Reconnaissance universitaire : état des lieux (juin 2008)

25 septembre 2007

Depuis que nos études sont pas­sées à 3 ans en 1979, nous reven­di­quons le niveau Bac + 3, et ce fût une des prin­ci­pa­les reven­di­ca­tions des mou­ve­ments infir­miers de 1988 et 1991. Suite à une forte mobi­li­sa­tion étudiante ces der­niers mois, les poli­ti­ques ont entendu notre volonté de reconnais­sance de notre for­ma­tion dans le cadre de la réforme LMD (Licence, Master, Doctorat) : le point sur ce dos­sier à la veille de l’ouver­ture des négo­cia­tions pro­gram­mées pour sep­tem­bre 2008.

Lettre de cadrage inter­mi­nis­té­rielle

En décem­bre 2006, Xavier Bertrand, Ministre de la Santé et des Solidarités, et François Goulard, Ministre délé­gué à l’Enseignement supé­rieur et à la Recherche, ont rédigé une lettre de cadrage sur l’uni­ver­si­ta­ri­sa­tion des for­ma­tions para­mé­di­ca­les avec la mise en place du LMD, selon les prin­ci­pes sui­vants :
 les for­ma­tions dis­pen­sées doi­vent conti­nuer à avoir une fina­lité pro­fes­sion­nelle, les diplô­mes d’Etat et les cer­ti­fi­cats dis­pen­sés au cours de ces for­ma­tions attes­tant des com­pé­ten­ces requi­ses pour exer­cer un métier de la santé ;
 l’exer­cice d’une pro­fes­sion demeu­rera soumis, comme aujourd’hui à l’obten­tion du seul diplôme d’Etat ;
 l’orga­ni­sa­tion du diplôme, autour des acti­vi­tés et des com­pé­ten­ces du métier : cons­ti­tu­tion d’un réfé­ren­tiel des acti­vi­tés du métier, puis du réfé­ren­tiel de com­pé­ten­ces exi­gées par le diplôme et enfin du réfé­ren­tiel de for­ma­tion, struc­turé en modu­les. Seront iden­ti­fiées, à cette occa­sion, les dif­fé­ren­tes unités d’ensei­gne­ment du réfé­ren­tiel de for­ma­tion qui per­met­tront de vali­der des cré­dits euro­péens d’ensei­gne­ment (ECTS).
 com­men­cer par les sages femmes et les infir­miers.

Débat à l’Assemblée Nationale

En juillet 2007, la com­mis­sion des Affaires socia­les de l’Assemblée natio­nale, saisie du projet de loi sur l’auto­no­mie des uni­ver­si­tés, a adopté un amen­de­ment de Daniel Fasquelle (député UMP du Pas-de-Calais, et Doyen de Faculté de droit) qui insère un arti­cle sti­pu­lant que "les diplô­mes para­mé­di­caux et de sage-femme sont pro­gres­si­ve­ment reconnus et inté­grés dans le sys­tème LMD".

Lors des débats en séance publi­que le 25 juillet der­nier, Madame Valérie PECRESSE, Ministre de l’ensei­gne­ment supé­rieur et de la recher­che, a indi­qué qu’elle était favo­ra­ble à terme à une har­mo­ni­sa­tion euro­péenne.
Elle a pré­cisé les inten­tions de Madame Roselyne BACHELOT, Ministre de la santé, de la jeu­nesse et des sports, également com­pé­tente sur ce dos­sier : « elle tient à vous faire savoir que, s’agis­sant des études infir­miè­res et du LMD, les enga­ge­ments de cam­pa­gne du Président de la République seront tenus et qu’elle ouvrira, dès sep­tem­bre, une concer­ta­tion sur l’inté­gra­tion des cursus dans le cadre du LMD ».

Compte tenu de ces enga­ge­ments en faveur d’une large concer­ta­tion, Daniel FASQUELLE a accepté de reti­rer son amen­de­ment.

Cependant, Pierre MEHAIGNERIE Président de la Commission des Affaires cultu­rel­les, fami­lia­les et socia­les de l’Assemblée Nationale a répondu au SNPI CFE-CGC le 13 sep­tem­bre 2007 pour indi­quer que Daniel FASQUELLE est chargé de suivre l’évolution de ce dos­sier et de pré­sen­ter ses conclu­sions devant cette com­mis­sion.

