Epuisement professionnel : étude sur le Burnout des infirmiers

2 décembre 2014

Une équipe de cher­cheurs uni­ver­si­tai­res a évalué l’ampleur (pré­va­lence et sévé­rité) du bur­nout dans un échantillon repré­sen­ta­tif des infir­miers actifs dans le sec­teur hos­pi­ta­lier en Belgique, afin de for­mu­ler des recom­man­da­tions concer­nant la manière avec laquelle ce pro­blème pour­rait être traité, notam­ment en termes de pré­ven­tion et de prise en charge.

Le bur­nout peut être défini comme “un état d’esprit néga­tif per­sis­tant lié au tra­vail, chez des indi­vi­dus “nor­maux”, qui est carac­té­risé par de l’épuisement, un sen­ti­ment d’inef­fi­ca­cité, une démo­ti­va­tion et des com­por­te­ments dys­fonc­tion­nels au tra­vail. Cet état d’esprit n’est sou­vent pas remar­qué par le tra­vailleur pen­dant un long moment. Il résulte d’une dif­fé­rence entre les inten­tions et la réa­lité du tra­vail. Souvent, les tra­vailleurs entre­tien­nent cet état d’esprit par des stra­té­gies d’adap­ta­tion qui sont inef­fi­ca­ces” (Schaufeli & Enzmann, 1998).

L’étude est basée sur les répon­ses de :
 37 établissements (22 hôpi­taux fla­mands, 10 hôpi­taux wal­lons et 5 hôpi­taux bruxel­lois).
 5 833 répon­dants, dont 80 % d’infir­miers (n=4635) et 20 % de méde­cins (n=1198), 73,8 % de femmes (n=4307) et 26,2 % d’hommes (n=1531).

Prévalence du burn-out

 7 % des infir­miers souf­frent de burn-out et 13 % appar­tien­nent au groupe à risque.
 L’uti­li­sa­tion de métho­des dif­fé­ren­tes rend dif­fi­cile la com­pa­rai­son de ces chif­fres avec l’étude belge pré­cé­dente. Hansez et des col­lè­gues (2011) ont établi une pré­va­lence de seu­le­ment 0,8 % dans la popu­la­tion active et l’étude euro­péenne RN4CAST (Aiken et al. 2012) a montré que 25 % des infir­miers belges obte­naient un score élevé en termes d’épuisement émotionnel (contre 31,1 % dans cette étude).
 Dans l’étude de Moors et al. (2001) réa­li­sée auprès de 2 075 infir­miers fla­mands (onco­lo­gie, soins inten­sifs, ser­vice géné­ral), envi­ron 28 % ont obtenu un score élevé pour l’épuisement émotionnel, 27 % pour la déper­son­na­li­sa­tion et 24 % pour l’accom­plis­se­ment per­son­nel réduit.

Les prin­ci­paux déter­mi­nants du burn-out sem­blent être les carac­té­ris­ti­ques du tra­vail « charge de tra­vail élevée », « épuisement émotionnel élevé » et « conflits de rôles ». Les consé­quen­ces du burn-out se situent prin­ci­pa­le­ment au niveau du bien-être indi­vi­duel (dimi­nu­tion du bien-être phy­si­que, psy­chi­que et psy­cho­so­ma­ti­que), le com­por­te­ment (aug­men­ta­tion de la consom­ma­tion de médi­ca­ments, absen­téisme, pré­sen­téisme, inci­dents cli­ni­ques) et les atti­tu­des (une plus grande inten­tion de quit­ter, être moins prêt à et se sentir moins capa­ble de tra­vailler jusqu’à 65 ans). On cons­tate ici aussi une cor­ré­la­tion entre un haut niveau d’enthou­siasme et une plus grande auto­no­mie et l’exploi­ta­tion des com­pé­ten­ces.

Il res­sort des résul­tats de l’étude que la charge de tra­vail, le conflit de rôles, la charge émotionnelle et le sou­tien social de la part des col­lè­gues sont les fac­teurs les plus déter­mi­nants

La recher­che a porté sur les éléments sui­vants :
 effec­tuer une revue de la lit­té­ra­ture scien­ti­fi­que natio­nale et inter­na­tio­nale en matière de bur­nout chez les méde­cins et les infir­miers dans le sec­teur hos­pi­ta­lier : défi­ni­tion, pré­va­lence, causes, consé­quen­ces, recom­man­da­tions … ;
 réa­li­ser une étude quan­ti­ta­tive auprès des méde­cins et des infir­miers du sec­teur hos­pi­ta­lier ;
 for­mu­ler des conclu­sions et des recom­man­da­tions, tant au niveau poli­ti­que qu’au niveau du sec­teur hos­pi­ta­lier, afin de per­met­tre au SPF Emploi, Travail et Concertation sociale ainsi qu’au SPF Santé publi­que, Sécurité de la Chaîne ali­men­taire et Environnement de mettre effec­ti­ve­ment en œuvre les résul­tats sur le ter­rain ;
 rédi­ger un rap­port écrit des éléments évoqués ci-dessus.

Pour plus de détails :
http://www.emploi.bel­gi­que.be/modu­le­De­fault.aspx?id=36139

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