Les infirmières auront-elles leur place sous la prochaine présidence de la République ?

3 mai 2012

Communiqué de l’Ordre des Infirmiers

La santé n’a pas été un sujet sou­vent abordé durant la cam­pa­gne électorale et ne semble pas revê­tir un enjeu pour les deux can­di­dats res­tant en lice.
Pourtant, dans la recher­che de pro­tec­tion, d’huma­nité et de soli­da­rité qui motive les électeurs en ce scru­tin pré­si­den­tiel, la ques­tion de la santé et du deve­nir de notre sys­tème de santé devrait occu­per la pre­mière place.

L’Ordre natio­nal des infir­miers, repré­sen­tant de la pro­fes­sion de santé la plus impor­tante en nombre, étant comme d’autres pro­fes­sion­nels en pre­mière ligne dans la prise en charge des mala­des, la prise en charge de la dou­leur et l’accom­pa­gne­ment de la dépen­dance, sou­haite que les deux can­di­dats s’enga­gent au sujet de la pro­fes­sion infir­mière.

1. Améliorer les condi­tions de tra­vail des infir­miè­res pour aug­men­ter la qua­lité des soins aux patients

Une enquête récente de l’Ordre natio­nal des infir­miers (1) indi­que que près d’un infir­mier sur deux estime ne pas pou­voir assu­rer une sécu­rité des soins opti­male à ses patients au regard de ses condi­tions d’exer­cice. (51% dans le sec­teur public et 44% dans le sec­teur privé).

Ces chif­fres rejoi­gnent ceux d’une enquête inter­na­tio­nale récem­ment publiée (2) qui établit un lien entre la satis­fac­tion des infir­miè­res et celle des patients dans les treize pays étudiés. Les cher­cheurs ont pointé que « chaque patient en plus dont doit s’occu­per l’infir­mière va faire bais­ser sa satis­fac­tion » (3).

Or, la durée moyenne de séjour a dimi­nué de moitié en 50 ans et le nombre de patients a été mul­ti­plié par trois. Le défi­cit d’infir­miè­res est géné­ral. Rappelons qu’à Paris 600 postes d’infir­miè­res ne sont pas pour­vus.

Quelles mesu­res comp­tez-vous pren­dre pour amé­lio­rer les condi­tions de tra­vail des infir­miè­res dans les hôpi­taux afin d’assu­rer aux patients sécu­rité et qua­lité des soins ?

2. Permettre aux infir­miè­res de pres­crire pour répon­dre à la baisse du nombre des méde­cins et amé­lio­rer la prise en charge de la dou­leur

Confrontés à la baisse de la démo­gra­phie des méde­cins et au désen­ga­ge­ment de ceux-ci de cer­tai­nes tâches, les infir­miè­res sou­hai­te­raient que la loi reconnaisse cette évolution. Ainsi, il res­sort de l’enquête de l’Ordre des infir­miers que le droit de pres­crip­tion, ouvert aujourd’hui timi­de­ment aux infir­miers, devrait urgem­ment être élargi.

Dans la prise en charge de la dou­leur, dans le cadre de l’urgence, lors des soins au domi­cile, les infir­miers sont sou­vent en pre­mière ligne mais, pour­tant, ne peu­vent agir sans pres­crip­tion du méde­cin. Alors que cer­tains médi­ca­ments antal­gi­ques sont en vente libre en phar­ma­cie, il faut encore à l’hôpi­tal une pres­crip­tion du méde­cin pour que l’infir­mier puisse sou­la­ger la dou­leur des patients cons­ti­tuant une perte de chance pour le patient.
Nécessitant moins d’inter­ven­tion du méde­cin, l’auto­no­mie de pres­crip­tion de l’infir­mier serait aussi source d’économies.

Entendez-vous faire évoluer la loi pour per­met­tre aux infir­miers de pres­crire cer­tains médi­ca­ments notam­ment antal­gi­ques ainsi que cer­tains pro­duits utiles à la dis­pen­sa­tion des soins infir­miers ?

L’Ordre natio­nal des infir­miers sou­haite rap­pe­ler que les infir­miers, s’ils sont dis­po­sés à accep­ter des mis­sions nou­vel­les, enten­dent avant tout pou­voir exer­cer leur métier dans les meilleu­res condi­tions au béné­fice des patients et de la qua­lité des soins.

 (1) http://www.ordre-infir­miers.fr/assets/files/000/pdf/CP%20en­quete_Infirmiers%20ONI_11042012.pdf
 (2) British Medical Journal, 2012, http://www.bmj.com/content/344/bmj.e1717
 (3) Libération, 10 avril 2012, http://www.libe­ra­tion.

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