Prévention, éducation thérapeutique

28 février 2016

Distinctions entre promotion de la santé et l’éducation thérapeutique du patient (ETP).

La pré­ven­tion a pour objec­tif d’éviter l’appa­ri­tion, l’aggra­va­tion d’une mala­die ou lors­que celle-ci est pré­sente, de pré­ve­nir les réci­di­ves et les com­pli­ca­tions.

L’éducation pour la santé est un ensem­ble d’acti­vi­tés qui per­met­tent aux indi­vi­dus à qui elles s’adres­sent d’accroî­tre leurs connais­san­ces en vue d’adop­ter un com­por­te­ment favo­ra­ble à la santé.

La pro­mo­tion de la santé englobe les deux inter­ven­tions pré­cé­den­tes et com­prend une com­bi­nai­son d’actions de type éducatif, poli­ti­que, légis­la­tif ou orga­ni­sa­tion­nel, dans l’objec­tif d’amé­lio­rer l’état de santé à l’échelon indi­vi­duel et col­lec­tif.

Selon l’OMS, l’éducation thé­ra­peu­ti­que du patient vise à aider les patients à acqué­rir ou main­te­nir les com­pé­ten­ces dont ils ont besoin pour gérer au mieux leur vie avec une mala­die chro­ni­que.
 Elle fait partie inté­grante et de façon per­ma­nente de la prise en charge du patient.
 Elle com­prend des acti­vi­tés orga­ni­sées, y com­pris un sou­tien psy­cho­so­cial, conçues pour rendre les patients cons­cients et infor­més de leur mala­die, des soins, de l’orga­ni­sa­tion et des pro­cé­du­res hos­pi­ta­liè­res, et des com­por­te­ments liés à la santé et à la mala­die. Ceci a pour but de les aider (ainsi que leurs famil­les) à com­pren­dre leur mala­die et leur trai­te­ment, col­la­bo­rer ensem­ble et assu­mer leurs res­pon­sa­bi­li­tés dans leur propre prise en charge dans le but de
les aider à main­te­nir et amé­lio­rer leur qua­lité de vie.

Une infor­ma­tion orale ou écrite, un conseil de pré­ven­tion peu­vent être déli­vrés par un pro­fes­sion­nel de santé à diver­ses occa­sions, mais ils n’équivalent pas à une éducation thé­ra­peu­ti­que du patient.

Différents niveaux d’inter­ven­tion dans la démar­che sont pos­si­bles pour les pro­fes­sion­nels de santé et néces­si­tent une coor­di­na­tion et une trans­mis­sion d’infor­ma­tions.

Un pro­gramme d’éducation thé­ra­peu­ti­que défi­nit, pour une mala­die chro­ni­que donnée et dans un contexte donné, Qui fait Quoi, pour Qui, Où, Quand, Comment et Pourquoi réa­li­ser et évaluer une éducation thé­ra­peu­ti­que ?

Les fina­li­tés spé­ci­fi­ques de l’éducation thé­ra­peu­ti­que sont  :
 l’acqui­si­tion et le main­tien par le patient de com­pé­ten­ces d’auto­soins. Parmi elles, l’acqui­si­tion de com­pé­ten­ces dites de sécu­rité vise à sau­ve­gar­der la vie du patient. Leur carac­tère prio­ri­taire et leurs moda­li­tés d’acqui­si­tion doi­vent être consi­dé­rés avec sou­plesse, et tenir compte des besoins spé­ci­fi­ques de chaque patient ;
 la mobi­li­sa­tion ou l’acqui­si­tion de com­pé­ten­ces d’adap­ta­tion3. Elles s’appuient sur le vécu et l’expé­rience anté­rieure du patient et font partie d’un ensem­ble plus large de com­pé­ten­ces psy­cho­so­cia­les.

Tout pro­gramme d‘éducation thé­ra­peu­ti­que per­son­na­lisé doit pren­dre en compte ces deux dimen­sions tant dans l’ana­lyse des besoins, de la moti­va­tion du patient et de sa récep­ti­vité à la pro­po­si­tion d’une ETP, que dans la négo­cia­tion des com­pé­ten­ces à acqué­rir et à sou­te­nir dans le temps, le choix des conte­nus, des métho­des péda­go­gi­ques et d’évaluation des effets.

