Ebola : recommandations pour les professionnels +++

11 octobre 2014

IMPORTANT : Recommandations à l’atten­tion des pro­fes­sion­nels de santé exer­çant en ambu­la­toire, pour l’abord d’un patient cas sus­pect de mala­die à virus Ebola

Les per­son­nels de santé pre­nant en charge les mala­des repré­sen­tent un groupe par­ti­cu­liè­re­ment à risque de conta­mi­na­tion.

Dans les formes hémor­ra­gi­ques, le décès sur­vient dans 80 % des cas en moyenne 8 jours après l’appa­ri­tion de la fièvre. Sinon la gué­ri­son est sans séquelle mais la conva­les­cence est longue avec une asthé­nie pro­lon­gée pen­dant plu­sieurs semai­nes et des arthral­gies fluc­tuan­tes et migra­tri­ces

Rappel sur la mala­die à virus Ebola et sur les ris­ques de conta­mi­na­tion

Le virus Ebola est l’une des mala­dies vira­les les plus graves connues chez l’homme. Il appar­tient à la famille des filo­vi­rus. Il existe cinq espè­ces de virus Ebola. Les flam­bées de fièvre hémor­ra­gi­que sur­vien­nent
prin­ci­pa­le­ment en Afrique avec un taux de léta­lité de 25% à 90%.
 La mala­die à virus Ebola débute après 2 à 21 jours d’incu­ba­tion (en moyenne 8 jours) par des signes cli­ni­ques peu spé­ci­fi­ques
(fièvre élevée ≥ 38°C, myal­gies, cépha­lées, pha­ryn­gite).
 D’autres signes appa­rais­sent ensuite rapi­de­ment : vomis­se­ments,
diar­rhée, éruption, conjonc­ti­vite.
 Dans les formes sévè­res sur­vien­nent : des signes neu­ro­lo­gi­ques d’encé­pha­lite (trou­bles de cons­cience, agi­ta­tion, convul­sion) et des signes hémor­ra­gi­ques.
 La phase ter­mi­nale est mar­quée par des signes neu­ro­lo­gi­ques d’encé­pha­lite (de l’obnu­bi­la­tion au coma, agi­ta­tion, épilepsie) et des signes hémor­ra­gi­ques (prin­ci­pa­le­ment sai­gne­ments aux points de ponc­tion, gin­gi­vor­ra­gies, héma­té­mèse, mélaena, selles san­glan­tes ; plus rare­ment épistaxis, hémo­pty­sie, hémor­ra­gie géni­tale ou héma­tome).
 On peut obser­ver plus incons­tam­ment hoquet, pares­thé­sies, acou­phè­nes, tris­mus, hépa­to­mé­ga­lie, splé­no­mé­ga­lie, pan­créa­tite, uvéite, paro­ti­dite, orchite, et dou­leur tho­ra­ci­que.

Le virus Ebola se trans­met par contact direct avec les flui­des cor­po­rels (sang, tissus, salive, selles, vomis­se­ments, urine, sueurs…) des per­son­nes attein­tes de mala­die à virus Ebola symp­to­ma­ti­ques. La trans­mis­sion peut également se pro­duire par contact direct avec du maté­riel souillé. Contrairement à la grippe, aucune trans­mis­sion aérienne n’est avérée.

Le risque de trans­mis­sion est faible dans la pre­mière phase de la mala­die. Il aug­mente lors de l’aggra­va­tion de la mala­die et des symp­tô­mes, avec la mul­ti­pli­ca­tion virale. La conta­gio­sité est varia­ble selon l’état du patient et de la nature du contact.

Recommandations sani­tai­res +++

Un patient fébrile se pré­sente en consul­ta­tion. Que faut-il faire ?

