Salaire infirmier : analyse de Thierry Amouroux ITW infirmier.com
5 novembre 2022
Dans le cadre de son Dossier "Salaires" : Pourquoi la France paie-t-elle si mal ses infirmiers ? Infirmier.com a interrogé Thierry Amouroux :
Dans un contexte de pénurie de professionnels de santé, notamment à l’hôpital, le recours à l’intérim médical et paramédical est souvent présenté comme un moyen de gagner (beaucoup) plus d’argent. Mais pour Thierry Amouroux, Porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), ce sont surtout les conditions de travail actuelles qui encouragent ce mode d’exercice : les infirmiers fonctionnaires peuvent être réaffectés à d’autres services que le leur en fonction des besoins – ce qui peut créer des mises en insécurité professionnelle – et ils sont par ailleurs soumis à des changements d’horaires non concertés. Dans ce contexte, je peux comprendre que des professionnels recourent à l’intérim car ils seront mieux rémunérés - au moins 60% de plus et parfois davantage en fonction des négociations menées - et maîtres de leur emploi du temps.
A la question Pourquoi la France rémunère-t-elle aussi mal ses infirmiers ?, Thierry Amouroux, Porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers (SNPI), avance une réponse culturelle et sociologique : ce niveau de rémunération traduit un manque d’estime envers des professions du soin majoritairement féminines. Cette vision péjorative est liée au poids de l’histoire avec d’une part l’image de jeunes filles de bonne famille qui faisaient des études d’infirmière en attendant le mariage et d’autre part, la représentation des religieuses qui œuvraient bénévolement.
Par ailleurs, les médecins continuent de nous considérer comme des auxiliaires médicaux, des agents d’exécution de leur prescription et non comme des professionnels de santé à part entière. Une autre illustration de cette dévalorisation réside dans l’universitarisation de la profession que nous n’avons obtenue qu’en 2009 alors qu’elle était effective en Espagne ou au Portugal dès les années 1970.
Même la montée en puissance des infirmiers de pratique avancée (IPA) encouragée par le gouvernement ne semble pas de nature à changer la donne. Une IPA de classe normale ne perçoit, selon le CGOS, qu’ un salaire brut mensuel de 2 085 euros. Par ailleurs, certaines tâches, aujourd’hui exclusivement confiées à des IPA, pourraient relever légalement des compétences des IDE, comme l’adaptation posologique des AVK, note Thierry Amouroux, bien déterminé à se battre pour que l’on reconnaisse aux infirmiers la possibilité de réaliser davantage d’actes en autonomie qui imposeront des revalorisations salariales.
https://www.infirmiers.com/ressources-infirmieres/votre-paye/dossier-salaires-pourquoi-france-paie-si-mal-ses-infirmiers.html
L’attribution d’un complément de traitement indiciaire (CTI), de 183 euros, c’est un cautère sur une jambe de bois, tranche Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers, qui milite pour un alignement des salaires français sur la moyenne européenne.
Le CTI peut être suspendu, notamment dans le cadre de la promotion professionnelle. Une aide-soignante qui veut devenir infirmière le perdra le temps de sa formation, par exemple, avant de le récupérer une fois revenue en poste, indique Thierry Amouroux, qui redoute que d’autres exemptions ne viennent un jour à être décidées.
https://www.infirmiers.com/ressources-infirmieres/votre-paye/dossier-salaires-2-deux-ans-apres-segur-ou-est-on-vraiment.html
Le reclassement, source de confusion
Nombre de paramètres entrent en compte dans le calcul de ces revalorisations : grades, échelons, indice, ancienneté au sein de la fonction publique, impact du reclassement… C’est une usine à gaz, propre à l’administration française, ironise Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI). Cela n’a aucun sens pour les soignants, qui ont du mal à s’y retrouver.
Au cours de l’été, le gouvernement a mis en place une majoration exceptionnelle pour travail normal de nuit et une autre pour travail intensif, dans un contexte de tension forte sur les services d’urgences. Une mesure loin d’être insuffisante pour les représentations syndicales. Pour nous, il ne faut pas augmenter de deux ou trois euros par nuit, ça n’aurait pas de sens, soutient Thierry Amouroux, pour qui l’heure de nuit doit être doublée par rapport à l’heure normale (soit 30 euros si vous êtes payé 15 euros net de l’heure, et non pas 15 + 1 euro comme actuellement)
https://www.infirmiers.com/ressources-infirmieres/votre-paye/dossier-salaires-3-comment-decrypter-les-revalorisations-de-grille.html
Voir par ailleurs :
– Salaire infirmier grade 1 hôpital FPH 2022 après revalorisation Ségur
https://www.syndicat-infirmier.com/Salaire-infirmier-grade-1-hopital-FPH-octobre-2021-apres-revalorisation-Segur.html
– Salaire infirmier grade 2 hôpital FPH 2022 après revalorisation Ségur https://www.syndicat-infirmier.com/Salaire-infirmier-grade-2-hopital-FPH-octobre-2021-apres-revalorisation-Segur.html
– Hôpital, EHPAD : le complément de traitement indiciaire CTI expliqué https://www.syndicat-infirmier.com/Hopital-EHPAD-le-complement-de-traitement-indiciaire-CTI-explique.html