Les com­pé­ten­ces d’auto­soins
 Soulager les symp­tô­mes.
 Prendre en compte les résul­tats d’une auto­sur­veillance, d’une
auto­me­sure.
 Adapter des doses de médi­ca­ments, ini­tier un auto­trai­te­ment.
 Réaliser des gestes tech­ni­ques et des soins.
 Mettre en oeuvre des modi­fi­ca­tions à son mode de vie (équilibre
dié­té­ti­que, acti­vité phy­si­que, etc.).
 Prévenir des com­pli­ca­tions évitables.
 Faire face aux pro­blè­mes occa­sion­nés par la mala­die.
 Impliquer son entou­rage dans la ges­tion de la mala­die, des trai­te­ments et des réper­cus­sions qui en décou­lent.

Les com­pé­ten­ces d’adap­ta­tion
 Se connaî­tre soi-même, avoir confiance en soi.
 Savoir gérer ses émotions et maî­tri­ser son stress.
 Développer un rai­son­ne­ment créa­tif et une réflexion cri­ti­que.
 Développer des com­pé­ten­ces en matière de com­mu­ni­ca­tion et de
rela­tions inter­per­son­nel­les.
 Prendre des déci­sions et résou­dre un pro­blème.
 Se fixer des buts à attein­dre et faire des choix.
 S’obser­ver, s’évaluer et se ren­for­cer.

L’éducation thé­ra­peu­ti­que du patient doit :
 être cen­trée sur le patient : inté­rêt porté à la per­sonne dans son ensem­ble, prise de déci­sion par­ta­gée, res­pect des pré­fé­ren­ces ;
 être scien­ti­fi­que­ment fondée (recom­man­da­tions pro­fes­sion­nel­les, lit­té­ra­ture scien­ti­fi­que per­ti­nente, consen­sus pro­fes­sion­nel) et enri­chie par les retours d’expé­rience des patients et de leurs pro­ches pour ce qui est du contenu et des res­sour­ces éducatives ;
 faire partie inté­grante du trai­te­ment et de la prise en charge ;
 concer­ner la vie quo­ti­dienne du patient, les fac­teurs sociaux, psy­cho­lo­gi­ques et envi­ron­ne­men­taux ;
 être un pro­ces­sus per­ma­nent, qui est adapté à l’évolution de la mala­die et au mode de vie du patient ; elle fait partie de la prise en charge à long terme ;
 être réa­li­sée par des pro­fes­sion­nels de santé formés à la démar­che d’éducation thé­ra­peu­ti­que du patient et aux tech­ni­ques péda­go­gi­ques, enga­gés dans un tra­vail en équipe dans la coor­di­na­tion des actions ;
 s’appuyer sur une évaluation des besoins et de l’envi­ron­ne­ment du patient (diag­nos­tic éducatif), et être cons­truite sur des prio­ri­tés d’appren­tis­sage per­çues par le patient et le pro­fes­sion­nel de santé ;
 se cons­truire avec le patient, et impli­quer autant que pos­si­ble les pro­ches du patient ;
 s’adap­ter au profil éducatif et cultu­rel du patient, et res­pec­ter ses pré­fé­ren­ces, son style et rythme d’appren­tis­sage ;
 être défi­nie en termes d’acti­vi­tés et de contenu, être orga­ni­sée dans le temps, réa­li­sée par divers moyens éducatifs :
 uti­li­sa­tion de tech­ni­ques de com­mu­ni­ca­tion cen­trées sur le patient,
 séan­ces col­lec­ti­ves ou indi­vi­duel­les, ou en alter­nance, fon­dées sur les prin­ci­pes de l’appren­tis­sage chez l’adulte (ou l’enfant),
 acces­si­bi­lité à une variété de publics, en tenant compte de leur culture, ori­gine, situa­tion de han­di­cap, éloignement géo­gra­phi­que, res­sour­ces loca­les et du stade d’évolution de la mala­die,
 uti­li­sa­tion de tech­ni­ques péda­go­gi­ques variées, qui enga­gent les patients dans un pro­ces­sus actif d’appren­tis­sage et de mise en lien du contenu des pro­gram­mes avec l’expé­rience per­son­nelle de chaque patient,
 être mul­ti­pro­fes­sion­nelle, inter­dis­ci­pli­naire et inter­sec­to­rielle, inté­grer le tra­vail en réseau ;
 inclure une évaluation indi­vi­duelle de l’ETP et du dérou­le­ment du pro­gramme.

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