Ratios patients / infirmières et attractivité : le modèle californien (Bonnie Castillo)

28 avril 2024

Le SNPI, qui repré­sente la France dans la fédé­ra­tion inter­na­tio­nale GNU, a invité à Paris Bonnie Castillo, direc­trice exé­cu­tive du National Nurses United, le plus grand syn­di­cat d’infir­miè­res auto­ri­sées aux États-Unis, à décrire leur expé­rience dans la mise en place de ratios infir­miers en Californie, et les effets (amé­lio­ra­tion de la qua­lité des soins, dimi­nu­tion des ré-hos­pi­ta­li­sa­tions, baisse des postes vacants et des acci­dents de tra­vail)

Je suis fière d’être ici en soli­da­rité avec nos confrè­res du SNPI, ici en France, qui se bat­tent pour obte­nir des ratios de per­son­nel infir­mier pour leurs mem­bres. Nous sommes avec vous dans votre cam­pa­gne pour les ratios de per­son­nel, tout comme nous fai­sons cam­pa­gne pour des ratios de per­son­nel sûrs aux États-Unis !

En Amérique, nous avons appris de notre vic­toire en Californie sur les ratios de sécu­rité des effec­tifs que nous POUVONS gagner en déve­lop­pant notre mou­ve­ment de base. C’est pour­quoi nous avons fait avan­cer un projet de loi natio­nal sur les ratios de dota­tion en per­son­nel infir­mier sûr aux États-Unis, et chaque année, nous atti­rons de plus en plus d’infir­miè­res, de patients et de gens ordi­nai­res dans notre cam­pa­gne.

Aux États-Unis, nos employeurs sont moti­vés par le profit. Ils n’inves­tis­sent pas dans la sécu­rité des effec­tifs, même si des études ont montré que lors­que les infir­miè­res ont un trop grand nombre de patients, ces der­niers cou­rent un risque accru d’erreurs médi­ca­les évitables, de com­pli­ca­tions évitables, d’escar­res, d’allon­ge­ment de la durée du séjour à l’hôpi­tal et de réad­mis­sion à l’hôpi­tal.

Nos employeurs essaient sou­vent de nous dire qu’il y a une "pénu­rie d’infir­miè­res" et que nous devons nous occu­per de BEAUCOUP trop de patients parce qu’il n’y a tout sim­ple­ment pas assez d’infir­miè­res pour tout le monde. Ils ont sur­tout essayé d’uti­li­ser cette excuse pen­dant le Covid.

Nous sommes ici aujourd’hui pour sou­li­gner quel­que chose qui est tout aussi vrai en France qu’aux États-Unis : Il n’y a pas de "pénu­rie d’infir­miè­res". Il y a juste une pénu­rie d’infir­miè­res qui accep­tent de tra­vailler dans des condi­tions dan­ge­reu­ses - et cela était déjà vrai bien avant la Covid.

Les infir­miè­res se détour­nent de la pro­fes­sion lors­que nous avons tel­le­ment de patients que nous ne pou­vons pas leur donner les soins vitaux qu’ils méri­tent, ni même faire notre tra­vail.

La crise du per­son­nel est fabri­quée par les employeurs du sec­teur de la santé. Si les employeurs inves­tis­saient dans la sécu­rité des condi­tions de soins aux patients - la sécu­rité des effec­tifs étant le fac­teur le PLUS impor­tant pour la sécu­rité des soins aux patients - les infir­miè­res ne se sen­ti­raient pas obli­gées de partir.

C’est MAINTENANT que les employeurs du sec­teur de la santé du monde entier doi­vent inves­tir dans la sécu­rité du per­son­nel. La crise cli­ma­ti­que a déjà des réper­cus­sions néga­ti­ves sur la santé, avec des vagues de cha­leur mor­tel­les et d’autres condi­tions météo­ro­lo­gi­ques extrê­mes qui condui­sent les patients à l’hôpi­tal. Et le pire est pro­ba­ble­ment encore à venir.

Nous soi­gnons encore des patients tou­chés par Covid-19, et nous ne savons pas quand la pro­chaine pan­dé­mie arri­vera.

Les employeurs DOIVENT inves­tir dès aujourd’hui dans la dota­tion en per­son­nel infir­mier. À défaut, d’autres patients souf­fri­ront et d’autres infir­miè­res conti­nue­ront à quit­ter leur emploi.

National Nurses United ne ces­sera jamais de se battre jusqu’à ce que nous obte­nions des ratios d’effec­tifs sûrs à tra­vers les États-Unis, et nous serons aux côtés des infir­miè­res de France jusqu’à ce qu’elles obtien­nent des limi­tes d’effec­tifs sûres créées avec la contri­bu­tion des INFIRMIÈRES. Merci !

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Le SNPI repré­sente la France dans la fédé­ra­tion inter­na­tio­nale GNU. Nous vous invi­tons à écouter les res­pon­sa­bles amé­ri­cains du GNU, qui expli­quent les effets de de l’implan­ta­tion des ratios en Californie (amé­lio­ra­tion de la qua­lité des soins, dimi­nu­tion des ré-hos­pi­ta­li­sa­tions, baisse des postes vacants et des acci­dents de tra­vail) : Zenei Triunfo-Cortez, pré­si­dente du NNU et Bonnie Castillo, direc­trice exé­cu­tive du NNU

@Glo­bal­Nur­sesU GNU Global Nurses United est une fédé­ra­tion de syn­di­cats d’infir­miè­res de 35 pays, qui se réu­nis­sent pour inten­si­fier la lutte contre l’aus­té­rité, la pri­va­ti­sa­tion et les atta­ques contre la santé publi­que, et pour œuvrer pour les droits des infir­miè­res pour l’amé­lio­ra­tion des soins aux patients pour tous.

@Na­tio­nal­Nur­ses NNU National Nurses United est le plus grand syn­di­cat d’infir­miè­res des États-Unis, avec 225.000 mem­bres

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