Etude INSERM : le risque de diabète augmente avec la consommation de sucrettes

3 avril 2017

Les édulcorants comme l’aspar­tame,ou le sucra­lose, sont uti­li­sés en rem­pla­ce­ment du sucre, dans le but de ne pas gros­sir. La quan­tité d’édulcorants dans notre ali­men­ta­tion a aug­menté mas­si­ve­ment ces der­niè­res années, les indus­triels les inté­grant de façon crois­sante dans les céréa­les, les bis­cuits, les gâteaux, les pro­duits lai­tiers comme les yaourts aux fruits allé­gés.

Le CESP, Centre de recher­che en Epidémiologie et Santé des Populations, montre dans une étude INSERM que le risque de dia­bète aug­mente avec la consom­ma­tion de sucret­tes.

Ces tra­vaux se fon­dent sur les don­nées issues d’une cohorte de près de 100.000 femmes (bap­ti­sée E3N) suivie depuis 27 ans. Initiée par l’épidémiologiste Françoise Clavel-Chapelon, cette étude vise à mieux com­pren­dre la santé des femmes et leurs ris­ques de déve­lop­per des patho­lo­gies chro­ni­ques comme le cancer ou le dia­bète de type 2.

Les par­ti­ci­pan­tes ont rempli des ques­tion­nai­res très détaillés sur leur ali­men­ta­tion en 1993, pas­sant en revue chaque repas, y com­pris les col­la­tions et apé­ri­tifs pré­cé­dant les trois repas prin­ci­paux, et la col­la­tion du soir. Les cher­cheurs dis­po­sent ainsi d’infor­ma­tions pré­ci­ses à la fois sur les ali­ments consom­més, mais également sur les apports nutri­tion­nels moyens pour cha­cune.

Alors que l’on ne cons­ta­tait aucune aug­men­ta­tion du risque de dia­bète avec les jus de fruits 100 % pur jus, des pro­duits sucrés natu­rel­le­ment. À consom­ma­tion égale, par exem­ple 1,5 litre par semaine, soit l’équivalent d’une grande bou­teille, le risque de dia­bète était 60 % plus élevé avec les bois­sons « light », com­paré aux bois­sons sucrées clas­si­ques.

Celles qui en consom­ment « tou­jours ou pres­que » voient aug­men­ter de 83 % leur risque de déve­lop­per un dia­bète, par rap­port à celles qui n’en consom­ment « jamais, ou rare­ment ». Les par­ti­ci­pan­tes qui en ont consommé régu­liè­re­ment pen­dant plus de 10 ans voient leur risque aug­men­ter de 110 % par rap­port à celles qui n’en consom­ment jamais ou rare­ment, ce qui sug­gère un effet cumu­la­tif avec le temps.

Les édulcorants aug­men­te­raient la sen­sa­tion de faim

Comment s’expli­quent ces effets d’un point de vue phy­sio­lo­gi­que ? Leur méca­nisme est encore loin d’être élucidé. Une hypo­thèse serait que les grands consom­ma­teurs d’édulcorants auraient une plus forte appé­tence pour le sucre, dou­blée d’une sur­consom­ma­tion des ali­ments en géné­ral. Les édulcorants aug­men­te­raient la sen­sa­tion de faim, ou bien acti­ve­raient les récep­teurs au goût sucré T1R2/T1R3 situés tout au long du tube diges­tif. Cela vou­drait dire que ces per­son­nes n’obtien­draient pas l’effet géné­ra­le­ment recher­ché, à savoir main­te­nir leur ligne.

Selon une autre hypo­thèse, les grands consom­ma­teurs d’édulcorants pro­dui­raient également moins d’hor­mo­nes GLP-1 (pour Glucagon-Like Peptide-1), qui favo­ri­sent la sécré­tion d’insu­line par les cel­lu­les beta du pan­créas, et auraient plus fré­quem­ment des déré­gu­la­tions du méta­bo­lisme du glu­cose.

Enfin, il a été montré plus récem­ment sur des ani­maux que de fortes consom­ma­tions de cer­tains édulcorants entraî­nent des modi­fi­ca­tions du micro­biote intes­ti­nal, ces micro-orga­nis­mes dont on réa­lise aujourd’hui l’impor­tance pour la santé. Ces chan­ge­ments pro­vo­que­raient une into­lé­rance au glu­cose et une insu­lino-résis­tance, un méca­nisme qui entraîne le dia­bète de type 2.

Les sodas « light » comme les sucret­tes conti­nuent à véhi­cu­ler l’image de pro­duits peu calo­ri­ques donc bons pour la santé. Cette per­cep­tion incite les consom­ma­teurs à « se lâcher » plus faci­le­ment sur la quan­tité, puisqu’ils pen­sent avoir affaire à des pro­duits sains. Et même en cas de consom­ma­tion rai­son­na­ble, de nom­breu­ses études mon­trent malgré tout des effets néga­tifs sur la santé. Il n’est que temps de réflé­chir à la manière de faire passer des mes­sa­ges plus justes sur les béné­fi­ces et les ris­ques des édulcorants.

Source : Guy Fagherazzi, Chercheur en épidémiologie, Inserm, Institut Gustave Roussy, Université Paris Sud – Université Paris-Saclay
 http://cesp.inserm.fr/
 https://www.you­tube.com/watch?v=qnofZ6ef­kOo

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