Diabète, surpoids, cancers : le Nutri-Score peut changer la santé publique

23 novembre 2025

Informer pour prévenir. Prévenir pour protéger. La prévention n’est pas un slogan : c’est le premier rempart contre les maladies qui frappent aujourd’hui massivement la population française. Surpoids, obésité, diabète de type 2, cancers liés à l’alimentation, maladies cardiovasculaires : ces pathologies n’évoluent plus en silence. Elles progressent, s’installent tôt, touchent les plus fragiles et pèsent lourdement sur l’hôpital, l’Assurance maladie et la vie quotidienne des familles. Dans ce contexte, rendre le Nutri-Score obligatoire n’est pas une mesure symbolique. C’est une mesure de santé publique, simple et efficace, fondée sur des données robustes.

Le 7 novembre, dans le cadre du PLFSS, les députés ont adopté deux amendements rendant obligatoire l’affichage du Nutri-Score sur tous les aliments. Une avancée importante, mais encore incertaine : le Sénat doit désormais examiner le texte, tandis que les lobbies agro-alimentaires intensifient leurs pressions. Ce moment parlementaire est décisif. La prévention ne peut plus être reléguée derrière les intérêts privés.

Depuis 2017, le Nutri-Score est facultatif. 1500 marques l’utilisent, soit environ 60 % du marché. Mais ce taux masque l’essentiel : les produits les moins favorables à la santé sont ceux qui échappent à la transparence. Les industriels qui commercialisent boissons sucrées, céréales ultra-transformées, confiseries ou produits riches en graisses saturées refusent l’affichage, car il mettrait en lumière ce que les emballages tentent de dissimuler. Et certains acteurs qui l’avaient adopté ont fait marche arrière avec la mise à jour scientifique de 2025, plus exigeante pour les produits sucrés et édulcorés.

Or, la nutrition est un déterminant majeur de santé. En France, un adulte sur deux est en surpoids. Un enfant sur cinq est concerné. La DREES, l’OMS, l’OCDE et Santé publique France le rappellent : la mauvaise qualité alimentaire alimente la progression des maladies chroniques, réduit l’espérance de vie en bonne santé, accroît les hospitalisations et fait exploser les coûts collectifs. La prévention nutritionnelle est l’un des leviers les plus efficaces pour réduire ces risques et inverser la courbe.

Le Nutri-Score n’est pas une opinion, c’est un outil dont l’efficacité est démontrée. Plus de 150 études européennes montrent qu’il améliore la qualité nutritionnelle des achats, modifie les comportements, soutient particulièrement les ménages vulnérables et réduit le risque de pathologies chroniques à long terme. En d’autres termes : il sauve des années de vie en bonne santé.

"Et cette dimension est essentielle : les inégalités nutritionnelles recoupent les inégalités sociales. Les maladies chroniques frappent plus tôt, plus fort et plus durablement les populations modestes. Les familles contraintes par le prix, les travailleurs aux horaires décalés, les personnes vivant dans des “déserts alimentaires”, les enfants exposés à la publicité alimentaire sont les premières exposées aux risques. L’accès à une information claire et lisible est donc un outil d’équité sanitaire. Le Nutri-Score obligatoire permet de réduire l’écart entre ceux qui disposent déjà des codes de santé et ceux qui n’y ont pas accès. Il contribue à redonner du pouvoir d’agir à celles et ceux qui cumulent vulnérabilités sociales, économiques et sanitaires." alerte Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers SNPI.

Les habitudes alimentaires se construisent dans l’enfance. Les goûts se forgent tôt. Les risques aussi. Quand un enfant choisit un produit sucré parce que l’emballage est coloré, parce qu’un héros de dessin animé y sourit, parce qu’on ne lui montre pas ce qu’il contient réellement, nous créons les maladies chroniques de demain. Nous savons que les jeunes des milieux populaires développent plus tôt le surpoids, le diabète, les complications cardio-vasculaires. Leur offrir une information simple, visible et honnête, c’est leur offrir une chance de grandir en bonne santé. C’est permettre aux parents d’accompagner sans culpabilité. C’est éviter qu’à 30 ans, certains paient de leur corps des choix qu’ils n’ont jamais vraiment faits.

Dans le passé, à l’initiative de Serge Hercberg, Emmanuelle Kessé, Maria Galan et Mathilde Touvier, nous avions signé l’appel des professionnels de santé et des scientifiques demandant que le Nutri-Score devienne obligatoire. Notre engagement reposait sur une conviction simple : sans information accessible, la prévention est un mirage. Aujourd’hui, cet engagement trouve un écho puissant. Les deux millions de signatures contre la loi Duplomb ont démontré la force citoyenne en santé. Lorsque la population se mobilise, les lignes bougent. Cette même énergie doit maintenant servir la transparence nutritionnelle.

Rendre le Nutri-Score obligatoire, c’est prévenir plutôt que réparer. C’est agir avant les complications, avant les infarctus, avant les amputations liées au diabète, avant les traitements lourds contre certains cancers évitables. C’est réduire les inégalités sociales de santé, car ce sont les familles les plus modestes qui paient le prix fort des maladies chroniques évitables. C’est aussi permettre aux soignants de ne pas lutter seuls contre les conséquences d’un environnement alimentaire délétère.

Sur le plan européen, plusieurs États soutiennent déjà le Nutri-Score : Belgique, Allemagne, Luxembourg, Pays-Bas, Espagne. La Commission européenne s’était engagée en 2020, dans la stratégie Farm to Fork, à instaurer un étiquetage nutritionnel harmonisé obligatoire. Mais le dossier est bloqué. En l’absence d’avancée européenne, la France doit agir pour protéger la santé de sa population.

Le Sénat va décider si la France choisit la prévention ou l’inaction. Pour peser, une pétition officielle est ouverte sur le site de l’Assemblée nationale. Elle demande l’obligation du Nutri-Score sur tous les aliments. Chaque signature compte. Chaque signature dit que la santé publique n’est pas négociable. Chaque signature rappelle qu’il est moins coûteux d’éviter une maladie que de la traiter. Alors signez sur
https://petitions.assemblee-nationale.fr/initiatives/i-4753

La prévention ne se décrète pas : elle se construit. Elle se rend visible. Elle se partage. Elle s’affiche sur les emballages, à hauteur des yeux des enfants et des familles. Pour que la santé prenne l’avantage sur les maladies chroniques évitables, signons et faisons signer la pétition officielle de l’Assemblée nationale en faveur du Nutri-Score obligatoire. Maintenant.

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