Réaction du collectif IADE aux propos de Bachelot

25 mai 2010

COMMUNIQUE DU COLLECTIF DES INFIRMIERS ANESTHESISTES, PARIS, le 20 mai 2010

Suite aux propos men­son­gers et à cette pro­pa­gande de dés­in­for­ma­tion de madame Bachelot-Narquin sur Europe 1 (inter­view du 19 mai à 7h40 par le jour­na­liste Marc-Olivier Fogiel) visant à stig­ma­ti­ser une pro­fes­sion qui n’a mani­fes­te­ment aucune raison de se mobi­li­ser, le col­lec­tif des infir­miers anes­thé­sis­tes tient à réta­blir la vérité en repre­nant pré­ci­sé­ment le dis­cours de la minis­tre.

« Je reçois les infir­miers anes­thé­sis­tes. J’avais l’inten­tion de les rece­voir. »
« Nous les avons reçus le 4 mai, le 10 mai. Je suis aux ques­tions au gou­ver­ne­ment. »

Jamais, la minis­tre de la Santé n’a daigné nous rece­voir au cours des jour­nées natio­na­les ou de dis­cus­sions. Elle a sys­té­ma­ti­que­ment dili­genté mon­sieur Patrice Vayne de la direc­tion géné­rale de l’offre de soins (DGOS) ou mon­sieur Yann Bubien, direc­teur-adjoint du cabi­net de la minis­tre qui n’avaient pas délé­ga­tion pour s’enga­ger sur un cer­tain nombre de nos
deman­des.

Concernant son inten­tion, elle est uni­que­ment de décla­ra­tion car elle n’a, à aucun moment, exprimé son sou­hait de nous rece­voir. Qui plus est, au départ de la mani­fes­ta­tion du 18 mai, le cabi­net expri­mait déjà, par télé­phone aux syn­di­cats, son refus de nous accueillir au minis­tère ce qui a entraîné la migra­tion du cor­tège vers la gare Montparnasse.

Enfin, s’agis­sant des ques­tions au gou­ver­ne­ment, elle a remis en cause la péni­bi­lité de l’exer­cice infir­mier lors d’une ques­tion posée par le député Michel Issindou. Forte de ce déni, la pro­fes­sion peut donc s’inter­ro­ger légi­ti­me­ment sur la réelle volonté de trai­ter la pro­blé­ma­ti­que de cette pro­fes­sion.

« Nous avions pris d’ailleurs rendez-vous pour le 3 juin. »
« La pro­chaine réu­nion avait été fixée le 10 mai au 3 juin. »

La minis­tre évoque la table ronde du 10 mai, qui n’était en rien une réu­nion de négo­cia­tions et cela fut pré­cisé par mon­sieur Bubien. A l’issue de cette ren­contre, la pro­chaine réu­nion était fixée au 5 juillet et non le 3 juin. Cette der­nière a été pro­po­sée uni­que­ment dans l’après-midi
du 18 mai. Seule, cette action à la gare Montparnasse a permis de pro­po­ser cette date du 3 juin, qui don­nera lieu uni­que­ment à des dis­cus­sions et non des négo­cia­tions.

« On ne peut pas reve­nir de façon subrep­tice sur l’exclu­si­vité de la com­pé­tence des infir­miers anes­thé­sis­tes. »

La page 27 dudit pro­to­cole sur la cons­truc­tion de par­cours pro­fes­sion­nels attrac­tifs est de nature à inquié­ter les infir­miers anes­thé­sis­tes sur l’exclu­si­vité des com­pé­ten­ces et la réa­li­sa­tion de gestes que seuls les infir­miers anes­thé­sis­tes sont habi­li­tés à exé­cu­ter.

Le col­lec­tif cite : « Un accès faci­lité à ces nou­vel­les spé­cia­li­tés [notam­ment celle d’infir­mier anes­thé­siste] sera ouvert aux pro­fes­sion­nels expé­ri­men­tés par la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience et par des for­ma­tions com­plé­men­tai­res. Ainsi, sera mise en place en prio­rité, pour les agents pou­vant y pré­ten­dre, l’ouver­ture à la vali­da­tion des acquis de l’expé­rience des diplô­mes d’infir­mier spé­cia­lisé de bloc opé­ra­toire, de pué­ri­cultrice, d’infir­mier anes­thé­siste et de cadre de santé. »

De plus, le rap­port Berland sur « Coopération des pro­fes­sions de santé : le trans­fert de tâches et de com­pé­ten­ces » et celui de la mis­sion sur « Réflexion autour des par­ta­ges de tâches et de com­pé­ten­ces entre pro­fes­sion­nels de santé » qui ont pré­cédé le pro­to­cole Bachelot inter­ro­gent
les pro­fes­sion­nels et les syn­di­cats sur la volonté de pré­ser­ver la pro­fes­sion et sa for­ma­tion telles qu’elles exis­tent à ce jour et qui sont reconnues de grande qua­lité au sein de l’Union Européenne.

