Compte épargne-temps à l’hôpital : « On va dans le mur » selon Thierry Amouroux

25 novembre 2011

Le secré­taire géné­ral du syn­di­cat infir­mier CFE-CGC cri­ti­que le manque de concer­ta­tion sur la ques­tion des comp­tes épargne-temps pour les infir­miers à l’hôpi­tal...

Les per­son­nels hos­pi­ta­liers ont accu­mulé, depuis l’ins­tau­ra­tion des 35 heures en 2002, des mil­lions d’heures de RTT qu’ils ne peu­vent pas pren­dre au sein de comp­tes épargne-temps. Les infir­miers, confron­tés à ce pro­blème, atten­dent des répon­ses de l’Etat. Thierry Amouroux, secré­taire géné­ral du syn­di­cat infir­mier CFE-CGC détaille l’étendue des dys­fonc­tion­ne­ments pour 20 Minutes…

Plus de deux mil­lions d’heures ont été accu­mu­lées par les per­son­nels hos­pi­ta­liers. Qu’en est-il pour les infir­miers ?

Dans le cas de l’AP-HP (Assistance publi­que-Hôpitaux de Paris, ndlr), les non-méde­cins ont accu­mulé plus d’un mil­lion de jours de RTT. Pour les infir­miers, cela peut aller jusqu’à 70 jours par per­sonne. Travaillant en flux tendus, ils accu­mu­lent ces jour­nées sans pou­voir les pren­dre. Au moin­dre arrêt mala­die ou départ, on revient sur ces jours dus. L’hôpi­tal leur demande de reve­nir tra­vailler, les heures non récu­pé­rées s’addi­tion­nent. La situa­tion est grave car en mul­ti­pliant les heures pour assu­rer un ser­vice, on aug­mente aussi le risque d’erreurs à cause de la fati­gue.

Quelles pour­raient être les consé­quen­ces ?

On va dans le mur. Ces heures vont encore s’accu­mu­ler avec les départs et les sup­pres­sions de postes, qui avoi­si­nent 1.300 en un an pour l’AP-HP. Les jours sto­ckés sont sur­tout pris en fin de car­rière, avant de partir en retraite ou vers le libé­ral. Sauf que l’hôpi­tal dit qu’il paye des per­son­nes, et ne veut ni ne peut en rajou­ter dans les ser­vi­ces, à cause d’une situa­tion finan­cière sou­vent fra­gile. On se retrouve ainsi avec de moins en moins de per­son­nels sur place.

Que fau­drait-il faire pour amé­lio­rer la situa­tion ?

L’idée de l’indem­ni­sa­tion peut être inté­res­sante, mais pas à n’importe quel prix. En 2008, 23 mil­lions d’heures avaient été accu­mu­lées par le per­son­nel non méde­cin. Il avait été pro­posé de payer 80 euros brut par jour, soit moins que le coût horaire d’une infir­mière débu­tante. Et cela n’est pas pos­si­ble. On ne veut pas tra­vailler plus pour gagner moins.

Par ailleurs, sur l’idée d’un décret pour abais­ser le nombre maxi­mal des jours sto­ckés dans ces comp­tes épargne-temps, il fau­drait d’abord régler les dizai­nes et les dizai­nes de jours cumu­lés !

Les syn­di­cats de pra­ti­ciens hos­pi­ta­liers ren­contrent, ce mer­credi soir, le minis­tre de la Santé Xavier Bertrand sur ce point. Y-a-t-il des dis­cus­sions avec vous ?

Nous n’avons pas de réu­nion pro­gram­mée avec les ser­vi­ces du minis­tère de la Santé. On traite avec les méde­cins, puis avec le petit per­son­nel, c’est-à-dire nous. Ce n’est pas nou­veau, cela s’est déjà pro­duit en 2002, pour l’ins­tau­ra­tion des 35 heures à l’hôpi­tal, puis en 2008, avec l’indem­ni­sa­tion d’une partie des jour­nées accu­mu­lées dans ce compte épargne-temps.

Propos recueillis par Anne-Laëtitia Béraud

Article paru dans le quo­ti­dien "20 minu­tes" le 23.11.11 http://www.20mi­nu­tes.fr/societe/829180-compte-epar­gne-temps-hopi­tal-on-va-mur-selon-thierry-amou­roux Compte épargne-temps à l’hôpi­tal : « On va dans le mur » selon Thierry Amouroux

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