1. Le ques­tion­ner : a-t-il voyagé dans un pays consi­déré comme à risque dans les trois semai­nes pré­cé­den­tes ?
 a. Non : cas exclu, prise en charge habi­tuelle et recher­che d’autres causes de fièvre ou d’infec­tions « tro­pi­ca­les » dont le palu­disme.
 b. Oui (passez au 2.) La défi­ni­tion de cas, incluant celle de la zone géo­gra­phi­que à risque est régu­liè­re­ment mise à jour sur le site de l’InVS :
http://www.invs.sante.fr/Dossiers-the­ma­ti­ques/Maladies-infec­tieu­ses/Fievre-hemor­ra­gi­que-virale-FHV-a-virus-Ebola. Au 26/09/2014, cette zone com­prend les pays sui­vants : 1) en Afrique de l’Ouest : Sierra
Leone, Guinée Conakry, Libéria et Nigéria ; 2) en République démo­cra­ti­que du Congo (« Congo-Kinshasa ») : pro­vince de l’Equateur (Nord-Ouest du pays).

2. Mesurer sa tem­pé­ra­ture cor­po­relle avec un ther­mo­mè­tre sans contact :
 a. Température infé­rieure à 38°C : cas exclu, prise en charge habi­tuelle et recher­che d’autres causes de fièvre en par­ti­cu­lier infec­tions « tro­pi­ca­les » dont le palu­disme.
 b. Température supé­rieure ou égale à 38°C : le cas cor­res­pond à la défi­ni­tion de cas sus­pect.
 c. En cas de doute : consi­dé­rez ce cas comme sus­pect en attente de l’évaluation faite par le SAMU-centre 15.

Comment pren­dre en charge ce cas sus­pect ?

 1. Isolez le patient en l’infor­mant de la situa­tion et de la néces­sité des mesu­res de pro­tec­tion sui­van­tes.
 2. Évitez tout contact phy­si­que avec ce patient.
 3. Mettez un masque FFP2 ou à défaut un masque chi­rur­gi­cal, refai­tes une hygiène des mains avec le SHA, mettez une paire de gants
d’examen (de pré­fé­rence gants nitrile) ; une sur­blouse à usage unique et des lunet­tes de pro­tec­tion lar­ge­ment cou­vran­tes2.
 4. Faites porter au patient un masque chi­rur­gi­cal.
 5. Appelez le SAMU-Centre 15 : celui-ci, en confé­rence télé­pho­ni­que, va conduire avec vous et l’Institut de veille sani­taire, l’évaluation
cli­nico-épidémiologique pour per­met­tre le clas­se­ment du cas.
 6. A l’issue de la confé­rence télé­pho­ni­que, le patient est classé en :
• Cas exclu : prise en charge habi­tuelle ;
• Cas pos­si­ble : le SAMU va orga­ni­ser l’inter­ven­tion d’une équipe du SMUR, entraî­née à la prise en charge de patients hau­te­ment
conta­gieux et équipée de tenues de pro­tec­tion adap­tées, pour venir cher­cher le patient dans votre cabi­net. Informez le patient
de son trans­fert vers un établissement de réfé­rence habi­lité qui le pren­dra en charge dans des condi­tions de sécu­rité maxi­ma­les.

Dans le cas où le patient serait « excré­tant » (vomis­se­ments, diar­rhée), l’équipe du SMUR vous appor­tera son appui pour les mesu­res de
déconta­mi­na­tion.

Votre patient est hos­pi­ta­lisé : qu’est-ce que ceci impli­que pour vous ?

