Vivre ensemble, travailler ensemble

vivre ensemble

6 juin 2015

Sous le titre « Après le 11 janvier 2015 : vivre ensemble, travailler ensemble », les centrales syndicales françaises CGT, CFDT, CFTC, CFE-CGC, Unsa, FSU et Solidaires ont présenté un texte commun. Le texte décline en cinq chapitres les champs des actions favorisant le vivre ensemble : l’emploi, « facteur d’intégration sociale », la lutte « contre les discriminations à l’embauche », l’action dans les quartiers, l’éducation et enfin la laïcité au travail.

Après les ter­ri­bles événements du mois de jan­vier qui ont visé le jour­nal Charlie Hebdo, des poli­ciers et le maga­sin Hyper-Cacher, les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les enten­dent pren­dre la pleine mesure de ce qui s’est passé, tant le 7 et le 9 que les 10 et 11 jan­vier 2015. Après avoir réagi ensem­ble et contri­bué à la mobi­li­sa­tion citoyenne, elles ont décidé d’enga­ger un tra­vail commun nou­veau dont ce texte par­tagé est la pre­mière tra­duc­tion.

Cette contri­bu­tion ne pré­tend pas effa­cer les sen­si­bi­li­tés dif­fé­ren­tes qui s’expri­ment dans cha­cune des orga­ni­sa­tions à partir de leur his­toire, de leurs orien­ta­tions et de leurs posi­tion­ne­ments reven­di­ca­tifs. Le mou­ve­ment syn­di­cal, riche de cette diver­sité, est cons­ti­tu­tif d’une société démo­cra­ti­que. Il se retrouve sur les valeurs essen­tiel­les que sont l’égalité, la fra­ter­nité, la soli­da­rité, le res­pect des droits de l’Homme et les liber­tés. Son action est inconci­lia­ble avec toute logi­que dis­cri­mi­na­toire, sexiste, raciste ou anti­sé­mite.

C’est dans cet esprit que le mou­ve­ment syn­di­cal, avec tous ceux qui croient à l’action citoyenne et col­lec­tive, veut assu­mer son rôle. Dans le monde du tra­vail, là où elles pui­sent leur légi­ti­mité, les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les veu­lent contri­buer à tisser le lien social, à refon­der des soli­da­ri­tés nou­vel­les, à redon­ner confiance et espoir à ceux qui tra­vaillent, par­fois dure­ment, et qui crai­gnent pour leur avenir. Nous devons conti­nuer à aller au-devant de ceux qui ne deman­dent qu’à rejoin­dre cet uni­vers de tra­vail pour sta­bi­li­ser leurs vies et leurs len­de­mains, pour se sentir, tous, plei­ne­ment dans la com­mu­nauté natio­nale et contri­buer à son déve­lop­pe­ment.

Parce qu’elles par­ta­gent des prin­ci­pes répu­bli­cains et des valeurs démo­cra­ti­ques com­mu­nes, les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les s’enga­gent à agir, ensem­ble, au-delà de leurs dif­fé­ren­ces, afin que le « vivre ensem­ble » ait un sens pour chaque conci­toyen(ne).

Ce texte est struc­turé en cinq cha­pi­tres qui chacun aborde un aspect de ce posi­tion­ne­ment col­lec­tif. Il ne pré­tend pas à l’exhaus­ti­vité mais cons­ti­tue un socle commun sur les valeurs et les pra­ti­ques sur les­quel­les se rejoi­gnent et doi­vent s’enga­ger les mili­tan­tes et mili­tants des dif­fé­rents syn­di­cats contri­bu­teurs.

1. L’emploi et le tra­vail : « Des fac­teurs essen­tiels d’émancipation et
d’inté­gra­tion sociale »

L’emploi cons­ti­tue un élément essen­tiel de l’inser­tion sociale, pour l’auto­no­mie et l’indé­pen­dance des per­son­nes, pour leur assu­rer les moyens maté­riels d’exis­tence par le salaire comme la pro­tec­tion sociale qu’il génère. A ce titre, le tra­vail tient une place cen­trale dans notre société. Il permet la cons­truc­tion de rap­ports humains, de liens sociaux, de soli­da­rité entre per­son­nes qui par­ta­gent une situa­tion com­mune et agis­sent ensem­ble. Les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les, au plus proche des sala­rié(e)s, sont à leur ser­vice, pour enten­dre leurs aspi­ra­tions, les tra­duire en reven­di­ca­tions, pro­po­ser, cons­truire le rap­port de force. Le tra­vail est source de socia­li­sa­tion, de culture com­mune et d’émancipation autour d’un projet col­lec­tif. Il est aussi un espace de confron­ta­tion, de luttes où s’oppo­sent des inté­rêts contra­dic­toi­res sur les ques­tions d’emploi, de salai­res et de condi­tions de tra­vail entre les sala­rié(e)s et leur employeur. L’action syn­di­cale contri­bue ainsi à rap­pro­cher, unir les sala­riés au-delà de leurs dif­fé­ren­ces pour recher­cher l’inté­rêt commun.

