Augmentation du forfait hospitalier : une punition pour les malades

27 septembre 2017

En choi­sis­sant d’aug­men­ter le for­fait hos­pi­ta­lier pour répon­dre aux besoins de finan­ce­ment des hôpi­taux, le gou­ver­ne­ment fait un choix anti-soli­daire. Facturé aux patients hos­pi­ta­li­sés au titre des frais d’héber­ge­ment, ce for­fait est en effet sys­té­ma­ti­que­ment pris en charge par les com­plé­men­tai­res santé. Son aug­men­ta­tion va ainsi entrai­ner une aug­men­ta­tion des com­plé­men­tai­res dont les tarifs ne dépen­dent pas des res­sour­ces des coti­sants- contrai­re­ment aux coti­sa­tions à la Sécurité sociale, pro­por­tion­nel­les aux reve­nus de chacun.
 
Une mesure injuste qui va sur­tout peser sur les plus pau­vres
 
Cette mesure pèsera donc pro­por­tion­nel­le­ment davan­tage sur les reve­nus modes­tes. Les pre­miè­res vic­ti­mes sont connues : ce seront les per­son­nes les plus fra­gi­les, c’est-à-dire celles qui n’ont pas de com­plé­men­tai­res santé (jeunes, retraité-e-s, chô­meurs, tra­vailleurs indé­pen­dants…) mais aussi toutes celles pour qui le coût de cette com­plé­men­taire repré­sente déjà une charge très (trop) impor­tante dans leurs reve­nus… au point de l’aban­don­ner dans cer­tains cas.
 
Une mesure grave prise sans concer­ta­tion
 
Loin d’être ano­dine, cette déci­sion va à l’encontre de la soli­da­rité en matière de finan­ce­ment des soins. Elle aurait dû, a minima, faire l’objet d’une concer­ta­tion avec les repré­sen­tants des usa­gers, pre­miers concer­nés. Mais le gou­ver­ne­ment a pré­féré la voie de l’annonce bru­tale, pré­sen­tée comme une orien­ta­tion irré­vo­ca­ble qui nous laisse le com­men­taire pour seule liberté.

Que reste-t-il aujourd’hui de la cam­pa­gne pré­si­den­tielle, des débats autour de la Sécurité sociale, du refus una­nime de la remise en cause du finan­ce­ment du « petit risque » ? Rien, ou si peu. Les pro­mes­ses du can­di­dat Macron sem­blent oubliées par un gou­ver­ne­ment qui s’était pour­tant engagé dans la lutte contre les iné­ga­li­tés d’accès aux soins.

France Assos Santé dénonce avec d’autant plus de force cette mesure qu’en matière de reste-à-charge lié aux hos­pi­ta­li­sa­tions, elle vient s’ajou­ter au prix déjà élevé des cham­bres par­ti­cu­liè­res, tou­jours plus sys­té­ma­ti­que­ment fac­tu­rées.
 
Une mesure qui augure mal du « zéro reste-à-charge » sur le den­taire, l’opti­que et l’audio­pro­thèse
 
Présentée comme une dis­po­si­tion tech­ni­que et faus­se­ment indo­lore, l’aug­men­ta­tion du for­fait hos­pi­ta­lier augure bien mal de l’enga­ge­ment pris par le Président Macron, à savoir un « reste à charge zéro » sur le den­taire, l’opti­que et l’audio­pro­thèse à la fin du quin­quen­nat. S’il s’agit d’orga­ni­ser le trans­fert de char­ges vers les com­plé­men­tai­res santé, pré­pa­rons-nous au pire car les prix des com­plé­men­tai­res attein­dront bien­tôt les limi­tes sup­por­ta­bles pour les usa­gers de santé que nous sommes.

Chacun en mesure déjà les consé­quen­ces : les per­son­nes mala­des seront de plus en plus nom­breu­ses à renon­cer à se faire soi­gner. Est-ce vrai­ment cela, « l’équité des soins » prônée par le gou­ver­ne­ment ?
 
L’hôpi­tal a besoin de finan­ce­ments. Ils doi­vent être assu­rés par les coti­sa­tions soli­dai­res de l’ensem­ble de nos conci­toyens et pas par l’aug­men­ta­tion des tarifs des com­plé­men­tai­res santé, ni par le désen­ga­ge­ment de l’État dans la prise en charge de nos soins.

Communiqués de Presse du 27.09.17 de FRANCE ASSO SANTÉ http://www.france-assos-sante.org/espace-presse/com­mu­niqu%C3%A9s-de-presse/aug­men­ta­tion-du-for­fait-hos­pi­ta­lier-puni­tion-pour-les-mala­des
 

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