« Avec toute une équipe de bio­lo­gis­tes, de chi­rur­giens. »

Malheureusement, madame Bachelot-Narquin ne connaît pas notre exer­cice, encore moins
nos par­te­nai­res de tra­vail. Nous exer­çons certes avec les chi­rur­giens mais également avec les
bran­car­diers, les aides-soi­gnants, les méde­cins anes­thé­sis­tes et les infir­miers de bloc
opé­ra­toire et de salle de sur­veillance post-inter­ven­tion­nelle. En aucun cas, nous sommes en
contact avec des bio­lo­gis­tes. Pour une minis­tre qui connaît soi-disant bien les infir­miers
anes­thé­sis­tes, ces propos lais­sent très per­plexes.

« Les deux ans sup­plé­men­tai­res n’ont pra­ti­que­ment pas de contenu théo­ri­que, ce sont seu­le­ment des stages pra­ti­ques. »

L’annexe II de l’arrêté du 17 jan­vier 2002 rela­tif à la for­ma­tion condui­sant au diplôme d’Etat
d’infir­mier anes­thé­siste pré­cise le contenu de la for­ma­tion. Cette der­nière com­prend 70
semai­nes de stage et 700 heures d’ensei­gne­ment. De plus, ces der­niè­res sont dis­pen­sées par
des méde­cins anes­thé­sis­tes réa­ni­ma­teurs qui sont les garants de la qua­lité et de la trans­mis­sion
de ce savoir théo­ri­que. Enfin, l’ensem­ble de la for­ma­tion est estam­pillé par un conseiller
scien­ti­fi­que qui est le plus sou­vent un pro­fes­seur des uni­ver­si­tés, pra­ti­cien hos­pi­ta­lier
spé­cia­liste qua­li­fié en anes­thé­sie-réa­ni­ma­tion.
Dire que les deux années de for­ma­tion sont seu­le­ment des stages pra­ti­ques relève de la
dif­fa­ma­tion.

« Le salaire d’un infir­mier anes­thé­siste c’est 2000 euros en début de car­rière et 3000 euros en fin de car­rière. »

Vous pouvez consul­ter le por­tail des métiers de la santé et du social élaboré conjoin­te­ment par
le minis­tère du Travail et celui de la Santé (http://www.metiers.san­te­so­li­da­ri­tes.gouv.fr/metier­sin­fir­mier_
anes­the­siste-77.html).

Le salaire actuel d’un infir­mier anes­thé­siste est rap­pelé dans le rap­port N°2346 du député
Jacques Domergue sur le projet de loi rela­tif à la réno­va­tion du dia­lo­gue social dans la
fonc­tion publi­que. Le salaire men­suel net est de 1743 euros en début de car­rière (Page 13).
Comment peut-on divul­guer à l’emporte pièce des chif­fres éloignés autant de la réa­lité et
sur­tout de la vérité ?

« Les infir­miers anes­thé­sis­tes béné­fi­cient des reva­lo­ri­sa­tions que nous avons déci­dées avec le Président de la République. »
« On donne des aug­men­ta­tions de salaire extrê­me­ment impor­tan­tes aux infir­miers anes­thé­sis­tes. »
« A propos du salaire, je ne vous ai pas dit que les infir­miers anes­thé­sis­tes res­tent bien entendu les infir­miers les mieux payés de la pro­fes­sion infir­mière à l’hôpi­tal. »

Les dif­fé­rents gains de rému­né­ra­tion nette
annuelle par pro­fes­sion qui appa­rais­sent dans le pro­to­cole Bachelot du 2 février 2010.

Pour les infir­miers (3 ans de for­ma­tion) :
- début de car­rière : 2118 euros en plus annuel­le­ment
- fin de car­rière : 3801 euros en plus annuel­le­ment.

Pour les infir­miers de bloc opé­ra­toire (4 ans et demi de for­ma­tion) et pué­ri­cultri­ces (4 ans de
for­ma­tion) :
- début de car­rière : 3366 euros en plus annuel­le­ment
- fin de car­rière : 3312 euros en plus annuel­le­ment.

