Danger : nos conditions de travail augmentent le risque d’erreurs de soins

27 février 2014

A chaque patient supplémentaire par infirmier correspond une hausse de 7% du risque de mort pour le patient.

Thierry Amouroux, secré­taire géné­ral du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers SNPI CFE-CGC, était l’invité du Magazine de la Santé le 26 février 2014, pour réagir à l’étude du LANCET (vidéo ci-des­sous).

Les cher­cheurs ont ana­lysé les rap­ports d’hos­pi­ta­li­sa­tion de plus de 420.000 patients âgés de plus de 50 ans ayant béné­fi­cié d’une inter­ven­tion chi­rur­gi­cale (sur 300 hôpi­taux euro­péens). Si le taux de mor­ta­lité 30 jours après l’inter­ven­tion était assez bas (1 à 1,5%), il exis­tait de fortes dis­pa­ri­tés entre les dif­fé­rents établissements.

Une cor­ré­la­tion très nette est appa­rue entre cette mor­ta­lité d’une part, et la for­ma­tion des infir­miè­res et leur charge de tra­vail d’autre part.

Selon les don­nées publiées dans The Lancet, pour chaque nou­veau patient dont une infir­mière a la charge, la pro­ba­bi­lité pour que l’un de ces patients décède dans les 30 jours sui­vant son admis­sion aug­mente de 3% à 10%.

A chaque patient sup­plé­men­taire par infir­mier cor­res­pond une hausse de 7% du risque de mort pour le patient. Et, chaque aug­men­ta­tion de 10% de la pro­por­tion d’infir­mière qua­li­fiée niveau license se tra­duit par une baisse de 7% de la mor­ta­lité, cal­cu­lent-ils.

La réduc­tion des effec­tifs infir­miers par souci d’économie pour­rait affec­ter l’état de santé des patients, aver­tis­sent les auteurs pour les­quels mettre davan­tage l’accent sur l’éducation de cette pro­fes­sion pour­rait réduire les décès évitables à l’hôpi­tal.

L’étude a été fait en Belgique, Angleterre, Finlande, Irlande, Pays-Bas, Norvège, Espagne, Suède et Suisse. Au Canada et aux Etats-Unis, des études abon­dent dans le même sens.

"Ces résul­tats sug­gè­rent qu’un niveau sûr de per­son­nel infir­mier pour­rait contri­buer à réduire la mor­ta­lité chi­rur­gi­cale, et remet­tre en ques­tion l’idée lar­ge­ment répan­due que l’expé­rience desin­fir­miè­res et plus impor­tante que leur for­ma­tion/éducation", estime le Pr Linda Aiken (Etats-Unis, University of Pennsylvania’s School of Nursing), res­pon­sa­ble de ce tra­vail, dans une décla­ra­tion accom­pa­gnant l’arti­cle.

Selon Thierry Amouroux, secré­taire géné­ral du syn­di­cat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers, inter­rogé dans Le Magazine de la Santé (voir vidéo http://www.allo­doc­teurs.fr/actua­lite-sante-quand-les-infir­miers-sont-sur­char­ges-12717.asp?1=1), "La sur­charge de tra­vail entraine un risque d’erreurs.

"Lorsqu’on vous oblige à reve­nir sur vos jours de repos, à enchai­ner les gardes de l’après-midi avec celles du matin, on vous pousse à l’erreur", détaille-t-il. "Travailler 12 heures de suite avec une grande concen­tra­tion, c’est un véri­ta­ble pro­blème".

"Ce qui manque en France, c’est le niveau inter­mé­diaire entre l’infir­mière à bac+3 et le méde­cin à bac +9 ou +12. Dans d’autres pays, il existe des infir­miè­res avec un niveau master qui peu­vent faire davan­tage de soins et pres­crire un cer­tain nombre de médi­ca­ments comme les sages-femmes", conclut M. Amouroux.

Source : Nurse staf­fing and edu­ca­tion and hos­pi­tal mor­ta­lity in nine European coun­tries : a retros­pec­tive obser­va­tio­nal study L.H. Aiken, W. Sermeus, The Lancet, 26 fev. 2014 doi:10.1016/S0140-6736

Voir également :
 http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Majoration-du-risque-d-erreurs-de.html
 Erreurs de médi­ca­ments : règles à obser­ver
 Responsabilite juri­di­que de l’infir­mière
 Fiche HAS sur l’admi­nis­tra­tion des médi­ca­ments
 Les erreurs de medi­ca­tion,
 Les patients paient le prix du manque de per­son­nel et des sur­char­ges de tra­vail,
 Erreurs à l’hôpi­tal : le point de rup­ture est atteint,
 http://www.sudouest.fr/2011/03/11/la-sur­dose-de-mor­phine-tue-la-patiente-339042-7.php
 http://www.la-croix.com/Actualite/S-infor­mer/France/L-hopi­tal-confronte-a-des-departs-mas­sifs-en-retraite-anti­ci­pee-_NP_-2011-05-13-615062
 http://www.france-info.com/france-jus­tice-police-2011-05-13-avor­tee-par-erreur-a-lille-nou­velle-faute-grave-dans-une-mater­nite-536266-9-11.html
 http://www.jim.fr/en_direct/pro_societe/e-docs/00/01/E6/2D/docu­ment_actu_pro.phtml

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)

Ratios infirmiers : une exigence mondiale, un combat syndical, une loi en attente

Tout le monde le reconnaît désormais : la qualité des soins dépend de la présence suffisante (…)

Le SNPI au Congrès mondial du CII, sous le signe du pouvoir infirmier

Du 9 au 13 juin 2025, la communauté infirmière internationale se donne rendez-vous à Helsinki, (…)