Urgences filtrées, patients en danger : l’addition des années de sous-financement
14 août 2025
En plein été, alors que la France subit une vague de chaleur, des dizaines de services d’urgences ferment leurs portes la nuit ou le week-end. On peut tomber malade… aux mauvais horaires. Dans plusieurs régions, les urgences ne sont plus accessibles la nuit sans passer par un filtre téléphonique.
La canicule entraîne une hausse marquée des passages aux urgences, en particulier chez les personnes âgées, les patients chroniques, et les publics vulnérables. Cette situation engendre des tensions importantes sur les capacités d’accueil et d’hospitalisation en aval, en particulier dans les services de médecine.
Pour les patients, ces fermetures se traduisent en kilomètres supplémentaires, en délais qui s’allongent, en situations critiques laissées à l’appréciation d’un régulateur au téléphone. La consigne est partout la même : filtrer, reporter, transférer.
Les conséquences ? Des délais qui tuent. La DREES – Ministères chargés de la Santé et des Solidarités l’a montré : en dix ans, le temps d’attente aux urgences a augmenté. Et selon Samu-Urgences de France, 43 décès inattendus ont été recensés en deux mois en 2023, majoritairement chez des patients en attente de prise en charge aux urgences.
Le problème ? L’ONDAM, l’enveloppe nationale pour les dépenses de santé, reste inférieur de moitié aux besoins estimés. D’où des fermetures temporaires qui deviennent la norme. Des vies perdues faute d’avoir voulu anticiper. Tant qu’on gèrera la santé comme une variable d’ajustement budgétaire, la liste des victimes continuera de s’allonger.
Fermer la nuit n’est pas une solution. C’est un symptôme. Celui d’un système que l’on prive volontairement des moyens d’agir. Ce n’est pas la météo qui tue. C’est l’absence de moyens.