Recherche en soins : mobiliser l’ensemble des acteurs

31 mai 2014

Extraits d’un article de Lecordier Didier, Jovic Ljiljana, « Financer et organiser la recherche en soins : des obstacles à surmonter », Recherche en soins infirmiers 1/ 2014 (N° 116), p. 5-5
URL : www.cairn.info/revue-recherche-en-soins-infirmiers-2014-1-

Depuis bien­tôt quatre ans, les appels à pro­jets dans le cadre du Programme hos­pi­ta­lier de recher­che infir­mière et para­mé­di­cale (PHRIP) ont éclairé d’une nou­velle lumi­no­sité et inten­sité les che­mins de la recher­che pour les infir­miè­res et les « para­mé­di­caux ». Cette offre de finan­ce­ment public a donné de la visi­bi­lité à la recher­che en soins. Les pro­jets rete­nus don­nent, notam­ment, à voir la diver­sité des pro­blé­ma­ti­ques de soins explo­rées et des métho­des déployées pour appor­ter des répon­ses aux ques­tions posées. (...)

Les infir­miers et les infir­miè­res qui s’enga­gent aujourd’hui dans un projet de recher­che, ont bien com­pris qu’un moyen leur était offert pour contour­ner le manque de temps néces­saire à l’accom­plis­se­ment d’un projet de recher­che. Les finan­ce­ments pos­si­bles per­met­tent d’envi­sa­ger des men­sua­li­tés de rem­pla­ce­ment et ouvrent des pers­pec­ti­ves qui jusque-là sem­blaient bou­chées. Mais ce n’est pas aussi simple. La concep­tion de l’étude, la pré­pa­ra­tion du projet, la rédac­tion de la réponse dans le format de l’appel à pro­jets… deman­dent du temps. (...)

Si le temps est le pre­mier obs­ta­cle évoqué au déve­lop­pe­ment de la recher­che en soins infir­miers, il semble bien qu’il en cache au moins deux autres appa­rais­sant aujourd’hui majeurs : la non-maî­trise de la métho­do­lo­gie et l’iso­le­ment. La ques­tion de recher­che, la méthode et le choix des outils pour y répon­dre, le devis dans son ensem­ble, l’évaluation du temps et des coûts, … toutes ces ques­tions se posent rapi­de­ment aux équipes sou­vent dému­nies.

Ne restez pas seuls pour les abor­der. Les Délégations régio­na­les à la recher­che cli­ni­que et à l’inno­va­tion (DRCI), les labo­ra­toi­res de recher­che, les méde­cins cher­cheurs et les métho­do­lo­gis­tes sont plus pro­ches qu’il n’y paraît et même s’ils man­quent de temps, ils sont sou­vent bien­veillants à l’idée de voir les équipes soi­gnan­tes se mobi­li­ser et rejoin­dre la com­mu­nauté scien­ti­fi­que.

Le PHRIP n’est pas le seul moyen de finan­cer un projet de recher­che. D’abord dans l’ins­truc­tion de la Direction géné­rale de l’offre de soins (DGOS), d’autres pro­gram­mes comme ceux de recher­che sur la per­for­mance du sys­tème de soins (PREPS) et médi­co­éco­no­mi­que (PRME) élargissent l’offre aux pro­jets por­tant d’avan­tage sur l’orga­ni­sa­tion des soins et le mana­ge­ment des équipes, les coûts.

La recher­che de l’effi­cience de nos orga­ni­sa­tions, l’évolution des soins ambu­la­toi­res dans et en dehors des ins­ti­tu­tions, les par­cours de soins… pla­cent les pra­ti­ciens et leur hié­rar­chie, les ins­ti­tu­tions et le domi­cile au cœur de pro­jets de recher­che pou­vant être très fédé­ra­teurs et utiles. Ensuite, signa­lons que de mul­ti­ples socié­tés, fon­da­tions, orga­nis­mes, établissements, asso­cia­tions finan­cent des pro­jets de recher­che infir­mière et para­mé­di­cale. (...)

Pour com­plé­ter le sou­tien au dyna­misme actuel, pour­quoi ne pas mobi­li­ser l’ensem­ble des acteurs du champ scien­ti­fi­que infir­mier déjà investi dans la recher­che et en par­ti­cu­lier les appren­tis cher­cheurs. Il manque juste un peu de coor­di­na­tion pour ne pas perdre les énergies inves­ties par les équipes de soins, des équipes péda­go­gi­ques dans les ins­ti­tuts de for­ma­tion (IFSI, IFCS…) et autres lieux de for­ma­tion conti­nue… Une recher­che biblio­gra­phi­que ciblée, une étude explo­ra­toire ou des­crip­tive bien faites ont toute la légi­ti­mité dans un appel à pro­jets. Les études pilo­tes sont à valo­ri­ser dans un projet de recher­che, elles cré­di­bi­li­sent les dos­siers. Ne gâchons pas nos énergies mais poten­tia­li­sons nos ini­tia­ti­ves.

Les infir­miers et infir­miè­res enga­gés dans la recher­che auraient inté­rêt à conju­guer leurs forces. Praticiens et cli­ni­ciens, enca­dre­ment et direc­tion, pro­fes­sion­nels et scien­ti­fi­ques, uni­ver­si­tai­res et ins­ti­tu­tions de soins peu­vent col­la­bo­rer. Constituons et fai­sons vivre nos réseaux pour conce­voir plus effi­ca­ce­ment nos pro­jets et pro­duire rapi­de­ment les connais­san­ces scien­ti­fi­ques néces­sai­res aux scien­ces infir­miè­res et à la qua­lité de nos pres­ta­tions.

Source : Lecordier Didier, Jovic Ljiljana, « Financer et orga­ni­ser la recher­che en soins : des obs­ta­cles à sur­mon­ter », Recherche en soins infir­miers 1/ 2014 (N° 116), p. 5-5
URL : www.cairn.info/revue-recher­che-en-soins-infir­miers-2014-1-page-5.htm.

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