Hépatite C : trop cher, le traitement ne sera pas délivré à tout le monde

23 novembre 2014

Communiqué de presse CISS du 20 novembre 2014

Le labo­ra­toire Gilead, qui met sur le marché une nou­velle molé­cule - le sofos­bu­vir - très effi­cace dans le trai­te­ment de l’hépa­tite C, récla­mait que son prix soit fixé à 56 000 euros. Il n’a pas eu gain de cause, le Journal offi­ciel publié ce matin men­tionne que l’accord trouvé entre le labo­ra­toire et les pou­voirs publics a conduit à fixer le prix de ce trai­te­ment à 41 000 euros (pour la cure de trois mois requise).

Rien ne bouge

Ainsi donc, rien ne bouge dans la fixa­tion du prix d’un médi­ca­ment : alors que de nom­breu­ses voix se sont élevées, dans le monde asso­cia­tif comme dans celui des res­pon­sa­bles publics, pour pro­tes­ter contre de tels prix, le gou­ver­ne­ment a donc cédé.

A tort, car d’autres médi­ca­ments très effi­ca­ces pour d’autres mala­dies vont arri­ver dans les pro­chains mois et pro­chai­nes années. Les meilleurs obser­va­teurs du domaine, et les pou­voirs publics eux-mêmes, par­lent d’une ving­taine de molé­cu­les nou­vel­les. A ce niveau de prix, notre assu­rance mala­die n’y résis­tera pas.

Il fal­lait donc se saisir de cette situa­tion, un cas d’école, pour chan­ger le mode de fixa­tion du prix du médi­ca­ment et que soit notam­ment pris en compte le coût réel de son déve­lop­pe­ment et de sa fabri­ca­tion. La France y renonce. C’est ter­ri­ble.

41 000 euros pour trier les mala­des !

La déci­sion du gou­ver­ne­ment ne règle pas non plus la ques­tion du tri des mala­des. Car, à ce prix-là, le trai­te­ment ne sera pas déli­vré à tout le monde. Il sera réservé aux cas les plus graves, à des stades médi­ca­le­ment qua­li­fiés de F4, F3 et « F2 sévè­res ». Les autres cas devront donc se passer de trai­te­ment inno­vant, en atten­dant que leur situa­tion ne s’aggrave et au risque que l’épidémie conti­nue à se répan­dre. Ce sera aux méde­cins eux-mêmes de faire la police de l’accès à l’inno­va­tion !!!

Il ne faudra pas s’étonner que rapi­de­ment, ou d’ici quel­ques années, des patients se voyant refu­ser le trai­te­ment, ou leurs ayants droit en cas de décès, fas­sent des procès pour mise en danger de la vie d’autrui ! Un comble pour la cin­quième puis­sance mon­diale…

Alors même que nous avons un trai­te­ment effi­cace, capa­ble d’arrê­ter la pro­pa­ga­tion de l’épidémie d’hépa­tite C en trai­tant TOUS les mala­des, la France fait le choix stra­té­gi­que de lais­ser l’épidémie conti­nuer à se déve­lop­per. Quelle leçon de santé publi­que !

41 000 €, c’est donc en France le prix du statu quo. C’est cher, très cher …

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