Députés, sauvez des vies : le 23 janvier votez la loi sur les ratios !

19 janvier 2025

Observer, pré­ve­nir, soi­gner : trois gestes essen­tiels que des ratios insuf­fi­sants ren­dent impos­si­bles. Combien de vies sont en jeu ?

Chaque jour, des infir­miè­res en France affron­tent une réa­lité alar­mante : une charge de tra­vail qui dépasse lar­ge­ment les normes inter­na­tio­na­les. Avec 10 à 15 patients par soi­gnant en moyenne, elles doi­vent jon­gler avec des prio­ri­tés impos­si­bles. Ces chif­fres, loin d’être ano­dins, coû­tent des vies. Chaque patient sup­plé­men­taire aug­mente de 7 % le risque de mor­ta­lité, comme le démon­tre une étude publiée dans The Lancet.

Le coût humain des ratios insuf­fi­sants est énorme

Lorsqu’une infir­mière gère deux fois plus de patients que ce qui est recom­mandé, les erreurs se mul­ti­plient et les occa­sions d’anti­ci­per les dété­rio­ra­tions cli­ni­ques se rédui­sent. Ailleurs, les hôpi­taux qui ont limité leurs ratios à 6 patients par infir­mière ont cons­taté une aug­men­ta­tion de 20 % des chan­ces de survie. Pourquoi ? Parce que réduire le nombre de patients par infir­mière permet d’obser­ver les signes sub­tils qui pré­cè­dent une aggra­va­tion, d’inter­ve­nir à temps, de pré­ve­nir les arrêts car­dia­ques, les sep­ti­cé­mies ou les infec­tions noso­co­mia­les.

En France, ce niveau de vigi­lance devient inat­tei­gna­ble. "Les infir­miè­res décri­vent des jour­nées où elles cou­rent d’un patient à l’autre, inca­pa­bles de sur­veiller cor­rec­te­ment l’état de chacun. Les signes d’aggra­va­tion sont man­qués, et cela coûte des vies", alerte Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI).

Une perte de chan­ces inac­cep­ta­ble

Cette sur­charge de tra­vail ne se limite pas aux erreurs ou aux retards de soins. Elle condamne les patients à des séjours pro­lon­gés, des com­pli­ca­tions évitables et par­fois, à la mort. Le lien entre ratios infir­miers-patients et santé des mala­des est établi depuis deux décen­nies, à tra­vers des études inter­na­tio­na­les. Les hôpi­taux dotés de ratios adé­quats enre­gis­trent moins d’infec­tions, de réhos­pi­ta­li­sa­tions et d’arrêts car­dia­ques. Pourtant, en France, ces recom­man­da­tions res­tent lettre morte.

À l’étranger, les résul­tats par­lent d’eux-mêmes. En Californie, la légis­la­tion sur les ratios a permis de sauver des mil­liers de vies, de réduire les acci­dents de tra­vail chez les soi­gnants de 31 %, et de dimi­nuer les postes vacants de 69 %. En Australie, 7 000 infir­miè­res ont réin­té­gré le sys­tème public grâce à des poli­ti­ques simi­lai­res. Ces mesu­res ne sont pas seu­le­ment humai­nes, elles sont aussi économiques : en rédui­sant les durées d’hos­pi­ta­li­sa­tion, les réad­mis­sions et les com­pli­ca­tions, elles allè­gent le coût des soins tout en amé­lio­rant leur qua­lité.

En France, le Sénat a una­ni­me­ment voté en 2023 une pro­po­si­tion de loi visant à ins­tau­rer un nombre mini­mum de soi­gnants par patient hos­pi­ta­lisé. Ce texte, cru­cial pour la sécu­rité des patients, doit enfin être voté le 23 jan­vier 2025 par l’Assemblée natio­nale. Pendant ce temps, chaque jour, des vies se per­dent faute de moyens adé­quats. Les hôpi­taux fonc­tion­nent au bord de la rup­ture, où les déci­sions bud­gé­tai­res l’empor­tent sur la qua­lité des soins.

Investir dans les ratios, c’est inves­tir dans la vie. Les preu­ves sont là. Le monde médi­cal le sait. Les solu­tions exis­tent. Mais en France, les pou­voirs publics tar­dent à agir. Combien de temps encore accep­te­rons-nous cette "perte de chan­ces" pour les patients ? Combien de décès faudra-t-il pour que la sécu­rité des soins devienne une prio­rité natio­nale ?

 Le SNPI exhorte les dépu­tés à voter pour les ratios infir­miers : une ques­tion de vie ou de mort
https://www.cadu­cee.net/actua­lite-medi­cale/16520/le-snpi-exhorte-les-depu­tes-a-voter-pour-les-ratios-infir­miers-une-ques­tion-de-vie-ou-de-mort.html
 Et si un ratio de soi­gnants par patient per­met­tait de sortir l’hôpi­tal de la crise ?
https://www.lefi­garo.fr/conjonc­ture/et-si-un-ratio-de-soi­gnants-par-patient-per­met­tait-de-sortir-l-hopi­tal-de-la-crise-20250122
 Investir dans les ratios de patients par infir­mière, c’est inves­tir dans la vie
https://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Investir-dans-les-ratios-de-patients-par-infir­miere-c-est-inves­tir-dans-la-vie.html
 Ratio patients/soi­gnant : une loi sera débat­tue à l’Assemblée
https://www.infir­miers.com/pro­fes­sion-ide/actua­lite-sociale/ratio-patients­soi­gnant-une-loi-sera-debat­tue-las­sem­blee
 https://www.lin­ke­din.com/posts/thierry-amou­roux-16482937_et-si-un-ratio-de-soi­gnants-par-patient-per­met­tait-acti­vity-7287905557078781952-gOiT?utm_source=share&utm_medium=member_desk­top

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Notre voix, notre profession : pas de porte-parole autoproclamé pour les infirmiers !

Paris le 20 août 2025 - À l’heure où notre système de santé traverse une période de tension et (…)

Infirmières face aux inégalités de santé : "aller-vers" la justice sociale

Les inégalités sociales de santé ne sont pas des abstractions statistiques. Elles se mesurent en (…)

Soigner les soignants : des discours aux actes, le fossé se creuse

Des soignants en bonne santé, c’est la base pour des soins de qualité et des patients en (…)

Canicule et pénurie : quand les urgences ferment, les risques explosent à l’hôpital

Les urgences doivent rester ouvertes 24 heures sur 24. C’est la base d’un service public de (…)

AP-HP : vers une grève unitaire contre le plan Bayrou et l’austérité hospitalière

La rentrée sera chaude ! En attendant les consignes de l’intersyndicale nationale unitaire qui (…)

Eau potable : un service public en voie de contamination

Tout le monde boit de l’eau. Mais personne ne sait ce qu’il y a vraiment dedans. Et quand on le (…)