Réforme de la Psychiatrie : les 8 points-clés

14 novembre 2011

La loi n° 2011-803 du 5 juillet 2011 "rela­tive aux droits et à la pro­tec­tion des per­son­nes fai­sant l’objet de soins psy­chia­tri­ques et aux moda­li­tés de leur prise en charge" rem­place la loi du 27 juin 1990.

Ce qui ne change pas

1) les Soins libres demeu­rent la règle

2) Deux pro­cé­du­res de contrainte dis­tinc­tes :
– À la demande d’un tiers
– À la demande du préfet

3) Les mesu­res d ’urgence :
 Mesure à la demande de tiers en urgence (un
seul cer­ti­fi­cat)
 Mesure pro­vi­soire des maires

Ce qui change : 8 points-clés

1. La mesure de contrainte sans tiers

Si impos­si­ble de recueillir une demande de tiers + péril immi­nent, le direc­teur peut désor­mais pro­non­cer une admis­sion
– Sauf impos­si­bi­lité, il informe sous 24h la famille ou un proche
– Le cer­ti­fi­cat de 24h et de 72h ne peut émaner du même psy­chia­tre

Le direc­teur peut aussi désor­mais s’oppo­ser à la levée de soins deman­dée par un tiers si l’arrêt des soins entraîne un péril immi­nent pour le malade

2. L’accès aux formes alter­na­ti­ves à l’Hospitalisation Complète : le pro­gramme de soins

HDT et HO peu­vent être pris en charge
hors hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète (HC) = Ce n’est plus l’hos­pi­ta­li­sa­tion qui est
impo­sée mais les soins

Le psy­chia­tre décide de la forme de ces soins
 En hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète
 Ou sous une autre forme : Hospitalisation par­tielle, Consultations, ate­liers

Si le patient est sous une autre forme que HC
– Le psy­chia­tre établit un pro­gramme de soins : Type de soins, Lieu des soins, Périodicité des soins
– Le pro­gramme peut être modi­fié seu­le­ment par un psy­chia­tre qui par­ti­cipe à la prise en charge du patient, pour de tenir compte de l’évolution de l’état desanté.
 Le dis­po­si­tif de la sortie d’essai est donc sup­primé

3. La période ini­tiale de 72 heures

Période d’obser­va­tion et de soins en HC

Dans les 24 heures sui­vant l’admis­sion :
– examen soma­ti­que com­plet
– cer­ti­fi­cat médi­cal d’un psy­chia­tre

Dans les 72 heures sui­vant l’admis­sion :
– un nou­veau cer­ti­fi­cat d’un psy­chia­tre

Si les 2 cer­ti­fi­cats ont conclu à la néces­sité de
main­te­nir les soins psy­chia­tri­ques :
– Un psy­chia­tre pro­pose la forme de la prise en charge
et, le cas échéant, le pro­gramme de soins
– Le direc­teur prend la déci­sion pro­po­sée par le psy­chia­tre

4. Le contrôle sys­té­ma­ti­que par le JLD

Au plus tard au bout de 15 jours
d’hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète conti­nue, soit :
– 15 jours après l’admis­sion
– 15 jours après la réin­té­gra­tion

Puis au plus tard au bout de 6 mois
d’hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète conti­nue

La sai­sine faculta­tive demeure pos­si­ble à
tout moment

La sai­sine du 15ème jour : Un cer­ti­fi­cat entre le 5ème et le 8ème jour rem­place celui du 15ème jour, qui est sup­primé
 Au plus tard le 12ème jour :
le direc­teur saisit le JLD
 Au plus tard le 15ème jour :
le JLD se pro­nonce
– S’il demande des exper­ti­ses com­plé­men­tai­res,
l’HC se pro­longe 14 jours maxi­mum
– Le JLD doit donc se pro­non­cer au plus tard le
29ème jour

La sai­sine du 6ème mois
 Au plus tard 8 jours avant l’expi­ra­tion du
délai de 6 mois : le direc­teur saisit le JLD
 Au plus tard à l’expi­ra­tion du délai de 6 mois
 : le JLD se pro­nonce
 En l’absence de sai­sine dans les délais, la
main­le­vée de l’hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète est
acquise sans débat

• Audience avec audi­tion du patient
– Sauf si impos­si­bi­lité pour rai­sons médi­ca­les
• Lieu :
– Au siège du tri­bu­nal de grande ins­tance
– A l’hôpi­tal
• Salle d’audience
• Visioconférence
– sauf si oppo­si­tion du patient
– ou en cas de contre-indi­ca­tion médi­cale
• Audience publi­que
– Mais pos­si­bi­lité d’audience en cham­bre du
conseil (huis-clos) si atteinte à l’inti­mité

La déci­sion du juge
• Le juge valide ou inva­lide la mesure en
cours
• Il ne peut la modi­fier de lui-même
– Ex : il ne peut pas déci­der de lui-même de
trans­for­mer une HC en alter­na­tive à l’HC
• Mais s’il décide de lever l’HC, il peut
déci­der que cette levée ne prend effet
qu’à l’issue d’un délai de 24h maxi­mum
– l’équipe médi­cale peut ainsi enclen­cher, si
néces­saire, un pro­gramme de soins

5. Des dis­po­si­tions spé­ci­fi­ques pour cer­tai­nes HO

Ces dis­po­si­tions concer­nent les per­son­nes hos­pi­ta­li­sées pour irres­pon­sa­bi­lité pénale ou en unité pour mala­des dif­fi­ci­les (UMD), mais aussi les per­son­nes hos­pi­ta­li­sées sur demande du repré­sen­tant de l’Etat et qui ont connu ce type d’anté­cé­dents au cours des 10 années pré­cé­den­tes.