Pour les infir­miers anes­thé­sis­tes (5 ans de for­ma­tion) :
- début de car­rière : 2879 euros en plus annuel­le­ment
- fin de car­rière : 2064 euros en plus annuel­le­ment.

Pour les cadres et cadres supé­rieurs de santé (3 ans et 10 mois de for­ma­tion) :
- début de car­rière : 3421 euros en plus annuel­le­ment
- fin de car­rière : 4996 euros en plus annuel­le­ment.

Voir le tableau (Page 13) du rap­port
N°2346 du député Jacques Domergue repre­nant les gains de rému­né­ra­tion nette avant et après la réforme.
A titre de com­pa­rai­son, en fin de car­rière, la rému­né­ra­tion annuelle nette de l’infir­mier est de
2815 euros, celle de l’infir­mière de bloc opé­ra­toire ou pué­ri­cultrice est de 2938 euros et celle
de l’infir­mier anes­thé­siste est de 2987 euros. Le dif­fé­ren­tiel de ces niveaux de trai­te­ment nie
tota­le­ment notre niveau de for­ma­tion et de res­pon­sa­bi­li­tés. Pouvons-nous dire que ces chif­fres
cons­ti­tuent des dis­po­si­tions inci­ta­ti­ves pour faire face à la pro­blé­ma­ti­que de la démo­gra­phie
dans notre spé­cia­lité ?

« La notion de péni­bi­lité, elle est en dis­cus­sion bien entendu avec les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les. »
« La péni­bi­lité bien entendu est à la table des négo­cia­tions avec les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les. »

La péni­bi­lité de notre exer­cice est remise en ques­tion par notre pas­sage en caté­go­rie
séden­taire (cf pro­to­cole du 2 février 2010, page 16). De plus, en réponse à une ques­tion posée
par le député Michel Issindou, madame Bachelot a mar­telé avec plu­sieurs chif­fres que la
pro­fes­sion infir­mière ne cons­ti­tuait pas la pro­fes­sion la plus tou­chée. Elle a, une fois de plus,
omis de dire que l’espé­rance de vie d’une infir­mière était dimi­nuée de 6 à 8 ans (étude de la
CNRACL). Lors des dis­cus­sions avec le cabi­net, la ques­tion de la péni­bi­lité ne demeure pas
un sujet de prio­rité.

« Ils ont été reçus hier (18 mai) à 15 heures par les ser­vi­ces du minis­tère comme nous rece­vons tous les mani­fes­tants qui vien­nent nous dire un cer­tain nombre de choses et j’y tiens beau­coup. »

Madame Bachelot ne vous a pas pré­cisé que le cabi­net, encore moins la minis­tre en per­sonne,
n’avait pas l’inten­tion de rece­voir une délé­ga­tion ce qui a pro­vo­qué l’enva­his­se­ment de la
gare Montparnasse. Le col­lec­tif peut vous assu­rer que les infir­miers anes­thé­sis­tes devaient
rega­gner le minis­tère en res­pec­tant le trajet accepté par la pré­fec­ture si une ren­contre s’opé­rait
dans l’après-midi.

De plus, la délé­ga­tion a été reçue par un repré­sen­tant de la DGOS et deux
de ses col­la­bo­ra­teurs dans une petite salle à proxi­mité de la gare et en rien au minis­tère et par
un membre du cabi­net. Une fois encore, les trois inter­lo­cu­teurs n’avaient aucune délé­ga­tion
pour faire pro­gres­ser les dis­cus­sions. Cette ren­contre don­nait sim­ple­ment l’illu­sion d’écouter
les mani­fes­tants et per­met­tait seu­le­ment au minis­tère de décla­rer avec inconve­nance que ces
der­niers avaient été reçus par les ser­vi­ces de la minis­tre.

Il nous parais­sait donc essen­tiel de réta­blir la vérité sur un cer­tain nombre de points dis­cu­tés
lors de cette inter­view. Une fois de plus, la minis­tre a montré une mal­hon­nê­teté patente. Les
propos tenus hier matin ont sus­cité une pro­fonde exas­pé­ra­tion de l’ensem­ble des infir­miers
anes­thé­sis­tes dont la déter­mi­na­tion à pour­sui­vre ce mou­ve­ment sans pré­cé­dent ne fait que
gran­dir. Nous res­tons à votre dis­po­si­tion afin de com­plé­ter ou d’éclaircir cer­tains points. Nous
espé­rons que ce droit de réponse sera com­mu­ni­qué comme il se doit.

Le Collectif des infir­miers anes­thé­sis­tes

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