapport LMD

17 octobre 2008

Pour débuter les négociations du 17 novembre 2008 sur de bonnes bases, nous allons nous attacher à démontrer, point par point, les erreurs et mensonges du rapport LMD. Ce second article est consacré au niveau des étudiants en soins infirmiers.

Curieux que lorsqu’il est ques­tion des infir­miè­res, des ins­ti­tu­tions, qui d’ordi­nai­res font preuve de rigueur, aban­don­nent toute métho­do­lo­gie pour pro­duire des docu­ments sans base scien­ti­fi­que :
 pour les coo­pé­ra­tions entre pro­fes­sions de santé, la Haute Autorité de Santé avait pro­cédé à un son­dage "tout public" sur inter­net
lire l’arti­cle
 pour le rap­port sur la reconnais­sance uni­ver­si­taire des pro­fes­sions para­mé­di­ca­les, l’Inspection géné­rale des affai­res socia­les (IGAS) et l’Inspection géné­rale de l’admi­nis­tra­tion de l’éducation natio­nale et de la recher­che, nous pro­dui­sent un rap­port avec des propos déso­bli­geants pour la pro­fes­sion infir­mière
lire l’arti­cle, mais sur­tout des contre véri­tés !

Un exem­ple des nom­breux propos tenus sans réfé­rence docu­men­taire, alors que la réa­lité contraire est aisé­ment véri­fia­ble :

Une étude natio­nale, réa­li­sée par la DREES (Direction de la recher­che, des études, de l’évaluation et des sta­tis­ti­ques) en 2006 pré­cise que 80 % des étudiants en IFSI ont le bac­ca­lau­réat, et 16,5 % ont un niveau supé­rieur : très peu d’étudiants (3,2 %) ont un niveau d’études infé­rieur !
Or, Page 47 du rap­port LMD, para­gra­phe 185, il est indi­qué : "Du point de vue social, cette fois, il paraît indis­pen­sa­ble de tenir compte de la réa­lité socio­lo­gi­que et du niveau de recru­te­ment actuel des infir­miè­res : la moitié envi­ron des élèves ont un bac pro­fes­sion­nel ou sont des aides-soi­gnan­tes admi­ses au titre de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle".

Passons sur le fait que depuis une quin­zaine d’année les "élèves des écoles d’infir­miè­res" sont deve­nus des "étudiants en soins infir­miers" dans un IFSI : si les rédac­teurs sont restés aux "anciens francs" on com­prend que la licence pro­fes­sion­nelle leur paraisse adap­tée !

Passons aussi (pour l’ins­tant, mais nous y revien­drons) sur le fait que pour gagner rapi­de­ment leur vie, et en raison jus­te­ment des pos­si­bi­li­tés de pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle, des bache­liers entre dans la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière par un poste d’aide-soi­gnant, et pla­ni­fient leurs car­riè­res sur les concours inter­nes.

Passons également sur le pré­jugé des rap­por­teurs vis à vis les titu­lai­res d’un bac pro­fes­sion­nel, alors qu’il permet tout autant qu’un bac scien­ti­fi­que ou lit­té­raire de ren­trer à l’uni­ver­sité, dont le prin­cipe est jus­te­ment la non sélec­tion.

Pour dépas­ser ces réflexions dis­cri­mi­na­toi­res, dignes des conver­sa­tions du "Café du Commerce", nous allons nous en tenir aux études sérieu­ses, comme l’aurait fait une Inspection Générale sur un autre sujet que les IDE :

1) Selon une étude réa­li­sée par la DRASS de la région PACA sur 4.820 étudiants en 2005, les étudiants en IFSI sont de plus en plus diplô­més.

De plus en plus d’étudiants ayant un diplôme supé­rieur au bac­ca­lau­réat intè­grent les IFSI, notam­ment ceux ayant
un BTS ou un diplôme de deuxième ou troi­sième cycle uni­ver­si­taire.

En 2005, près de 27 % des étudiants en soins infir­miers ont déclaré avoir un diplôme supé­rieur au bac­ca­lau­réat alors qu’ils étaient deux fois moins en 2000.

La série S (scien­ti­fi­que) est le bac­ca­lau­réat le plus
répandu parmi les bache­liers nou­vel­le­ment
ins­crits en IFSI
(plus d’un étudiant sur quatre).
Viennent ensuite les séries SMS (scien­ces
médico-socia­les), ES (économique et social), L
(lit­té­raire) et STT (scien­ces tech­no­lo­gi­ques
ter­tiai­res), avec res­pec­ti­ve­ment un taux de 22,5 %,
20,3 %, 14,0 % et 9,8 %

Source : DRASS PACA, enquête 1997 à 2005 auprès des établissements de for­ma­tion aux pro­fes­sions de santé

2) On retrouve les mêmes orien­ta­tions dans l’enquête de la DRASS Pays de Loire en 2004, selon laquelle près de 80% des 1200 étudiants nou­vel­le­ment ins­crits en pre­mière année ont déclaré avoir comme plus haut diplôme le bac­ca­lau­réat.

Ce sont les séries S (Scientifique), SMS (Sciences Médico-Sociales) et ES (Economique et Social) qui envoient le plus d’étudiants vers les for­ma­tions en soins infir­miers (res­pec­ti­ve­ment 33%, 29% et 20% des bache­liers nou­veaux ins­crits en pre­mière année en IFSI en 2004).

3) Une étude natio­nale, réa­li­sée par la DREES (Direction de la recher­che, des études, de l’évaluation et des sta­tis­ti­ques) en 2006 pré­cise également que
 80 % des étudiants en IFSI ont le bac­ca­lau­réat,
 très peu d’étudiants (3,2 %) ont un niveau d’études infé­rieur,
 16,5 % ont un niveau supé­rieur au bac­ca­lau­réat (prin­ci­pa­le­ment DEUG, licence ou BTS)

Les bache­liers nou­veaux entrants en 1ère année d’IFSI se recru­tent prin­ci­pa­le­ment dans les séries
 Sciences médico-socia­les - SMS - (30,8 %)
 Scientifique - S - (26 %)
 Économique et Social - ES - (18,0%)
 Littéraire - L - (9,7 %)
 Sciences tech­no­lo­gi­ques ter­tiai­res - STT - (9,2 %).

Voir le docu­ment en télé­char­ge­ment et lire l’arti­cle

Cette étude de la DREES (qui est une direc­tion du Ministère de la santé) montre aussi que les étudiants en pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle :
 repré­sen­tent 13,9 % des ins­crits en pre­mière année
 et que si 18,9 % eux ont un niveau infé­rieur au bac, ils sont 40,7 % à avoir un niveau supé­rieur au bac !

Nous sommes donc loin de l’affir­ma­tion "la moitié envi­ron des élèves ont un bac pro­fes­sion­nel ou sont des aides-soi­gnan­tes" des­ti­née à nous vendre la licence pro ! Comme quoi les rédac­teurs des Inspections Générales devraient consul­ter les rap­ports de la DREES plutôt que se fonder sur les pré­ju­gés de gens coupés des réa­li­tés !

"Lorsque l’on veut tuer son chien, on l’accuse d’avoir la rage"

Pour plus d’infor­ma­tions :
 Le détail du rap­port LMD des Inspections : lire l’arti­cle
 Les rédac­teurs du rap­port ont reçu (mais visi­ble­ment pas écouté) le 21.02.08 une délé­ga­tion du SNPI com­po­sée de Thierry Amouroux, Anne-Marie Balgairies, Anne Larinier et Marie-Hélène Feuillin. lire l’arti­cle

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DREES - (279.4 kio) - PDF DREES - (223.1 kio) - PDF
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