Lorsque le psy­chia­tre envi­sage une fin d’HC pour un tel patient, un col­lège de soi­gnants rend un avis, des­tiné à éclairer le préfet. Ce col­lège est com­posé :
 du psy­chia­tre du patient,
 d’un autre psy­chia­tre,
 d’un membre de l’équipe plu­ri­dis­ci­pli­naire qui prend en charge ce patient (infir­mier, cadre de santé, psy­cho­lo­gue, assis­tant social…).

6. Les dis­po­si­tions en cas de désac­cord psy­chia­tre / préfet

Deux types de désac­cords béné­fi­cient de dis­po­si­tions spé­ci­fi­ques.

A) Le psy­chia­tre demande la trans­for­ma­tion de l’HC en forme alter­na­tive à l’HC, c’est-à-dire l’enclen­che­ment d’un pro­gramme de soins (ex sortie d’essai) :
 si le préfet n’est pas d’accord, le direc­teur demande immé­dia­te­ment un deuxième avis de psy­chia­tre ;
 si les 2 avis médi­caux sont iden­ti­ques, le préfet doit suivre ce double avis ;
 si le 2ème avis est dif­fé­rent, le préfet peut main­te­nir l’hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète.

B) Le psy­chia­tre demande la fin de l’HC sans pro­gramme de soins (sortie « sèche ») :
 si le préfet n’est pas d’accord, le direc­teur demande un 2ème avis de psy­chia­tre ;
 si les 2 avis médi­caux sont iden­ti­ques, le préfet suit ce double avis ;
 si le 2ème avis est dif­fé­rent et que le préfet sou­haite main­te­nir l’hos­pi­ta­li­sa­tion com­plète, il en avise le direc­teur d’établissement qui saisit immé­dia­te­ment le JLD.

7. Le ren­for­ce­ment des droits des patients

L’infor­ma­tion des patients sur leurs droits et voies de recours est ren­for­cée et leurs obser­va­tions sur les déci­sions les concer­nant sont recueillies.
 Les sor­ties de courte durée sont ren­dues faci­les pour les ex-HDT (hos­pi­ta­li­sa­tion à la demande d’un tiers). Le patient, pen­dant ses sor­ties, peut désor­mais être accom­pa­gné par un membre de sa famille ou sa per­sonne de confiance.
 Les mesu­res de soins psy­chia­tri­ques sur déci­sion du direc­teur de l’établissement (suite à une demande de tiers ou en cas de péril immi­nent) de plus d’un an font l’objet d’un examen par un col­lège tri­par­tite.
 Les mis­sions des com­mis­sions dépar­te­men­ta­les des soins psy­chia­tri­ques (CDSP) sont recen­trées sur les situa­tions les plus sen­si­bles : cas de péril immi­nent (sans tiers) et soins psy­chia­tri­ques, sur déci­sion du direc­teur de l’établissement ou sur déci­sion du préfet depuis un an.
 Un rap­port annuel est trans­mis au contrô­leur géné­ral des lieux de pri­va­tion de liberté.

8. Des pré­ci­sions sur l’orga­ni­sa­tion ter­ri­to­riale

Les établissements char­gés d’assu­rer la mis­sion de ser­vice public « soins psy­chia­tri­ques » sont dési­gnés par le direc­teur géné­ral de l’agence régio­nale de santé (ARS) pour chaque ter­ri­toire de santé, après avis du préfet.
 Si un patient est accueilli en urgence dans un établissement non habi­lité à trai­ter des patients sous contrainte, il est trans­féré vers un établissement habi­lité selon des moda­li­tés pré­vues par conven­tion, au plus tard sous 48 heures.
 L’ARS défi­nit sur chaque ter­ri­toire de santé, en lien avec l’ensem­ble des par­te­nai­res de santé, un dis­po­si­tif de réponse aux urgen­ces psy­chia­tri­ques et orga­nise les moda­li­tés de trans­port.
 Pour assu­rer le suivi et la réin­ser­tion des per­son­nes sous pro­gramme de soins, les moda­li­tés de col­la­bo­ra­tion entre le direc­teur de l’établissement, le préfet, le direc­teur géné­ral de l’ARS et les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­ria­les sont défi­nies par conven­tions.

Plus d’infos :
 http://www.sante.gouv.fr/la-reforme-de-la-loi-rela­tive-aux-soins-psy­chia­tri­ques.html
 http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/8_points_cles_loi_psy_6_juillet_dia­po­rama_sta­bi­lise.pdf

Partager l'article
     

Rechercher sur le site


Dialoguer avec nous sur Facebook
Nous suivre sur Twitter
Nous suivre sur LinkedIn
Suivre notre Flux RSS

Oxyde d’éthylène : l’ombre toxique de la stérilisation plane sur les soignants

La stérilisation sauve des vies. Mais quand elle empoisonne ceux qui soignent, qui protège les (…)

Formation infirmière : la France choisit l’impasse pendant que le monde avance

Mieux formés, les infirmiers sauvent plus de vies. C’est prouvé, documenté, validé. Mais la (…)

Partout où la guerre détruit, les soins reconstruisent

La paix ne commence pas dans les traités, mais dans les gestes quotidiens. C’est l’un des (…)

Redéfinir l’infirmière, c’est refonder la santé

À quoi reconnaît-on une infirmière ? Par la blouse ? Les soins prodigués au chevet ? Trop (…)

Ratios infirmiers : une exigence mondiale, un combat syndical, une loi en attente

Tout le monde le reconnaît désormais : la qualité des soins dépend de la présence suffisante (…)

Le SNPI au Congrès mondial du CII, sous le signe du pouvoir infirmier

Du 9 au 13 juin 2025, la communauté infirmière internationale se donne rendez-vous à Helsinki, (…)