L’emploi doit être source d’inté­gra­tion et de reconnais­sance dans la société. La situa­tion est pour­tant dif­fé­rente en fonc­tion des métiers et des acti­vi­tés qui pour cer­tai­nes sont por­teu­ses d’iné­ga­li­tés et de condi­tions de tra­vail dégra­dées. Ces sec­teurs pro­fes­sion­nels mar­qués par la pré­sence mas­sive de femmes ou de tra­vailleu­ses et tra­vailleurs d’ori­gine étrangère (sous­trai­tance, sec­teur du bâti­ment, ser­vi­ces à la per­sonne, net­toyage ou emplois de sécu­rité…) sont géné­ra­le­ment les plus ouverts aux per­son­nes sans diplôme ou peu qua­li­fiées et enfer­ment ces sala­riés dans l’ins­ta­bi­lité dura­ble et l’insé­cu­rité sociale.

D’autres popu­la­tions pei­nent à trou­ver leur place dans l’emploi et souf­frent donc de pré­ca­rité et d’insé­cu­rité.

Les plus jeunes et les plus âgés appa­rais­sent comme des popu­la­tions deve­nues « varia­bles d’ajus­te­ment » autour d’une caté­go­rie d’âges moyens où se concen­trent, pour ceux qui sont en emploi, l’inten­si­fi­ca­tion du tra­vail et de fortes atten­tes de per­for­man­ces immé­dia­tes.

Les per­son­nes que l’on qua­li­fie de « seniors », les plus âgées dans le monde du tra­vail, sont par­ti­cu­liè­re­ment tou­chées par le chô­mage, voire par des situa­tions d’exclu­sion liées à des formes de dis­cri­mi­na­tion en raison de leur situa­tion phy­si­que ou à des pré­ju­gés géné­ra­tion­nels.

Dans le même temps, de plus en plus de jeunes pei­nent à entrer dans la vie active, à béné­fi­cier de choix en matière d’inser­tion per­son­nelle et pro­fes­sion­nelle, à se cons­truire des pers­pec­ti­ves d’avenir et à vivre décem­ment au quo­ti­dien.

La per­ma­nence d’un chô­mage élevé et de longue durée, com­biné à une pré­ca­rité très impor­tante, à des dis­cri­mi­na­tions à l’embau­che liées en par­ti­cu­lier à l’ori­gine, au nom, au lieu d’habi­ta­tion sont autant d’obs­ta­cles à l’inté­gra­tion de ces jeunes et cons­ti­tuent un défi à rele­ver. Nos orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les doi­vent s’enga­ger dans ce combat et davan­tage être à l’écoute de cette jeu­nesse qui ne se reconnaît pas tou­jours dans nos dis­cours et nos formes d’actions.

Au-delà de ces cons­tats, des évolutions en matière d’inten­si­fi­ca­tion et de souf­france au tra­vail, les modi­fi­ca­tions inces­san­tes de son orga­ni­sa­tion, l’éclatement des col­lec­tifs de tra­vail met­tent à mal l’aspect inté­gra­teur et valo­ri­sant du tra­vail pour de nom­breux sala­riés – femmes et hommes - quels que soient le sec­teur pro­fes­sion­nel et les qua­li­fi­ca­tions.

