SOS maternités : toujours plus de fermetures, aux dépens des patientes

5 mars 2023

Ces der­niè­res années, beau­coup de mater­ni­tés ont fermé ou sont mena­cées comme à Guingamp (Côtes d’Armor), Sedan (Ardennes), Porto-Vecchio (Corse-du-Sud), Autun (Saône-et-Loire), Ganges (Hérault), Vendôme (Loir-et-Cher) et Guilherand-Granges (Ardèche).

Le Syndical National des Professionnels Infirmiers SNPI CFE-CGC dénonce l’impact de ces déci­sions sur la santé et le bien-être des femmes encein­tes, des nour­ris­sons et de leur famille.

L’effet des fer­me­tu­res de mater­ni­tés sur le temps d’accès est impor­tant :
- Dans le Lot, le pour­cen­tage des femmes en âge de pro­créer rési­dant à plus de 45 minu­tes d’une mater­nité passe de 6 % en 2000 à 24 % en 2017, à la suite de la fer­me­ture de trois des quatre mater­ni­tés pré­sen­tes en 2000.
- En Haute-Saône, alors que 62 % des patien­tes accou­chaient à moins de 30 minu­tes de leur domi­cile en 2001, cette pro­por­tion n’est plus que de 45 % en 2010.
- En Ariège, la com­mune la plus peu­plée (Pamiers) ne pos­sède pas de mater­nité alors que la nata­lité y est dyna­mi­que, avec une hausse de 54 % des accou­che­ments pour ses habi­tan­tes en dix ans.
- Dans le Gers, dépar­te­ment où le temps d’accès médian est le plus élevé (42 minu­tes), plus des deux tiers des femmes sont concer­nées par des tra­jets supé­rieurs à 30 minu­tes.

"En fer­mant ces mater­ni­tés, nous crai­gnons que les futu­res mères n’aient pas accès aux soins de santé dont elles ont besoin dans un délai adapté, ce qui peut mettre en danger la santé de la mère et de l’enfant" alerte Thierry Amouroux, le porte-parole du SNPI.

Cela repré­sente également un éloignement par­ti­cu­liè­re­ment contrai­gnant pour celles qui sont sui­vies en inté­gra­lité à la mater­nité et qui doi­vent donc effec­tuer de longs et fré­quents dépla­ce­ments.

La situa­tion risque de s’aggra­ver, et pour seule réponse le rap­port Yves Ville pro­pose d’en fermer une cen­taine d’autres ! Le budget des hôpi­taux ONDAM voté pour 2023 est de 4%, soit 3 fois moins que l’infla­tion réelle : le SNPI demande au gou­ver­ne­ment d’inves­tir dans notre sys­tème de santé pour garan­tir à chacun un accès à des soins de santé équitables et de qua­lité sur son bassin de vie.

En France métro­po­li­taine, le nombre de mater­ni­tés est passé
- de 1 369 en 1975
- à 814 en 1996,
- pour s’établir à 461 en 2019

Dans les ser­vi­ces d’obs­té­tri­que, le nombre de lits a qua­si­ment été divisé par deux depuis trente ans. En 2019, les 15.100 lits d’obs­té­tri­que ont accom­pa­gnés 740.000 accou­che­ments. Un nombre de nais­san­ces com­pa­ra­ble aux années 90, après avoir culminé à 802.000 en 2010.

Beaucoup de ser­vi­ces d’urgen­ces et de mater­ni­tés ont été fermés au nom de la culture du chif­fre (x pas­sa­ges ou accou­che­ments par an) qui serait un cri­tère de sécu­rité. Mais dans une mater­nité qui réa­lise huit cents nais­san­ces par an, chaque membre du ser­vice connaît « per­son­nel­le­ment » chaque maman et inver­se­ment. Ce niveau de proxi­mité ras­sure.

La gros­sesse n’est pas une mala­die, c’est un état à part, qui néces­site un accom­pa­gne­ment soi­gnant de proxi­mité. En France, envi­ron 20 % des femmes encein­tes sont concer­nées par les gros­ses­ses à risque. Dans ce cas, il est indis­pen­sa­ble d’être prise en charge de façon spé­ci­fi­que, en pre­nant en consi­dé­ra­tion les sou­haits de la femme enceinte (par exem­ple la proxi­mité de son domi­cile).

Les mater­ni­tés de type I dis­po­sent d’une unité d’obs­té­tri­que avec une pré­sence orga­ni­sée de sages-femmes, d’obs­té­tri­ciens, de pédia­tres et d’anes­thé­sis­tes-réa­ni­ma­teurs. Par ailleurs de peti­tes mater­ni­tés peu­vent être trans­for­mées pour deve­nir des cen­tres péri­na­taux de proxi­mité (CPP).

L’orien­ta­tion le plus en amont pos­si­ble de l’accou­che­ment donne un délai per­met­tant à la femme enceinte de s’orga­ni­ser au plan per­son­nel et fami­lial. Pour le SNPI, il est pri­mor­dial que la femme soit acteur de son par­cours. Il convient de l’aider à s’orga­ni­ser et de s’assu­rer de l’acces­si­bi­lité aux soins.

Les recom­man­da­tions HAS ont pour objec­tifs d’opti­mi­ser l’adé­qua­tion de la prise en charge des femmes encein­tes en fonc­tion du type de mater­nité et d’homo­gé­néi­ser les bonnes pra­ti­ques de prise de déci­sion d’orien­ta­tion, face à des ris­ques obs­té­tri­caux iden­ti­fiés. Pour cela, elles visent à :
- défi­nir selon des cri­tè­res médi­caux quel­les femmes encein­tes orien­ter dans les mater­ni­tés de type I, II ou III en fonc­tion des ris­ques fœto-mater­nels ;
- har­mo­ni­ser les indi­ca­tions d’orien­ta­tion et de réo­rien­ta­tion au sein des réseaux de péri­na­ta­lité ;
- amé­lio­rer la com­pré­hen­sion par les pro­fes­sion­nels autant que par les femmes encein­tes de l’uti­lité et des limi­tes de l’orien­ta­tion entre les établissements d’un réseau de péri­na­ta­lité ;
- défi­nir les outils néces­sai­res à une orga­ni­sa­tion effi­cace des orien­ta­tions, afin d’en amé­lio­rer la sécu­rité et le confort.

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