Vaccin contre la grippe : les infirmiers réclament des compétences élargies

16 janvier 2017

Alors que le pic natio­nal de l’épidémie de grippe devrait être atteint la semaine pro­chaine, les ser­vi­ces d’urgen­ces des hôpi­taux de plu­sieurs régions sont débor­dés, et on peut légi­ti­me­ment crain­dre un triste record de sur­mor­ta­lité. En France, la cou­ver­ture vac­ci­nale pose pro­blème. Pourtant, des solu­tions exis­tent. L’Ordre natio­nal des infir­miers réclame un élargissement du rôle des infir­miers en matière de vac­ci­na­tion.

Grippe : une situa­tion de crise

Alors que le pic natio­nal de l’épidémie de grippe devrait être atteint la semaine pro­chaine, les ser­vi­ces d’urgen­ces des hôpi­taux de plu­sieurs régions sont débor­dés. Certains ont créé des "unités de crise" pour aug­men­ter en urgence leur capa­cité d’accueil. En France, chaque année, la grippe touche en moyenne 2,5 mil­lions de per­son­nes et tue entre 3 000 et 8 000 per­son­nes. Mais cette année, on observe le retour d’un virus par­ti­cu­liè­re­ment viru­lent, proche de celui qui avait contri­bué l’hiver der­nier à une sur­mor­ta­lité de 18 300 per­son­nes selon les chif­fres offi­ciels.

Marisol Touraine a indi­qué mer­credi, à la sortie du conseil des minis­tres, que le bilan de la grippe « sera pro­ba­ble­ment lourd ». Elle a appelé les établissements et les Agences régio­na­les de santé à s’assu­rer du nombre suf­fi­sant de lits dis­po­ni­bles pour accueillir les mala­des qui doi­vent être hos­pi­ta­li­sés. Pour cela, la Ministre a demandé aux établissements de dépro­gram­mer, dans la mesure du pos­si­ble, cer­tai­nes opé­ra­tions.

Une solu­tion : per­met­tre aux infir­miers d’étendre la cou­ver­ture vac­ci­nale

En France, la cou­ver­ture vac­ci­nale pose pro­blème. Ainsi, lors de la cam­pa­gne 2015-2016, seu­le­ment 48% des assu­rés à risque se sont fait vac­ci­ner. L’Organisation mon­diale de la santé pré­co­nise une cou­ver­ture de 75%.

Depuis 2008, les infir­miers vac­ci­nent sans pres­crip­tion médi­cale préa­la­ble les per­son­nes âgées de plus de 65 ans et attein­tes de cer­tai­nes patho­lo­gies chro­ni­ques, à l’excep­tion de la pri­mo­vac­ci­na­tion. Cette mesure de santé publi­que permet ainsi la vac­ci­na­tion de près d’1 mil­lion de per­son­nes par des infir­miè­res, et ceci chaque année.

Mais pour­quoi ne pas élargir ce rôle à une popu­la­tion plus large, et prio­ri­tai­re­ment l’entou­rage des per­son­nes fra­gi­les ? On compte aujourd’hui 600 000 pro­fes­sion­nels dont 100 000 se ren­dent quo­ti­dien­ne­ment au domi­cile des patients sur tout le ter­ri­toire. A l’image des sages-femmes qui ont vu très récem­ment et par simple arrêté leur rôle élargi, pour­quoi se priver de celui que peut jouer notre pro­fes­sion, par­fai­te­ment formée pour exer­cer cet acte de soin ?

Malgré les deman­des répé­tées de l’Ordre natio­nal des infir­miers, aucune mesure concrète n’a encore été prise pour saisir cette oppor­tu­nité d’élargissement de la cou­ver­ture vac­ci­nale.

Vaccin : vers une obli­ga­tion pour les soi­gnants ?

La concer­ta­tion citoyenne sur la vac­ci­na­tion pré­si­dée par le Professeur Alain Fischer vient de pré­co­ni­ser une « recom­man­da­tion forte de la vac­ci­na­tion des pro­fes­sion­nels ». L’Académie natio­nale de méde­cine sou­tient cette pro­po­si­tion qu’elle consi­dère comme « la mesure la plus effi­cace pour amé­lio­rer la cou­ver­ture vac­ci­nale ».

Didier Borniche, Président de l’Ordre des Infirmiers, tient à rap­pel­ler qu’un avis récent du Haut conseil de Santé publi­que pré­co­nise l’obli­ga­tion vac­ci­nale des pro­fes­sion­nels de santé dans cer­tains cas et invite donc à mener une réflexion sur cette ques­tion : « Rendre obli­ga­toire la vac­ci­na­tion des soi­gnants peut se jus­ti­fier à la fois pour les pro­té­ger, en raison des contacts pos­si­bles avec des patients sus­cep­ti­bles d’être por­teurs de germes, en par­ti­cu­lier dans les établissements de santé, mais également pour pro­té­ger les patients d’une conta­mi­na­tion soi­gnant-soigné. Nous ne devons pas oublier que les soi­gnants repré­sen­tent un groupe à risque majoré d’infec­tion grip­pale. La vac­ci­na­tion des soi­gnants est sus­cep­ti­ble de réduire la mor­ta­lité et la mor­bi­dité des per­son­nes âgées dans les ser­vi­ces de long séjour. Cette pro­po­si­tion mérite donc d’être explo­rée car dans tous les cas, étendre la cou­ver­ture vac­ci­nale des soi­gnants ne pour­rait donc être que béné­fi­que, ne serait-ce que pour une ques­tion d’exem­pla­rité. »

Communiqué ordi­nal du 13.01.17

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