ALERTE accompagnant en gérontologie : nouveau métier sous qualifié en EHPAD
17 novembre 2020
"Comment apporter une mauvaise réponse à un vrai problème. Oui, il n’y a pas assez d’infirmières et d’aides-soignants auprès des résidents en EHPAD. Mais ces postes vacants sont plus liés aux postes proposés qu’à une pénurie de professionnels infirmiers. Lorsque l’on cherche une infirmière pour 80 à 120 résidents, le poste reste vacant : quelle infirmière va accepter un poste sous-payé, en sous-effectif, avec mise en danger des patients ?" déclare Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC
Problème de recrutement ? Les actionnaires des EHPAD privés proposent maintenant une formation de 3 mois (stages et cours) pour un nouveau métier "accompagnant en gérontologie". Alors que l’on sait que la maltraitance institutionnelle en EHPAD est liée au manque de personnel qualifié, sous-payé et mal encadré ? Ils décident d’un nouveau métier pour remplacer infirmières et aides-soignants par glissement de tâches ! dénonce Thierry Amouroux
https://twitter.com/infirmierSNPI/status/1318503564357079044
En partenariat avec Pôle Emploi, le Synerpa (Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées) a donc lancé en Occitanie une nouvelle expérimentation : la formation "d’accompagnant en gérontologie". Destiné à des demandeurs d’emploi, un nouveau métier à mi-chemin entre l’agent de service hospitalier (ASH) et l’aide-soignant (AS).
Mais avec également des compétences du rôle propre infirmier comme « accompagnement à la fin de vie ». De même, prétendre qu’en si peu de formation tout citoyen est capable d’"Identifier les changements de l’état de santé de la personne âgée" est une marque de mépris envers des professionnels diplômés s’indigne Thierry Amouroux. Quelle sera la qualité de la prise en charge avec ces soignants low-cost ?
Pour le SNPI, cela risque aussi d’amener une confusion avec la fonction "ASSISTANTS DE SOINS EN GÉRONTOLOGIE" Cette formation du « plan Alzheimer 2008-2012″, d’une durée de 140 heures, est accessible en formation continue aux aides-soignantes, AMP (Aides médico-psychologiques) et auxiliaires de vie sociale travaillant auprès de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer.
http://www.syndicat-infirmier.com/Assistants-de-soins-en-gerontologie.html
La solution, est de rendre attractif ces EHPAD, en revalorisant les salaires, mais surtout en proposant des postes qui respectent la dignité de nos anciens, avec une charge de travail compatible avec la qualité des soins. Les infirmières ont une déontologie, et n’acceptent pas de cautionner la maltraitance institutionnelle, liée au sous-effectif imposé par les actionnaires et cautionné par les pouvoirs publics précise Thierry Amouroux.
Parmi les 500 plus grandes fortunes de France en 2017 se trouvent cinq fondateurs de réseaux d’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). Le secteur de "l’or gris" est extrêmement rentable.
https://www.francetvinfo.fr/societe/prise-en-charge-des-personnes-agees/sante-les-ehpad-prives-rapportent-gros-aux-proprietaires_2792597.html
Les salariés des Ehpad qualifient souvent leur travail de maltraitance à l’égard des résidents, malgré leur envie de bien faire auprès des personnes âgées qui en ont le plus besoin. Mais comment assurer ces missions difficiles quand on manque de personnel et de matériel ?
En France, en 2018 dans les EHPAD (Etablissement d’Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes), il y avait seulement 0,6 agent pour un résident (y compris cuisinier, jardinier, administratif, etc.), tandis que le ratio est déjà de 1 à 1,2 agents par résident en Suisse ou au Danemark. Le plan Grand âge 2008-2012 préconisait un agent pour un résident. Au vu des effectifs dans les pays européens précédemment cités, la France a bien un retard. L’Allemagne est à 1,2 agents, le double de la France, alors que la part des personnes âgées est plus importante : pourquoi ne pas suivre le "modèle allemand" cette fois ?
Chaque année, la France forme 26.000 infirmières et 22.000 aides soignants. En 2018, 26.200 élèves sont inscrits dans l’un des 484 établissements dispensant une formation d’aide-soignant. Le nombre de diplômés de cette formation est quasi-stable depuis 2013 (environ 22.000 contre 20.000 antérieurement).
Environ 600.000 IDE et 400.000 AS sont en activité en France Le secteur médico-social de l’hospitalisation privée emploie 31 000 AS et 11 000 IDE. Les AS en sont le deuxième métier après les agents de service hôtelier.
Cerise sur le gâteau, au ministère, la DGOS envisage de mettre en place une autorisation temporaire d’exercice en tant qu’aide-soignant, obtenue à l’issue d’une courte formation de 15 jours. Lors des rencontres RH de la santé, organisées en début de semaine, la DGOS aurait en effet évoqué sa volonté de mettre en place une "autorisation temporaire d’exercice aide-soignant pour des non aides-soignants", octroyée au terme d’une formation accélérée de 15 jours.
https://www.egora.fr/actus-pro/sante-publique/61678-face-au-covid-le-ministere-veut-former-des-aides-soignantes-en-15
Le privé lucratif réduit déjà le nombre de soignants diplômés. En Ehpad public hospitalier, le personnel soignant représente 56 % du personnel employé (soit 36,7 professionnels pour 100 places) contre 41 % dans les établissements privés.
A contrario, la présence de personnel d’animation est plus fréquente dans les Ehpad
privés, particulièrement ceux à but lucratif, car les dépenses relatives au personnel d’animation sont entièrement couvertes par le tarif hébergement (et ce dernier est plus élevé au sein des structures privées à but lucratif).
https://drees.solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/er_1067.pdf
En quoi consiste cette formation de 3 mois (stages et cours) pour ce nouveau métier "accompagnant en gérontologie" ?
Formation théorique : 294 heures
– Accompagner la personnes âgée dans les actes de la vie quotidienne
– Identifier les changements de l’état de santé de la personne âgée
– Accompagnement à la fin de vie
– Veiller à la sécurité, au confort et au bien être physique de la personne âgée
– AFGSU niveau 1
– Participer à la mise en oeuvre du projet de vie individualisé
– Respecter les règles d’hygiène
– Adopter une posture professionnelle
– Participer aux transmissions orales et écrites
– Participer aux animations proposées aux bénéficiaires
– Contribuer à l’alimentation de la personne âgée
– Participer à la vie de l’établissement et à la démarche qualité de l’établissement
Période de formation en entreprise : 140 heures
https://www.meformerenregion.fr/formations/535643