A l’issue des exa­mens viro­lo­gi­ques spé­cia­li­sés pra­ti­qués par le centre natio­nal de réfé­rence (CNR) de Lyon (les résul­tats peu­vent pren­dre
24 à 48 heures),
 1. si le patient n’est pas atteint par le virus Ebola, vous en serez informé par un cor­res­pon­dant de l’Agence régio­nale de santé et aucune
conduite à tenir par­ti­cu­lière ne sera néces­saire ;
 2. si le patient est effec­ti­ve­ment infecté par le virus Ebola (cas confirmé) et que vous avez res­pecté les mesu­res de pro­tec­tion et
d’hygiène men­tion­nées ci-dessus, le risque de conta­mi­na­tion pour vous est très faible. Vous devrez sur­veiller votre tem­pé­ra­ture
2 fois/jour pen­dant 21 jours à partir de la date d’expo­si­tion poten­tielle. Vous serez contacté(e) tous les jours par un cor­res­pon­dant de
l’ARS pour faire le point sur votre état de santé. Vous pouvez conser­ver une acti­vité nor­male pen­dant cette période dès lors que vous
êtes asymp­to­ma­ti­que. En cas de fièvre ≥ 38°C, contac­tez sans délai le Samu-Centre 15.

Équipement recom­mandé
ther­mo­mè­tre sans contact, gants jeta­bles en nitrile (en vente en gran­des sur­fa­ces), mas­ques chi­rur­gi­caux et FFP2, quel­ques blou­ses à usage unique, lunet­tes de pro­tec­tion, soluté hydro alcoo­li­que (SHA) pour l’hygiène des mains, eau de javel (prête à l’emploi).

Le tableau ci-des­sous pré­sente les niveaux de risque de trans­mis­sion en fonc­tion du type de contact : (source InVS)

Risque très faible :
Contact non pro­longé sans équipement de pro­tec­tion indi­vi­duel (EPI) et sans notion de soins avec un patient fébrile, ambu­la­toire et capa­ble de s’occu­per de lui-même. Ex : sièges mitoyens dans les trans­ports en commun (bus, métro), échanges de docu­ments au bureau d’accueil à l’hôpi­tal, etc.

Risque faible : Contact rap­pro­ché, sans équipement de pro­tec­tion indi­vi­duel (EPI), en face à face avec un patient fébrile mais
ambu­la­toire. Exemple : examen cli­ni­que avec prise de tem­pé­ra­ture et mesure de la pres­sion san­guine.

Risque élevé :
 Contact rap­pro­ché (moins d’un mètre) en face à face sans équipement de pro­tec­tion indi­vi­duel (EPI) avec un patient fébrile qui tousse ou vomit, saigne du nez ou pré­sente de la diar­rhée.
 Relations sexuel­les non pro­té­gées avec un cas confirmé d’infec­tion à virus Ebola, jusqu’à 3 mois après la gué­ri­son.
 Contact direct avec du maté­riel souillé par des flui­des bio­lo­gi­ques d’un cas d’infec­tion à Ebola.
 Exposition trans­cu­ta­née, AES ou expo­si­tion muqueuse au sang ou à un fluide cor­po­rel (y inclus des selles diar­rhéi­ques ou des vomis­su­res), à des tissus bio­lo­gi­ques ou à des échantillons cli­ni­ques conta­mi­nés pro­ve­nant
d’un patient.
 Participation à des rites funé­rai­res avec une expo­si­tion directe au corps du défunt sans EPI adapté.
 Contact direct avec des chau­ves-souris, des pri­ma­tes, des ron­geurs, morts ou vivants, pro­ve­nant de la zone affec­tée, ou de la viande de brousse.

Pour en savoir plus :
 EBOLA : trai­te­ment et hôpi­taux de réfé­rence http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/EBOLA-trai­te­ment-et-hopi­taux-de.html
 EBOLA com­ment réagir http://www.syn­di­cat-infir­mier.com/Ebola-com­ment-reagir-en.html
 Ministère des Affaires socia­les, de la Santé et
des Droits des femmes www.sante.gouv.fr/ebola.html
 http://www.invs.sante.fr/Dossiers-the­ma­ti­ques/Maladies-infec­tieu­ses/Fievre-hemor­ra­gi­que-virale-FHV-a-virus-Ebola/Mesures-mises-en-place-en-France-limi­tant-la-trans­mis­sion-du-virus-si-un-cas-etait-confirme

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