L’atta­che­ment au tra­vail et la reconnais­sance sociale induite par l’emploi res­tent des sen­ti­ments forts mais sont mena­cés dans la cons­cience col­lec­tive par la pré­ca­rité et des formes de tra­vail insa­tis­fai­san­tes. Face à cette situa­tion, les mili­tan­tes et mili­tants syn­di­caux agis­sent  :
- Pour faire de l’emploi pérenne et stable, ainsi que de la for­ma­tion pro­fes­sion­nelle conti­nue, des droits appor­tant à chacun les moyens de l’auto­no­mie, c’est-à-dire la faculté de se nour­rir, se loger, se soi­gner, se culti­ver, se dépla­cer, assu­rer son avenir et celui de ses pro­ches.
- Pour un par­tage des temps de vie et de tra­vail qui per­mette tout au long de la vie l’épanouissement per­son­nel et fami­lial, l’éducation et le déve­lop­pe­ment indi­vi­duel, l’enga­ge­ment asso­cia­tif et citoyen ainsi que le droit de béné­fi­cier d’une retraite décente et garan­tie.
- Pour res­ti­tuer au tra­vail son carac­tère émancipateur et valo­ri­sant en des­ser­rant l’étau de son inten­si­fi­ca­tion pour lui redon­ner sens et faire des entre­pri­ses, admi­nis­tra­tions et asso­cia­tions des lieux de droits réels offrant à chacun des espa­ces d’expres­sion et d’échanges.
- Pour un juste par­tage des riches­ses pro­dui­tes assu­rant des rému­né­ra­tions satis­fai­san­tes, des poli­ti­ques d’inves­tis­se­ments, de recher­che et d’inno­va­tion sour­ces de créa­tions d’emplois et res­pec­tueu­ses des exi­gen­ces socia­les et envi­ron­ne­men­ta­les dans notre pays comme dans le cadre des échanges inter­na­tio­naux.
- Pour une action déter­mi­née en faveur de l’égalité entre les femmes et les hommes et la lutte contre toutes les formes de dis­cri­mi­na­tions.
- Pour mettre le patro­nat et le gou­ver­ne­ment face à leurs res­pon­sa­bi­li­tés.

2. - Agir contre les dis­cri­mi­na­tions à l’embau­che et au tra­vail. « Des pré­ju­gés au racisme et à l’exclu­sion, les che­mins de l’inac­cep­ta­ble »

Diverses formes de dis­cri­mi­na­tions peu­vent affec­ter poten­tiel­le­ment tout citoyen pour accé­der à l’emploi ou pour per­met­tre une évolution de car­rière nor­male.

Le cadre juri­di­que de la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions a évolué posi­ti­ve­ment en France du fait notam­ment de l’action euro­péenne (deux direc­ti­ves adop­tées en 2000 en sont l’illus­tra­tion : la direc­tive 2000/43/CE du Conseil du 29 juin 2000 rela­tive à la mise en œuvre du prin­cipe de l’égalité de trai­te­ment entre les per­son­nes sans dis­tinc­tion de race ou d’ori­gine eth­ni­que et la Directive 2000/78/CE du Conseil du 27 novem­bre 2000 por­tant créa­tion d’un cadre géné­ral en faveur de l’égalité de trai­te­ment en matière d’emploi et de tra­vail) et d’un « pro­gramme d’action de lutte contre toute dis­cri­mi­na­tion directe ou indi­recte fondée sur la race ou l’ori­gine eth­ni­que, la reli­gion, ou les convic­tions, un han­di­cap, l’âge ou l’orien­ta­tion sexuelle ».

De fait, de nom­breux textes natio­naux ou euro­péens, légaux ou contrac­tuels, exis­tent et cons­ti­tuent une base per­met­tant de com­bat­tre les pré­ju­gés et les dis­cri­mi­na­tions. Cet arse­nal utile souf­fre cepen­dant d’insuf­fi­san­ces et, par­fois de manque d’opé­ra­tion­na­lité et d’évaluation.

Des dif­fi­cultés pour mesu­rer la diver­sité et l’effi­ca­cité de l’action res­tent pré­sen­tes. Par exem­ple, une « Charte de la diver­sité » d’ini­tia­tive privée a été signée en 2004 et conti­nue à être pro­po­sée à l’adhé­sion volon­taire aux entre­pri­ses. Cette charte a ins­piré un « Label Diversité » créé à la demande de l’Etat afin de lui donner davan­tage de sub­stance et for­ma­li­ser des agré­ments par un jury incluant des repré­sen­tants des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les.

Ce label est déli­vré, sur la base d’un cahier des char­ges édicté par AFNOR par une Certification vala­ble pour une durée de 4 ans (200 entre­pri­ses du sec­teur public comme du sec­teur privé en béné­fi­cient à ce jour). Ce Label cons­ti­tue une inci­ta­tion pour les entre­pri­ses et les admi­nis­tra­tions publi­ques à s’enga­ger dans l’action pour l’égalité. On en voit pour­tant les limi­tes par son carac­tère basé sur le volon­ta­riat et ses contours incer­tains qui mêlent indis­tinc­te­ment actions pour l’égalité pro­fes­sion­nelle, main­tien en emploi des séniors et lutte contre les dis­cri­mi­na­tions liées à l’ori­gine ou aux pré­fé­ren­ces sexuel­les.

