D’autres économies alors que l’hôpital est déjà asphyxié !

D’autres économies alors que l’hôpital est déjà asphyxié !

7 septembre 2024

Les soignants appellent à l’aide. Au lieu de les écouter, le nouveau Premier Ministre parle de réorganiser et d’économiser. Quand les soins deviennent une équation budgétaire, qui en paie le prix ?

Nos #ho­pi­taux tra­ver­sent une crise sans pré­cé­dent. Les #soi­gnants sont à bout de souf­fle, les ser­vi­ces débor­dés. Pourtant, la réponse poli­ti­que semble déconnec­tée de cette réa­lité. « Il y a des pro­grès à faire dans l’orga­ni­sa­tion, des #éco­no­mies à réa­li­ser », a déclaré le nou­veau Premier minis­tre, Michel Barnier, lors de sa visite à l’hôpi­tal Necker. Des mots qui réson­nent amè­re­ment dans les cou­loirs des établissements où 60 000 postes #in­fir­miers res­tent vacants.

Là où les soi­gnants atten­dent des ren­forts, on leur parle de ratio­na­li­sa­tion. Le cons­tat est pour­tant clair : l’hôpi­tal manque cruel­le­ment de bras, et chaque jour, des patients pâtis­sent de cette pénu­rie. Pour les infir­miers, la solu­tion est simple, voire évidente : amé­lio­rer les condi­tions de tra­vail et reva­lo­ri­ser les salai­res pour redon­ner du sens et recru­ter. Des piliers indis­pen­sa­bles pour redon­ner à l’hôpi­tal l’oxy­gène dont il a déses­pé­ré­ment besoin.

Premier axe : réduire la sur­charge de tra­vail.

Dans un #hô­pi­tal saturé, les #ra­tios infir­miers/patients sont le double des normes inter­na­tio­na­les (6 à 8 #pa­tients par #in­fir­miere selon les patho­lo­gies). Aujourd’hui, un seul infir­mier peut se retrou­ver à gérer des dizai­nes de patients, avec tous les ris­ques que cela com­porte. « Garantir une prise en charge digne et sécu­ri­sée » : c’est ce que réclame le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

Ce que cela impli­que ? Des équipes ren­for­cées pour allé­ger la charge de tra­vail, et per­met­tre aux soi­gnants de se concen­trer plei­ne­ment sur chaque patient. En Californie, un sys­tème de #ra­tios soi­gnants/mala­des a été ins­tauré, avec des résul­tats concrets : baisse de la mor­ta­lité et des réhos­pi­ta­li­sa­tions, meilleure qua­lité de soins, et épuisement pro­fes­sion­nel en baisse. En France, une pro­po­si­tion de loi a été votée à l’una­ni­mité au Sénat le 01.02.23. Mais depuis ce texte n’a même pas encore été ins­crit à l’ordre du jour de l’Assemblée Nationale.

Deuxième axe : des salai­res à la hau­teur.

Les infir­miers fran­çais sont parmi les moins bien payés d’Europe. Cette réa­lité décou­rage les jeunes géné­ra­tions de rejoin­dre la pro­fes­sion, et pousse celles en poste à envi­sa­ger d’autres hori­zons. Pourtant, atti­rer et fidé­li­ser les talents passe iné­vi­ta­ble­ment par une reva­lo­ri­sa­tion sala­riale. Mais ce n’est pas tout : un salaire digne est aussi un geste de reconnais­sance pour celles et ceux qui, chaque jour, font tour­ner un hôpi­tal au bord du gouf­fre.

Troisième axe : des condi­tions de tra­vail humai­nes.

Les heures sup­plé­men­tai­res impo­sées, les rap­pels sur jours de repos, les congés frac­tion­nés, les dépla­ce­ments forcés entre ser­vi­ces… Tout cela par­ti­cipe à l’épuisement massif des soi­gnants. Les burn-outs se mul­ti­plient, et 10 % des soi­gnants sont en arrêt mala­die. La solu­tion passe par une refonte totale de l’orga­ni­sa­tion du tra­vail à l’hôpi­tal. Il s’agit non seu­le­ment d’éviter ces pra­ti­ques des­truc­tri­ces, mais aussi de mettre en place un véri­ta­ble sou­tien psy­cho­lo­gi­que pour les soi­gnants. Après tout, com­ment peu­vent-ils pren­dre soin des autres s’ils ne peu­vent même pas pren­dre soin d’eux-mêmes ?

Quatrième axe : recru­ter en masse.

Avec 60 000 postes vacants, la situa­tion est cri­ti­que. Les départs à la retraite et les démis­sions s’accu­mu­lent, tandis que les recru­te­ments sta­gnent. Il est urgent de ren­ver­ser cette ten­dance, pour faire reve­nir une partie des 180.000 infir­miè­res qui ont cessé d’exer­cer, broyées par le sys­tème. Le recru­te­ment massif d’infir­miers est la seule réponse à la hau­teur de l’enjeu. Et cela ne se fera pas sans une véri­ta­ble poli­ti­que de sou­tien à la pro­fes­sion : for­ma­tions adap­tées, com­pa­gnon­nage et tuto­rat bien­veillant en stages, meilleu­res rému­né­ra­tions, et sur­tout, des pers­pec­ti­ves d’avenir plus serei­nes pour redon­ner du sens, à ceux qui choi­sis­sent de s’enga­ger dans cette car­rière essen­tielle pré­cise Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

Le plan d’urgence réclamé par les infir­miers est un « plan Marshall » pour l’hôpi­tal. Mais à l’heure où le gou­ver­ne­ment parle d’économies, la ques­tion reste entière : com­ment accep­ter que dans la sixième puis­sance mon­diale, des citoyens voient leurs vies rac­cour­cies ou com­pro­mi­ses par un sys­tème qui peine à leur offrir les soins les plus basi­ques ? Peut-on vrai­ment se per­met­tre de conti­nuer ainsi, en sacri­fiant la santé de la popu­la­tion pour des rai­sons économiques ? Car der­rière chaque chif­fre, chaque sta­tis­ti­que, il y a des vies en jeu.

Combien de vies devront encore être mises en danger avant que des mesu­res concrè­tes ne soient prises pour redres­ser la barre ?

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Voir également
 https://www.infir­miers.com/pro­fes­sion-ide/actua­lite-sociale/michel-bar­nier-lecoute-des-soi­gnants-wait-and-see
 https://toute-la.veille-acteurs-sante.fr/224389/nomi­na­tion-de-michel-bar­nier-plus-deco­no­mies-alors-que-lho%CC%82pi­tal-est-deja-asphyxie-com­mu­ni­que/
 https://www.sfmu.org/fr/actua­li­tes/actua­li­tes-de-l-urgen­ces/michel-bar­nier-a-mati­gnon-de-nou­vel­les-reac­tions-tres-diver­ses-du-monde-de-la-sante/new_id/69995
 https://www.lin­ke­din.com/posts/thierry-amou­roux-16482937_lh%C3%B4pital-fran%C3%A7ais-est-%C3%A0-bout-de-souf­fle-acti­vity-7238448169385168896-75fc?utm_source=share&utm_medium=member_desk­top
 https://x.com/infir­mierSNPI/status/1832684646997348633

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