Europe et mobilité des professionnels de santé

13 avril 2011

A l’occa­sion d’une ren­contre infor­melle des minis­tres de la Santé les 4 et 5 avril en Hongrie, l’obser­va­toire euro­péen des sys­tè­mes et poli­ti­ques de santé a publié les pre­miè­res conclu­sions du projet de recher­che financé par la com­mis­sion euro­péenne sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé dans l’Union euro­péenne (PROMeTHEUS), lancé en 2009.

"Si jusqu’à pré­sent les flux migra­toi­res n’ont en géné­ral aug­menté que modé­ré­ment dans les 17 pays de l’UE étudiés dans le cadre du projet, cer­tains pays ont néan­moins connu des chan­ge­ments plus impor­tants", expli­que le bureau régio­nal de l’Europe de l’Organisation mon­diale de la santé (OMS). Dans cer­tains États mem­bres, la migra­tion atteint de telle pro­por­tion qu’elle met­trait déjà en péril la pres­ta­tion de soins, se sont ainsi alar­més les hauts diri­geants. Les États mem­bres devraient donc s’accor­der sur des pro­gram­mes d’échanges éthiques.

La mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé au centre des préoc­cu­pa­tions euro­péen­nes

Ces der­niè­res années, le recru­te­ment inter­na­tio­nal et l’expa­tria­tion des méde­cins, des infir­miers et d’autres agents de santé ont cons­ti­tué un phé­no­mène crois­sant du pay­sage sani­taire mon­dial.

Lors d’un dis­cours pro­noncé à l’occa­sion du Dialogue poli­ti­que sous-régio­nal sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé en Europe cen­trale et orien­tale orga­nisé, hier, à Budapest (Hongrie), Hans Kluge, direc­teur de la Division des sys­tè­mes de santé et de la santé publi­que à l’OMS/Europe, a sou­li­gné l’impor­tance, pour l’Union euro­péenne (UE) et la Région euro­péenne de l’OMS dans son ensem­ble, du Code de pra­ti­que mon­dial de l’OMS pour le recru­te­ment inter­na­tio­nal des per­son­nels de santé.

Hans Kluge a aussi mis en exer­gue la néces­sité de ren­for­cer ou de créer des sys­tè­mes d’infor­ma­tion rela­tive aux per­son­nels de santé, et notam­ment aux mou­ve­ments migra­toi­res, afin de col­lec­ter et d’ana­ly­ser ces don­nées, et de les tra­duire en poli­ti­ques et plans effi­ca­ces en la matière.

Un projet de recher­che financé par la Commission euro­péenne sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé dans l’UE (PROMeTHEUS), et lancé en 2009, s’efforce d’amé­lio­rer la somme d’infor­ma­tions à ce sujet. L’Observatoire euro­péen des sys­tè­mes et poli­ti­ques de santé a publié les pre­miè­res conclu­sions de ce projet aujourd’hui. Si jusqu’à pré­sent les flux migra­toi­res n’ont en géné­ral aug­menté que modé­ré­ment dans les 17 pays de l’UE étudiés dans le cadre du projet, cer­tains pays ont néan­moins connu des chan­ge­ments plus impor­tants.

Les chif­fres de 2008 indi­quent que plus de 10 % des méde­cins en Autriche, en Belgique, en Espagne, en Irlande, en Norvège, au Portugal, au Royaume-Uni (jusqu’à 37 %), en Slovénie, en Suède et en Suisse sont ori­gi­nai­res d’un autre pays, tandis que plus de 10 % du per­son­nel infir­mier en Autriche, en Irlande (jusqu’à 47 %), en Italie et au Royaume-Uni pro­vien­nent aussi de l’étranger.

Le Dialogue poli­ti­que sous-régio­nal sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé en Europe cen­trale et orien­tale est l’une d’une série de mani­fes­ta­tions orga­ni­sées par le gou­ver­ne­ment hon­grois, qui assure actuel­le­ment la pré­si­dence du Conseil de l’Union euro­péenne.