Lettre du Ministère de la Santé

Le 22 juillet, une lettre ouverte des asso­cia­tions et syn­di­cats mem­bres du regrou­pe­ment "Unité pour le LMD" a été envoyée à notre Ministre pour lui deman­der de res­pec­ter ses enga­ge­ments sur la reconnais­sance uni­ver­si­taire de nos études.
Par cour­rier du 25 juillet 2007, Georges-François LECLERC, Directeur de Cabinet de la Ministre de la Santé, de la Jeunesse et des Sports, nous pro­pose la démar­che sui­vante :
 une sai­sine des ins­pec­tions géné­ra­les com­pé­ten­tes pour dres­ser un état de toutes les inci­den­ces du pro­ces­sus sur l’offre en pro­fes­sion­nels de santé formés, sur les condi­tions d’exer­cice, ainsi que sur la situa­tion des ins­ti­tuts et écoles de for­ma­tion des para­mé­di­caux et des sages-femmes, en vue de les insé­rer dans un dis­po­si­tif global inté­grant le cadre uni­ver­si­taire.
 paral­lè­le­ment, la pour­suite des tra­vaux rela­tifs à la réno­va­tion des diplô­mes para­mé­di­caux et du diplôme de sage-femme déjà ini­tiés, notam­ment pour ce qui concerne les diplô­mes d’infir­mier, d’infir­mier de bloc opé­ra­toire et de sage-femme.
 la cons­ti­tu­tion d’une mis­sion com­po­sée de conseillers géné­raux des établissements de santé char­gée de mener une ana­lyse com­pa­ra­tive des études para­mé­di­ca­les et des études de sage-femme au sein de cer­tains pays de l’Union euro­péenne et d’Amérique du Nord. Cette mis­sion pro­cè­dera à un recen­se­ment des tra­vaux exis­tants et aura pour objet de com­pa­rer les métho­des et les moda­li­tés d’orga­ni­sa­tion mises en œuvre dans ces pays ;
 l’asso­cia­tion, à ces tra­vaux pré­pa­ra­toi­res, de l’Observatoire natio­nal de la démo­gra­phie des pro­fes­sions de santé (ONDPS), de l’Observatoire natio­nal des emplois et des métiers (ONEM) de la fonc­tion publi­que hos­pi­ta­lière et de la Haute auto­rité de santé (HAS).
Ces orga­nis­mes mènent en effet actuel­le­ment des évaluations d’expé­ri­men­ta­tions en cours tou­chant notam­ment la for­ma­tion des pro­fes­sion­nels de santé, les nou­veaux métiers sus­cep­ti­bles de se déve­lop­per dans des filiè­res « soins » ou « santé ».

Le SNPI a ren­contré Roselyne BACHELOT

Le 4 sep­tem­bre 2007, dans le cadre d’une délé­ga­tion de la Fédération Santé CFE-CGC, Thierry Amouroux, le Président du SNPI, a été reçue par la Ministre, qui nous a fait part de sa volonté de faire abou­tir les enga­ge­ments du Président de la République en faveur d’une meilleure reconnais­sance de ces pro­fes­sions (licence pour les infir­miè­res, master pour les sages-femmes, etc.).

Elle nous a indi­qué que le Rapport TOUPILLER-KOROLITSKI ne serait pas publié, le Gouvernement sou­hai­tant aller plus loin que la lettre de cadrage de décem­bre 2006. Elle veut s’appuyer sur les tra­vaux qu’elle vient de lancer.

Pour la Ministre, « la démar­che devra débou­cher sur des pro­po­si­tions concrè­tes et réa­lis­tes qui per­met­tront de pren­dre en compte tous les éléments du dos­sier. Il convien­dra, à l’occa­sion de cette réno­va­tion de la for­ma­tion, de redé­fi­nir l’exer­cice des métiers.
Cela exi­gera de revoir l’ensem­ble des condi­tions d’exer­cice de l’acti­vité para­mé­di­cale : orga­ni­sa­tion et nou­velle répar­ti­tion des actes, allon­ge­ment de la durée d’acti­vité, temps de tra­vail...

Cette réforme de grande ampleur mérite en effet une mise en pers­pec­tive glo­bale et néces­site la par­ti­ci­pa­tion cons­truc­tive de tous les acteurs concer­nés. Elle doit donc s’ins­crire dans un calen­drier plu­rian­nuel qui per­met­tra de pren­dre en compte les étapes indis­pen­sa­bles à sa pré­pa­ra­tion »

