Santé mentale : une grande cause, mais des patients oubliés

3 février 2025

Un Français sur cinq souf­fre d’un trou­ble psy­chia­tri­que. Mais com­bien accè­dent réel­le­ment aux soins dont ils ont besoin ?

Les chif­fres sont impla­ca­bles : 13 mil­lions de per­son­nes concer­nées, des mil­liers de patients en errance thé­ra­peu­ti­que, des ser­vi­ces psy­chia­tri­ques satu­rés, des délais d’attente qui explo­sent. En 2021, le gou­ver­ne­ment orga­ni­sait des Assises de la santé men­tale et de la psy­chia­trie. En 2025, la santé men­tale sera Grande cause natio­nale.

Les soi­gnants n’atten­dent pas des slo­gans. Ils atten­dent des moyens. Car der­rière les dis­cours, la réa­lité reste la même : les hôpi­taux man­quent de lits, de bras, de temps. Les patients sont tou­jours contraints à patien­ter des semai­nes avant une consul­ta­tion, des jours entiers sur un bran­card avant une hos­pi­ta­li­sa­tion. Des mineurs sont encore placés dans des unités adul­tes.

Accès dégradé, manque de lits, per­son­nels en sous-effec­tif : la psy­chia­trie s’effon­dre sous le poids de sa propre fra­gi­lité. Le Comité Consultatif National d’Éthique (CCNE) l’affirme dans son der­nier rap­port : il est urgent d’agir. Le Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI, en pre­mière ligne, dénonce une situa­tion qui devient indi­gne.

Dans cette crise, les infir­miè­res jouent un rôle cen­tral. Elles sont le pre­mier recours, le der­nier sou­tien, celles qui assu­rent la conti­nuité des soins, l’accom­pa­gne­ment quo­ti­dien, la réas­su­rance des patients et de leurs pro­ches. Mais depuis la réforme de 2009, leur for­ma­tion ne reflète ni les besoins réels, ni la com­plexité des trou­bles psy­chia­tri­ques.

"Aujourd’hui, une infir­mière géné­ra­liste reçoit un ensei­gne­ment trop limité sur la psy­chia­trie et la santé men­tale. Prendre en charge une souf­france psy­chi­que demande du temps, de l’écoute, des com­pé­ten­ces spé­ci­fi­ques. Face à un patient en détresse, un simple médi­ca­ment ne suffit pas. Il faut savoir repé­rer les signaux, com­pren­dre la souf­france, ins­tau­rer une rela­tion thé­ra­peu­ti­que, pré­ve­nir les crises avant qu’elles ne dégé­nè­rent." alerte Thierry Amouroux, le porte-parole du SNPI.

Le SNPI demande un ren­for­ce­ment massif de la for­ma­tion des soi­gnants :
 Un stage obli­ga­toire en psy­chia­trie pour tous les étudiants infir­miers.
 Un ensei­gne­ment appro­fondi sur la santé men­tale, dès la for­ma­tion ini­tiale.
 Une reconnais­sance de la spé­ci­fi­cité de l’exer­cice psy­chia­tri­que, avec des ratios soi­gnant/soi­gnés adap­tés.

Le SNPI réclame des moyens concrets, immé­diats et péren­nes, pour garan­tir un accès aux soins psy­chia­tri­ques dignes, en ren­for­çant les effec­tifs, en moder­ni­sant les struc­tu­res et en amé­lio­rant la coor­di­na­tion des prises en charge.

La demande de soins psy­chia­tri­ques n’a jamais été aussi forte. Les crises socié­ta­les, la pré­ca­rité, l’iso­le­ment, la détresse des jeunes, la souf­france des soi­gnants eux-mêmes… Tout converge vers un même cons­tat : le sys­tème ne suit plus. La psy­chia­trie n’est pas un luxe, elle est une néces­sité. Un droit fon­da­men­tal.

La psy­chia­trie est un angle mort du sys­tème de soins. Invisibilisée dans les bud­gets, négli­gée dans les débats, elle reste pri­son­nière d’un ima­gi­naire fait de peur et d’exclu­sion. Trop sou­vent, les patients sont réduits à des chif­fres ou à des cas isolés, alors qu’ils incar­nent une réa­lité col­lec­tive : une société qui sous-estime l’impact des souf­fran­ces psy­chi­ques.

Les soi­gnants ne récla­ment pas des effets d’annonce. Ils deman­dent des déci­sions concrè­tes. De véri­ta­bles inves­tis­se­ments, des recru­te­ments à la hau­teur des enjeux, une for­ma­tion qui pré­pare réel­le­ment à la réa­lité du ter­rain. Les moyens sui­vront-ils enfin les dis­cours ? Ou faudra-t-il encore comp­ter les lits fermés et les patients sacri­fiés ?

 Crise de la psy­chia­trie : Il faut mieux former les infir­miers, réclame le SNPI
https://www.infir­miers.com/pro­fes­sion-ide/actua­lite-sociale/crise-de-la-psy­chia­trie-il-faut-mieux-former-les-infir­miers-reclame-le-snpi
 Face à la crise en psy­chia­trie, le Syndicat natio­nal des pro­fes­sion­nels infir­miers appelle à miser, entre autres, sur un ren­for­ce­ment de la for­ma­tion en santé men­tale.
https://envi­ron­ne­ment­san­te­po­li­ti­que.fr/2025/02/06/face-a-la-crise-en-psy­chia­trie-le-syn­di­cat-natio­nal-des-pro­fes­sion­nels-infir­miers-appelle-a-miser-entre-autres-sur-un-ren­for­ce­ment-de-la-for­ma­tion-en-sante-men­tale/

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