Alimentation en milieu hospitalier : le CNA alerte les pouvoirs publics

30 septembre 2017

Le Conseil National de l’Alimentation (CNA) plénier a adopté, en juillet 2017, l’Avis n°78, Alimentation en milieu hospitalier qui comporte 32 propositions.

Le Conseil National de l’Alimentation a rendu un avis sur l’ali­men­ta­tion à l’hôpi­tal : par­tant du cons­tat récur­rent, depuis de nom­breu­ses années, de la pré­va­lence de la dénu­tri­tion à l’hôpi­tal entraî­nant des consé­quen­ces graves et mul­ti­ples sur l’évolution d’une mala­die, le CNA s’est inter­rogé sur la place de l’ali­men­ta­tion dans l’orga­ni­sa­tion hos­pi­ta­lière.

L’ali­men­ta­tion à l’hôpi­tal a en effet été iden­ti­fiée comme fac­teur de risque pou­vant conduire à l’appa­ri­tion ou au déve­lop­pe­ment de situa­tions de dénu­tri­tion. Or, ce fac­teur de risque pour­rait se trans­for­mer en oppor­tu­nité d’amé­lio­rer l’état nutri­tion­nel et le bien-être des patients, en pen­sant et en orga­ni­sant dif­fé­rem­ment l’ali­men­ta­tion à l’hôpi­tal.

Le Conseil National de l’Alimentation est une ins­tance consul­ta­tive indé­pen­dante, placée auprès des minis­tres char­gés de l’agri­culture, de la consom­ma­tion et de la santé. Pour la pre­mière fois, il for­mule des recom­man­da­tions géné­ra­les, des recom­man­da­tions pour une offre à l’atten­tion des patients mobi­les et/ou auto­no­mes et des recom­man­da­tions pour une offre à l’atten­tion des patients alités ou demeu­rant en cham­bre.

Au sein d’un uni­vers hos­pi­ta­lier tech­ni­cisé et par­cel­lisé, l’ali­men­ta­tion figure parmi les tâches logis­ti­ques et secondai­res. Il s’agit d’un réel para­doxe : un des rares lieux où l’ali­men­ta­tion n’est pas consi­dé­rée comme digne d’inté­rêt est celui où l’on accueille des per­son­nes vul­né­ra­bles et mala­des. L’ali­men­ta­tion permet de contri­buer au bien-être du patient et à son équilibre nutri­tion­nel : deux aspects néces­sai­res à sa gué­ri­son. La mis­sion ali­men­taire est lar­ge­ment déconsi­dé­rée à l’hôpi­tal alors qu’elle est un extra­or­di­naire levier pour per­met­tre à l’hôpi­tal d’attein­dre ses objec­tifs de soin et d’hos­pi­ta­lité.

Les aides-soi­gnants char­gés de servir les repas, du fait de la charge de soins à effec­tifs cons­tants ou réduits, n’ont que très peu de temps à accor­der au ser­vice du repas et à l’aide par­fois néces­saire à appor­ter à cer­tains patients.

La place de l’ali­men­ta­tion au sein de l’ins­ti­tu­tion hos­pi­ta­lière est symp­to­ma­ti­que d’une ina­dap­ta­tion de l’hos­pi­ta­li­sa­tion dans les condi­tions actuel­les à l’accueil des citoyens contem­po­rains et d’une image cari­ca­tu­rale d’un malade allongé en pyjama dans un lit, infan­ti­lisé et déres­pon­sa­bi­lisé.

Le CNA pro­pose de repen­ser la place de l’ali­men­ta­tion à l’hôpi­tal et en réor­ga­ni­ser la pres­ta­tion, en ren­dant le patient acteur de ses choix ali­men­tai­res. Le CNA recom­mande notam­ment de per­met­tre aux patient qui le dési­rent et le peu­vent de consom­mer leurs repas en dehors de leurs cham­bres à tra­vers la mise en place de café­té­rias, de res­tau­rants ou encore de dis­tri­bu­teurs. Cette réor­ga­ni­sa­tion per­met­tra de redis­tri­buer le temps des soi­gnants auprès des patients les plus dépen­dants.

L’inves­tis­se­ment d’un cadre de santé peut être un véri­ta­ble levier d’amé­lio­ra­tions dans l’orga­ni­sa­tion et l’inves­tis­se­ment du per­son­nel soi­gnant vis-à-vis du repas. Dans le sens inverse, un cadre soi­gnant qui n’est pas sen­si­bi­lisé au repas et ne voit pas l’inté­rêt de porter atten­tion à cette tâche en par­ti­cu­lier peut être un véri­ta­ble frein dans l’inves­tis­se­ment des per­son­nels soi­gnants. Si le cadre de santé ne pousse pas son per­son­nel à prêter atten­tion au repas il y a peu de chan­ces pour qu’une dyna­mi­que se crée autour de l’ali­men­ta­tion et du temps du repas.

En annexe, le Conseil National de l’Alimentation pré­sente sept fiches :
 le patient, usager de l’ali­men­ta­tion en milieu hos­pi­ta­lier ;
 les acteurs de l’offre ali­men­taire en milieu hos­pi­ta­lier ;
 les étapes de la res­tau­ra­tion hos­pi­ta­lière ;
 les modes de ges­tion ;
 la struc­ture du coût d’un repas ;
 les don­nées géné­ra­les sur le sys­tème de santé fran­çais ;
 l’his­to­ri­que de l’ali­men­ta­tion à l’hôpi­tal.

L’avis est en télé­char­ge­ment sur http://www.cna-ali­men­ta­tion.fr/v2/wp-content/uploads/2017/07/CNA_Avis78.pdf

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