Pour sa part, le SNPI CFE-CGC :
 sou­haite que la phase « état des lieux » soit rapide, afin de ne pas retar­der encore une demande légi­time. Tout doit être opé­ra­tion­nel pen­dant cette légis­la­ture.
 demande que les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les soient enfin véri­ta­ble­ment asso­ciées à ces études, sur le modèle des grou­pes VAE, puis que le Gouvernement entame une négo­cia­tion débou­chant sur un pro­to­cole,
 réaf­firme sa volonté d’uni­ver­si­ta­ri­sa­tion des études autour d’un cursus unique et double diplô­mant, sanc­tionné à la fois par un grade uni­ver­si­taire de licence, et le main­tien d’un diplôme d’Etat d’infir­mier pour l’exer­cice de l’acti­vité,
 refuse le lien avec tout allon­ge­ment de la durée d’acti­vité, sur le modèle des infir­miè­res spé­cia­li­sées, qui sont pas­sées en caté­go­rie A en 2001, sans report de la date de départ en retraite. Toutes les études mon­trent la péni­bi­lité de notre pro­fes­sion, et l’usure pro­fes­sion­nelle qui en découle.
 ne se conten­tera pas du tra­vail sur le niveau licence : il faudra également mettre sur pied le niveau master pour les cadres et les infir­miè­res spé­cia­li­sées, ainsi qu’un doc­to­rat pour la recher­che en soins infir­miers.

Mission gou­ver­ne­men­tale des Inspections Générales

La Mission gou­ver­ne­men­tale « por­tant sur les enjeux d’une réforme visant à étudier le posi­tion­ne­ment des diplô­mes pro­fes­sion­nels par rap­port au LMD » a reçu le 21.02.08 une délé­ga­tion du SNPI com­po­sée de Thierry Amouroux, Anne-Marie Balgairies, Anne Larinier et Marie-Hélène Feuillin.

Cette Mission a pour objec­tifs d’iden­ti­fier les prin­ci­paux enjeux de la réforme envi­sa­gée sur les plans sui­vants :
 Impact sur l’attrac­ti­vité des métiers para­mé­di­caux et de sages-femmes ;
 Impact sur la nature et le contenu des études de ces métiers ;
 Organisation des for­ma­tions ;
 Approche sta­tu­taire et des rému­né­ra­tions.

Dans le cadre de la reconnais­sance uni­ver­si­taire des études, la Mission sou­hai­tait recueillir notre avis sur la nature des diplô­mes impac­tés par la réforme, les inci­den­ces sur les dis­po­si­tifs de for­ma­tion (juri­di­ques, déter­mi­na­tion des quotas), les enjeux démo­gra­phi­ques liés à un allon­ge­ment éventuel du cursus de for­ma­tion, la prise en compte de ces dis­po­si­tions nou­vel­les pour les per­son­nels en exer­cice, les garan­ties en matière de pro­mo­tion pro­fes­sion­nelle, les consé­quen­ces finan­ciè­res et sta­tu­tai­res d’une reconnais­sance par­tielle ou totale des diplô­mes au niveau de licence ou master, les éventuelles évolutions des métiers pou­vant accom­pa­gner cette réforme.

La Mission animée par Dominique Noiré est menée conjoin­te­ment par l’IGAS (Inspection Générale des Affaires Sociales), l’Inspection Générale de l’admi­nis­tra­tion de l’Education Nationale et de la Recherche, deux CGES (Conseillers Généraux des Etablissements de Santé) et l’IGF (Inspection Générale des Finances) : elle relève donc de trois Ministères (Santé, Enseignement Supérieur, Finances), et doit rendre ses tra­vaux fin juin.

lire l’arti­cle

Pour plus de détails, vous trou­ve­rez sur notre site :
  La lettre du 25 juillet 2007 lire l’arti­cle
  Les débats à l’Assemblée Nationale lire l’arti­cle
  La lettre de Pierre MEHAIGNERIE lire l’arti­cle
  La lettre de cadrage de décem­bre 2006 lire l’arti­cle

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Malades et précaires : cibles prioritaires du plan d’économies Bayrou

Franchises doublées, ALD rabotées, arrêts maladie dans le viseur : le SNPI dénonce un projet (…)

Soignants pressurés : travailler plus sans gagner plus, encore une fois

Travailler plus, sans être mieux payé. C’est la logique brutale qui se cache derrière la (…)

Protection sociale : les exonérations creusent le déficit, pas les soins

Le déficit de la Sécurité sociale existe, oui. Mais il est faible. Ce qui est grave, ce sont les (…)

Infirmières reléguées, soins déshumanisés : la vision inquiétante du MEDEF

Déficits, vieillissement de la population, explosion des maladies chroniques  : les constats du (…)

Infirmières retraitées en mission : l’État punit celles qu’il applaudissait hier

Les infirmières ont porté le système à bout de bras pendant la pandémie. Les infirmières (…)

Cadres infirmiers : les piliers invisibles d’un hôpital qui vacille

Ils tiennent les services à bout de bras. Absents des projecteurs médiatiques, oubliés des (…)