Source : http://www.euro.who.int/fr/what-we-do/health-topics/Health-sys­tems/health-work­force/news/news3/2011/5/health-pro­fes­sio­nal-mobi­lity-on-the-euro­pean-agenda

Discours inau­gu­ral de la direc­trice régio­nale à l’occa­sion du Dialogue poli­ti­que sous-régio­nal sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé en Europe cen­trale et orien­tale
Budapest (Hongrie), 5 avril 2011

Monsieur le Ministre Szócska, dis­tin­gués col­lè­gues, Mesdames et Messieurs, je suis ravie d’être parmi vous aujourd’hui à l’occa­sion de cet impor­tant événement – le lan­ce­ment de la publi­ca­tion inti­tu­lée Health pro­fes­sio­nal mobi­lity and health sys­tems : evi­dence from 17 European coun­tries (La mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé et les sys­tè­mes de santé : bases fac­tuel­les de 17 pays euro­péens) et l’ouver­ture du Dialogue poli­ti­que sous-régio­nal sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé en Europe cen­trale et orien­tale.

En effet, la mobi­lité et le recru­te­ment inter­na­tio­naux des pro­fes­sion­nels de santé sont une ten­dance tou­jours plus mar­quée de la situa­tion sani­taire mon­diale depuis la fin des années 1990. Les méde­cins, les infir­miers et d’autres agents de santé ont tou­jours sou­haité migrer à la recher­che de nou­vel­les pos­si­bi­li­tés et de meilleu­res pers­pec­ti­ves de car­rière. Toutefois, le niveau de migra­tion a net­te­ment aug­menté au cours des der­niè­res décen­nies, et les ten­dan­ces migra­toi­res sont également deve­nues plus com­plexes pour englo­ber davan­tage de pays.

Le monde connaît actuel­le­ment une crise du per­son­nel sani­taire, avec un défi­cit d’envi­ron 4,5 mil­lions de tra­vailleurs de la santé. De nom­breux pays à reve­nus faible et inter­mé­diaire n’ont plus assez d’agents de santé pour dis­pen­ser les soins les plus essen­tiels. Cette grave pénu­rie nuit à notre capa­cité col­lec­tive d’attein­dre les objec­tifs du Millénaire pour le déve­lop­pe­ment en rap­port avec la santé.

La pénu­rie mon­diale risque d’ailleurs de s’aggra­ver dans les années à venir. Les besoins en tra­vailleurs de la santé vont net­te­ment s’inten­si­fier dans tous les pays, riches ou pau­vres. Les pénu­ries obser­vées dans les pays à revenu plus élevé envoient des signaux de marché forts aux pays pau­vres, et l’accrois­se­ment des flux de tra­vailleurs migrants en cons­ti­tue la réponse iné­vi­ta­ble. L’exode de pro­fes­sion­nels de santé des pays pau­vres ayant investi dans leur for­ma­tion met en péril le droit à la santé dans ces pays, et pose un impor­tant défi stra­té­gi­que à leur gou­ver­ne­ment.

Ces der­niè­res années, les consé­quen­ces de la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé sont deve­nues un sujet de préoc­cu­pa­tion de pre­mier plan du point de vue des poli­ti­ques publi­ques.

Afin d’appor­ter une solu­tion mon­diale à ce pro­blème et de remé­dier à la pénu­rie mon­diale de per­son­nel de santé, l’Assemblée mon­diale de la santé de 2004 a prié l’OMS d’élaborer un Code de pra­ti­que pour le recru­te­ment inter­na­tio­nal des per­son­nels de santé.

Le Bureau régio­nal de l’OMS pour l’Europe et les États mem­bres euro­péens ont for­te­ment sou­tenu l’élaboration et l’adop­tion du code, forts de leur expé­rience avec les codes natio­naux et régio­naux. Ils se sont aussi ins­pi­rés des poli­ti­ques éthiques en matière de res­sour­ces humai­nes, d’autres ins­tru­ments de ges­tion de la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé ainsi que des aspects plus géné­raux de la poli­ti­que et de la pla­ni­fi­ca­tion du per­son­nel sani­taire.

Suite à des dis­cus­sions enga­gées dans de nom­breu­ses ins­tan­ces et consul­ta­tions inter­na­tio­na­les et natio­na­les avec toutes les par­ties pre­nan­tes, la Soixante-troi­sième Assemblée mon­diale de la santé a adopté, le 21 mai 2010, le Code de pra­ti­que mon­dial de l’OMS pour le recru­te­ment inter­na­tio­nal des per­son­nels de santé.

