Nutri-Score : la santé des 68 millions de français a prévalu sur les millions des lobbys

14 mars 2025
Un an de retard. Un an de bras de fer entre la santé publique et les intérêts économiques des géants de l’agroalimentaire. Un an pendant lequel la France, pourtant pionnière du Nutri-Score depuis 2017, est restée en retrait pendant que six autres pays européens mettaient en place sa nouvelle version le 01.01.24. Un an où l’évidence a été mise en pause sous la pression des lobbys.
Pourquoi cette résistance ? La ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, ne s’en est pas cachée : elle a bloqué la publication de l’arrêté parce qu’il donnait une « mauvaise note » aux produits du terroir, notamment aux fromages et à la charcuterie. Mais derrière cet argument patrimonial, les véritables gagnants du blocage étaient surtout les grands industriels. Les géants de l’agroalimentaire, tels Lactalis et Danone ont tout fait pour éviter que leurs produits phares – Actimel, Danonino, HiPro – ne soient relégués dans le classement, révélant enfin leur teneur réelle en sucre.
Le Nutri-Score n’a jamais été conçu pour plaire à l’industrie. Il n’est ni une attaque contre le terroir ni une injonction alimentaire. C’est un outil de transparence, basé sur des données scientifiques, pour permettre aux consommateurs de faire des choix éclairés. Son algorithme révisé améliore la distinction entre aliments selon leur taux de sucre et de sel, revalorise les huiles moins riches en acides gras saturés et affine la différenciation entre aliments complets et raffinés.
Malgré l’évidence, le débat n’a pas seulement divisé la France : l’Italie a aussi profité du cadre juridique européen pour retarder son adoption, reprenant à son compte les arguments des lobbys agroalimentaires. Hostile au Nutri-Score dès le départ, Rome continue de défendre ses produits traditionnels face à un étiquetage qu’elle juge pénalisant. Pourtant, ce ne sont ni le parmesan ni l’huile d’olive qui sont en ligne de mire, mais bien les aliments ultra-transformés aux recettes adaptées aux impératifs marketing plutôt qu’à la santé publique.
Face à ces pressions, les ministres de la Santé Catherine Vautrin et Yannick Neuder ont fait preuve d’un véritable esprit de responsabilité. Ils ont assumé la nécessité de ce nouvel étiquetage malgré les réticences du ministère de l’Agriculture. En signant enfin l’arrêté, ils ont fait prévaloir l’intérêt général sur les intérêts économiques. Un choix fondamental dans un pays où le surpoids et l’obésité touchent près d’un adulte sur deux.
https://sante.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/catherine-vautrin-annie-genevard-eric-lombard-yannick-neuder-et-veronique
Le SNPI, signataire de l’appel demandant à rendre le Nutri-Score obligatoire, salue cette avancée. Mais il rappelle que l’information ne suffit pas : encore faut-il accompagner les consommateurs dans leurs choix. Qui mieux que les infirmiers, en première ligne dans la prévention et l’éducation à la santé, pour jouer ce rôle ?
https://nutriscore.blog/2024/10/27/un-collectif-de-scientifiques-et-professionnels-de-sante-appelle-le-premier-ministre-a-rendre-le-nutri-score-obligatoire-il-sagit-dune-urgence-de-sante-publique/
Car comprendre un étiquetage, c’est une chose. Adapter son alimentation à ses besoins réels, c’en est une autre. C’est là que l’expertise infirmière devient essentielle. Que ce soit auprès des patients atteints de diabète, d’hypertension ou de maladies cardiovasculaires, dans l’éducation des familles ou dans le suivi des seniors, les infirmières sont des relais indispensables. Elles traduisent les recommandations nutritionnelles en gestes du quotidien, en conseils pratiques adaptés à chaque situation. Elles sont souvent les seules à avoir le temps d’écouter, d’expliquer et d’accompagner des changements durables.
Cette victoire est aussi celle de Serge Hercberg et Mathilde Touvier, qui portent ce combat depuis des années contre vents et marées. Leur travail scientifique et leur engagement constant ont permis de faire du Nutri-Score un outil reconnu et efficace, influençant déjà les comportements alimentaires. Leur récent prix de la prévention en sciences et santé vient souligner l’importance de leur contribution dans un domaine où la science se heurte souvent aux intérêts financiers.
https://www.lexpress.fr/sciences-sante/prix-de-la-prevention-des-personnalites-sciences-et-sante-serge-hercberg-et-mathilde-touvier-le-NWQUPX6H7VE2ZHTMEXLPY7G2D4/
L’objectif du Nutri-Score est de fournir aux consommateurs au moment de leur acte d’achat la possibilité de comparer d’un simple coup d’œil la qualité nutritionnelle des aliments dans un même rayon ou destiné au même usage, leur permettant d’orienter leurs choix vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle. De plus, Nutri-Score pousse les industriels de l’agro-alimentaire à améliorer la composition nutritionnelle des aliments qu’ils produisent au travers de reformulations et d’innovations afin de bénéficier d’un meilleur classement sur cette échelle (et au bénéfice des consommateurs).
Les consommateurs connaissent aujourd’hui bien le Nutri-Score : cinq lettres, cinq couleurs, une lecture simple de la qualité nutritionnelle des aliments. D’ici deux ans, les emballages devront être mis à jour pour intégrer cette nouvelle version, plus précise et plus exigeante.
Alors, une question demeure : pourquoi a-t-il fallu un an de blocage et tant de pressions pour que la santé publique l’emporte sur les intérêts privés ?
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Quels sont les changements et les produits concernés ?
Entre 30 et 40 % des produits vont voir leur score changer. Les principales modifications portent sur les catégories suivantes :
– Les huiles ayant une teneur en acides gras saturés plus faible, comme l’huile d’olive, de colza ou de noix, seront notées B et non plus C ;
– La note de certains poissons gras, riches en oméga 3 (sardines, maquereaux…) va s’améliorer ;
– Il sera plus facile de différencier les féculents complets (pain, riz) des féculents raffinés ;
– Les produits salés et sucrés seront plus sévèrement notés ;
– L’eau sera la seule boisson notée A, les boissons à faible teneur en sucres seront mieux notées ;
– Les boissons avec édulcorant ne seront plus notées B mais de C à E ;
– Le score du lait, des laits aromatisés et sucrés, des yaourts à boire et des boissons végétales (amande, soja, riz…) sera calculé avec l’algorithme des boissons pour faciliter la comparaison.
En savoir plus sur le site mangerbouger.fr
https://www.mangerbouger.fr/manger-mieux/s-informer-sur-les-produits-qu-on-achete/nouveau-nutri-score/pourquoi-le-nutri-score-evolue
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