Levure de riz rouge : danger des compléments alimentaires

27 novembre 2012

Communiqué du 26 novembre 2012 de l’UFC Que Choisir

Dans un contexte de crois­sance du marché des com­plé­ments ali­men­tai­res qui atteint désor­mais près d’un mil­liard d’euros, l’UFC-Que Choisir a ana­lysé des com­plé­ments à base de levure de riz rouge. Sur la base d’un cons­tat acca­blant, elle saisit les Autorités sani­tai­res, sur les ris­ques posés par la vente en libre-ser­vice de ces pro­duits et demande que ceux-ci soient soumis à la régle­men­ta­tion spé­ci­fi­que des médi­ca­ments.

Alors que fleu­ris­sent nombre de com­plé­ments ali­men­tai­res censés bais­ser le cho­les­té­rol, est publié dans le numéro du mois de décem­bre de Que Choisir Santé, une étude sur dix réfé­ren­ces de levure de riz rouge vendue en phar­ma­cie, para­phar­ma­cie et Internet. Celles-ci contien­nent des sub­stan­ces thé­ra­peu­ti­ques dont la prin­ci­pale d’entre elles, la mona­co­line K, a pour effet de dimi­nuer la pro­duc­tion de cho­les­té­rol par l’orga­nisme. L’examen de la pré­sen­ta­tion et du contenu de ces « pilu­les mira­cles » est sans appel : elles sont au mieux inu­ti­les, au pire dan­ge­reu­ses et dans tous les cas muet­tes sur les pré­cau­tions d’emploi et les effets secondai­res.

Effet sur le cho­les­té­rol : 80 % de pro­duits bidon

Alors que l’Autorité euro­péenne de sécu­rité des ali­ments (AESA), n’auto­rise à com­mu­ni­quer sur la baisse du cho­les­té­rol qu’au-dessus de 10 mil­li­gram­mes de mona­co­line K par jour, huit pro­duits sur dix pré­sen­tent des teneurs infé­rieu­res, par­fois infi­ni­té­si­ma­les, l’écart allant de 1,6 mg/j à 5,5 mg/j, la moyenne de ces pro­duits attei­gnant à peine le tiers de la dose mini­male requise. C’est donc à tort que ceux-ci se van­tent auprès des consom­ma­teurs de leur action sur le cho­les­té­rol.

Des sub­stan­ces médi­ca­men­teu­ses voire dan­ge­reu­ses en libre-ser­vice

Mais c’est au-delà de ce seuil que la situa­tion se com­pli­que, car cette dose de 10 mil­li­gram­mes par jour étant une dose thé­ra­peu­ti­que (1), on entre alors dans l’uni­vers des médi­ca­ments néces­si­tant une pres­crip­tion. Ceci a motivé la posi­tion de la répres­sion des frau­des (DGCCRF) selon laquelle la teneur maxi­male en mona­co­line K auto­ri­sée dans de sim­ples com­plé­ments ali­men­tai­res ne doit pas dépas­ser ce seuil !

Or, deux pro­duits de notre test (Herbal acti­ves et Nat&Form) dépas­sent ce dosage et peu­vent donc être ache­tés et consom­més en dehors de tout contrôle médi­cal. Plus inquié­tant encore, nous avons détecté dans deux autres com­plé­ments, la pré­sence de toxi­nes poten­tiel­le­ment dan­ge­reu­ses pour les reins.

Carence sur les contre-indi­ca­tions

Alors que, comme toute molé­cule active, ces com­plé­ments sont sus­cep­ti­bles d’avoir des effets sur l’orga­nisme, aucun d’entre eux n’indi­que cor­rec­te­ment les contre-indi­ca­tions, effets indé­si­ra­bles ou inte­rac­tions qui sont en revan­che obli­ga­toi­res sur les médi­ca­ments. Ce mutisme est d’autant plus grave qu’il existe notam­ment des contre-indi­ca­tions pour les femmes encein­tes, des inte­rac­tions pos­si­bles avec d’autres anti­cho­les­té­rols et des effets indé­si­ra­bles pos­si­bles sur les mus­cles.

Tous ces maux sont dus à un clas­se­ment régle­men­taire ina­dé­quat fai­sant dépen­dre ces pro­duits de la régle­men­ta­tion per­mis­sive des com­plé­ments ali­men­tai­res, alors que nombre d’entre eux devraient rele­ver de la régle­men­ta­tion sur les médi­ca­ments, à l’instar des déci­sions déjà prises par d’autres pays comme les Etats-Unis.

Déterminée à pro­té­ger la santé des consom­ma­teurs, l’UFC-Que Choisir :
 Saisit la Haute auto­rité de santé (HAS) et l’Agence natio­nale de sécu­rité du médi­ca­ment (ANSM) pour qu’elles se pro­non­cent sur l’oppor­tu­nité de rat­ta­cher ces pro­duits à la régle­men­ta­tion spé­ci­fi­que aux médi­ca­ments plus pro­tec­trice pour les consom­ma­teurs ;
 Dans l’attente de cet avis, demande à la DGCCRF de faire reti­rer toute réfé­rence au cho­les­té­rol pour les teneurs infé­rieu­res à 10 mg de mona­co­line K, d’inter­dire la com­mer­cia­li­sa­tion pour les teneurs supé­rieu­res à cette valeur, et à l’Agence natio­nale de sécu­rité sani­taire (ANSES) d’exa­mi­ner en urgence les ris­ques posés par une uti­li­sa­tion de ces pro­duits sans contrôle médi­cal.

Communiqué du 26 novem­bre 2012 de l’UFC Que Choisir
Source : http://www.que­choi­sir.org/ali­men­ta­tion/nutri­tion/com­mu­ni­que-com­ple­ments-ali­men­tai­res-a-la-levure-de-riz-rouge-l-ufc-que-choi­sir-rit-jaune

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