Expertise de l’Infirmière d’accueil et d’orientation aux urgences
11 décembre 2010
Une infirmière pour réduire l’attente aux urgences
Pour réduire les délais d’attente aux urgences, l’infirmière organisatrice de l’accueil aux urgences est chargée d’accueillir les patients et de les orienter, en fonction notamment du degré de gravité de leur situation, vers la prise en charge la plus adaptée, dans des délais appropriés. Bienveillance et expertise font partie des qualités requises.
Une arrivée aux urgences n’est jamais anodine, et le nombre de personnes qui s’y rendent augmente chaque jour : à l’AP-HP, on enregistre une progression de l’activité de plus de 4,5% par an. Pourtant, si l’urgence est toujours ressentie par les visiteurs, seule une minorité de consultations correspond à une urgence médicale avérée. Pour limiter l’encombrement des urgences et l’attente des usagers il s’agit, dès l’arrivée des patients, de déterminer le degré d’urgence pour chacun : c’est le rôle de l’infirmière organisatrice de l’accueil aux urgences.
Un accueil déterminant pour la suite de la prise en charge
L’infirmière organisatrice accueille le patient et ses accompagnants dès leur arrivée, juste après l’enregistrement administratif. Cet accueil, déterminant pour la suite de la prise en charge, relève de l’expertise soignante et du « soin relationnel » : il faut aider le patient à comprendre et accepter les soins dans les meilleures conditions possibles.
L’infirmière dispose en général de quelques minutes pour évaluer l’état de santé du patient. Elle évalue la gravité grâce à l’observation et au recueil des paramètres fondamentaux (tension…) et des données aussi exhaustives que possible (antécédents médicaux, allergies, douleur, symptôme…). Elle affecte ensuite au dossier du patient un chiffre et une couleur, qui correspondent au degré d’urgence :
1 (rouge) = urgence vitale absolue
2 (orange) = urgence relative (pathologie nécessitant une prise en charge rapide)
3 (vert) = consultation urgente (pathologie pour laquelle la prise en charge peut-être différée)
4 (violet) = consultation sans rendez-vous (prise en charge différée de quelques heures)
5 (bleu) = ne relève pas de l’urgence.
En fonction de la cotation, les patients seront pris en charge plus ou moins rapidement, les urgences vitales passant en priorité. Par exemple pour un tri 2, la prise en charge ne doit pas excéder 20 minutes.
L’infirmière organisatrice de l’accueil décide ensuite du lieu de soins le plus adapté, en collaboration avec le médecin sénior. Par exemple, les patients 1 à 2 seront transférés en salle de déchoquage, tandis que les autres iront dans les box de consultation. Ils peuvent ensuite rester en unité de surveillance rapprochée, être transférés dans une unité d’hospitalisation de courte durée… ou tout simplement retourner à leur domicile, avec ou sans traitement.
Agir vite et bien
Pour mener à bien ses missions, l’infirmière organisatrice doit faire preuve d’esprit d’analyse, de synthèse, de prise de décision rapide. Elle doit aussi maîtriser son stress, celui du patient et des accompagnants. Elle doit donc être capable de faire vite et bien, tout en ayant une réflexion importante.
Chaque prise en charge est unique et la relation qui s’établit est fondamentale, car elle représente le premier contact du patient avec les soins. Dans des hôpitaux comme Cochin (AP-HP), une infirmière ne peut devenir organisatrice de l’accueil qu’après 6 mois au moins d’expérience aux urgences, dont elle doit bien connaître les procédures et les pathologies. Si le poste lui est confié, elle bénéficiera d’une formation interne au CESU 75 (Centre d’Enseignement de Soins d’Urgence). Elle pourra ensuite se lancer sur le terrain, où elle travaillera en équipe avec les médecins et les autres soignants, mais aussi avec tous les acteurs de l’urgence (brancardiers, …).
Dans un tel contexte, l’expertise de l’infirmière est essentiel : elle est le premier maillon de la chaîne des soins, dont elle détermine la direction et le niveau de réactivité. La responsabilité qui incombe à ce poste a même conduit certaines infirmières organisatrice de l’accueil aux urgences, à mener une réflexion sur la mise en place innovante d’un véritable examen clinique infirmier pour optimiser l’évaluation initiale de l’état du patient, comme cela se pratique déjà aux Etats-Unis et au Canada.
Source AP-HP : http://www.lewebzine.aphp.fr/spip.php?article137