60 % de non-observance des traitements par les patients !

23 novembre 2014
Le problème de l’observance ne fera que s’amplifier à mesure que la charge mondiale des maladies chroniques va croître. Un véritable suivi infirmier peut limiter les dégâts, à condition d’avoir des effectifs suffisants, d’organiser des consultations infirmières, ou de disposer d’infirmières cliniciennes pour assurer l’éducation thérapeutique.
Difficultés d’acceptabilité de la maladie, incompréhension du diagnostic, inadaptation et illisibilité de la prescription, non-prise en charge des effets secondaires comme la douleur liée à certains traitements, conditions de vie du malade, isolement social. Au temps des maladies chroniques, c’est le renoncement à agir contre ces freins qui provoque les impasses dans l’observance.
Alors que jusque dans les années 80, on pensait que la bonne observance était imputable uniquement à celui-ci, on sait aujourd’hui qu’elle est aussi liée au comportement du praticien pendant la consultation.
Le patient va plus ou moins bien suivre son traitement, en fonction notamment des informations qu’il possède sur sa maladie, de la manière dont il se sent, de la manière dont il a intégré les prises de traitement dans sa vie quotidienne et de la qualité de la relation qu’il entretient avec les soignants.
Rendez-vous manqués, régime non suivi, posologie non respectée, arrêt prématuré de médicament, prescription non renouvelée, prise simultanée de plusieurs ordonnances... tout ceci peut être limité par un bon suivi réalisé par une infirmière.
L’expérience montre que la non-observance ne doit pas se penser en tout ou rien. Certains patients acceptent tel ou tel produit dont la couleur, le nom, l’effet présumé leur paraît tolérable (quelles qu’en soient les raisons) mais refusent énergiquement tel autre qui leur semblent avoir sur eux un effet néfaste. D’autres patients cessent leur traitement en raison d’une absence d’efficacité thérapeutique rapide, car ils pensent que tout traitement devrait être aussi rapide d’action qu’un antibiotique ou un antalgique.
Une fois le diagnostic donné au patient par le médecin, l’infirmière doit disposer de temps pour lui expliquer la maladie en termes simples et compréhensibles.
L’infirmière peut se faire une idée sur l’observance du traitement à partir de quatre éléments :
– ses motivations en matière de santé ;
– l’importance qu’il accorde à l’atténuation de son problème de santé (la perception qu’il a de sa vulnérabilité et de la gravité du problème)
– sa conviction que l’observance de son traitement peut effectivement réduire son problème
– sa croyance en sa capacité de suivre son traitement.
L’infirmière doit vérifier :
– s’il a bien compris les modalités et contraintes des prises
– si son traitement affectel son alimentation, son sommeil, son attention, etc.
L’observance d’un traitement est amélioré à condition de :
– Sélectionner des traitements avec moins d’effets indésirables ou moins de complications à long terme
– Sélectionner un traitement ou une substance à libération prolongée qui nécessitent moins de doses pendant la journée
– Discuter des possibles effets indésirables et s’il est important de continuer le traitement malgré ces effets indésirables
– Avertir des moyens pour minimiser ou faire face aux effets indésirables. Par exemple, s’il faut prendre un traitement le ventre vide ou pendant un repas.
L’entretien infirmier a pour but de mettre en évidence les éléments discordants avec les valeurs du patient ou son histoire de vie :
– Sentiment de ne pas avoir de problème de santé
– Impression que les effets secondaires du traitement sont plus importants que ses avantages
– Impression que le traitement prescrit est inefficace
– Résultats infructueux d’un traitement suivi antérieurement
– Manque de connaissance ou de savoir-faire quant au traitement prescrit