Le Code est le seul cadre mon­dial pour la coo­pé­ra­tion inter­na­tio­nale en matière de recru­te­ment du per­son­nel de santé. Il four­nit des conseils clés aux États mem­bres sur les normes et prin­ci­pes éthiques accep­tés par la com­mu­nauté inter­na­tio­nale et en rap­port avec la migra­tion des tra­vailleurs de la santé. Il décou­rage aussi le recru­te­ment à partir de pays connais­sant des pénu­ries de per­son­nel et émet des recom­man­da­tions pour ren­for­cer les effec­tifs et les sys­tè­mes de santé dans le monde entier, notam­ment en met­tant l’accent sur l’amé­lio­ra­tion de la fidé­li­sa­tion du per­son­nel, la dura­bi­lité des effec­tifs et la pla­ni­fi­ca­tion effi­cace des res­sour­ces humai­nes. Il devrait contri­buer de manière conti­nue et avec vigueur à la ges­tion de la crise mon­diale du per­son­nel sani­taire.

Le Code est impor­tant à la fois pour l’Union euro­péenne et la Région euro­péenne dans son ensem­ble, et four­nit un cadre pour le déve­lop­pe­ment du per­son­nel de santé et la garan­tie de la dura­bi­lité des sys­tè­mes de santé. Il met en exer­gue le ren­for­ce­ment et le déve­lop­pe­ment de la for­ma­tion, ainsi que le suivi et la coor­di­na­tion des acti­vi­tés du marché du tra­vail ; il s’emploie à lutter contre la répar­ti­tion iné­gale des pro­fes­sion­nels de santé par la mise en place de mesu­res éducatives, d’inci­tants finan­ciers, de mesu­res régle­men­tai­res et d’un sou­tien social et pro­fes­sion­nel.

Bien que volon­taire par nature, le Code contient des dis­po­si­tions pour assu­rer le suivi des efforts déployés par les pou­voirs publics dans le but d’ali­gner leurs poli­ti­ques sur ce der­nier.

L’élaboration de poli­ti­ques effi­ca­ces axées sur les moteurs, les ten­dan­ces et les effets de la migra­tion des per­son­nels de santé doit se fonder sur des bases fac­tuel­les soli­des. Bien que l’infor­ma­tion sur la migra­tion des per­son­nels de santé soit de plus en plus dis­po­ni­ble, les connais­san­ces rela­ti­ves aux flux migra­toi­res inter­na­tio­naux sont loin d’être com­plè­tes.

Le Code encou­rage les États mem­bres à ren­for­cer ou à créer des sys­tè­mes d’infor­ma­tion rela­tive aux per­son­nels de santé, et notam­ment aux mou­ve­ments migra­toi­res, afin de col­lec­ter et d’ana­ly­ser ces don­nées, et de les tra­duire en poli­ti­ques et plans effi­ca­ces en la matière.

Pour que le Code fonc­tionne, il importe par­ti­cu­liè­re­ment de s’accor­der sur les ensem­bles de don­nées et le pro­ces­sus d’échange d’infor­ma­tions. Il doit gagner en force en cons­ti­tuant une somme de connais­san­ces et de bases fac­tuel­les qui per­met­tent de déter­mi­ner la manière dont les flux peu­vent appor­ter des solu­tions dura­bles et par­ta­gées, et s’avérer béné­fi­ques aux dif­fé­ren­tes par­ties.

La publi­ca­tion, qui contient les conclu­sions du projet PROMeTHEUS, pré­sente des bases fac­tuel­les de 17 pays sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé en Europe. Il s’agit d’un excel­lent exem­ple de col­la­bo­ra­tion scien­ti­fi­que et inter­na­tio­nale dans ce domaine. L’ouvrage lancé aujourd’hui com­porte une ana­lyse com­plète des ten­dan­ces de la mobi­lité et des effets des migra­tions sur les sys­tè­mes de santé ainsi que de la per­ti­nence de ces mou­ve­ments pour l’élaboration des poli­ti­ques et la mise en place d’inter­ven­tions stra­té­gi­ques en Europe.

Je salue donc cette publi­ca­tion qui met l’accent sur la néces­sité d’envi­sa­ger la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé dans le contexte plus large des efforts déployés par les pays et des sys­tè­mes natio­naux de santé.

Je vous sou­haite une réu­nion par­ti­cu­liè­re­ment pro­duc­tive et des débats inté­res­sants sur la mobi­lité des pro­fes­sion­nels de santé, sans aucun doute l’un des plus grands défis de santé publi­que.

Plus de détails : http://www.euro.who.int/en/home/pro­jects/obser­va­tory/news/news/2012/04/study-on-pro­fes­sio­nal-mobi­lity-and-health-sys­tems-pre­sen­ted-at-hun­ga­rian-eu-pre­si­dency-mee­ting

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