De la même manière, l’accord natio­nal inter­pro­fes­sion­nel en faveur de la diver­sité signé en 2006 par une large majo­rité d’orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les était censé faire entrer de plain-pied la lutte contre les dis­cri­mi­na­tions liées à l’ori­gine réelle ou sup­po­sée dans le champ du dia­lo­gue social au sein des bran­ches et des entre­pri­ses ainsi que des ins­ti­tu­tions repré­sen­ta­ti­ves du per­son­nel. Cet accord étendu par la loi a pro­duit au moment de sa mise en œuvre une dyna­mi­que réelle mais qui s’est rapi­de­ment épuisée. Le contenu de l’accord reste per­ti­nent mais l’absence de volonté patro­nale d’assu­rer sa vie, sa mise en œuvre et son suivi ainsi que le refus réi­téré d’évaluer les expé­ri­men­ta­tions pré­vues (par exem­ple en matière de CV ano­ny­mes) abou­tis­sent à un bilan mitigé.

Les voies de recours pour agir contre les dis­cri­mi­na­tions au tra­vail font actuel­le­ment l’objet d’une concer­ta­tion avec les minis­tè­res du tra­vail et de la ville. Là encore, la règle­men­ta­tion exis­tante néces­site d’être ren­for­cée par des actions juri­di­ques pré­ven­ti­ves en cas de sus­pi­cion de dis­cri­mi­na­tion. Dans ce cadre, les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les doi­vent avoir toute légi­ti­mité à ester en jus­tice. En matière de répa­ra­tion de pré­ju­dice, l’intro­duc­tion d’une action col­lec­tive à l’ini­tia­tive des orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les et des asso­cia­tions agréées en matière de lutte contre le racisme et d’autre formes de dis­cri­mi­na­tions ouvre de nou­vel­les pers­pec­ti­ves per­met­tant un recours plus aisé à des pro­cé­du­res judi­ciai­res.

Que ce soit dans les entre­pri­ses pri­vées ou dans le sec­teur public, la pro­blé­ma­ti­que des dis­cri­mi­na­tions à l’embau­che et en cours de car­rière est la même. Les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les sont mobi­li­sées pour trai­ter ce pro­blème et pro­po­sent d’ores et déjà des mesu­res qu’elles por­te­ront devant tous les déci­deurs. Les mili­tan­tes et les mili­tants syn­di­caux agis­sent :
- Pour une révi­sion de l’ANI diver­sité de 2006 telle que prévue par l’agenda social adopté le 23 février 2015 et vers une nou­velle dyna­mi­que de mise en œuvre dans les bran­ches et entre­pri­ses.
- Pour des dis­po­si­tifs amé­lio­rés en matière de Label diver­sité et une appro­che ciblée des diver­ses formes de dis­cri­mi­na­tion.
- Pour la mise en place dans le privé comme dans le public de « réfé­rents diver­sité ».
- Pour la mise en place d’indi­ca­teurs précis en matière de recru­te­ment et de ses moda­li­tés ainsi que sur les poli­ti­ques de pro­mo­tion et d’évolution de car­rière.
- Pour la mise en place de voies de recours juri­di­ques aisées, effi­ca­ces et rapi­des en cas de situa­tion avérée de dis­cri­mi­na­tion de tout type.
- Pour un par­tage des infor­ma­tions déte­nues par les employeurs res­pec­tant la confi­den­tia­lité des per­son­nes

3. Agir dans les cités, les quar­tiers, les villes et les vil­la­ges : « Vivre ensem­ble dans le res­pect et le bien-être »

Le déve­lop­pe­ment de poli­ti­ques socia­les et éducatives va de pair avec un déve­lop­pe­ment des ser­vi­ces publics et une poli­ti­que d’amé­na­ge­ment du ter­ri­toire, réflé­chie et cohé­rente, qui pren­nent en compte l’inté­rêt des citoyens.

Une poli­ti­que du loge­ment avec des moyens plus consé­quents de l’Etat afin de mettre fin à l’habi­tat indi­gne et la concen­tra­tion de per­son­nes en dif­fi­cultés dans les mêmes quar­tiers est aussi indis­pen­sa­ble pour un réel vivre ensem­ble.

Il faut une poli­ti­que qui per­mette rapi­de­ment et réel­le­ment de loger tous ceux qui en ont le besoin, y com­pris les sans-abris, ceci sans aucune dis­cri­mi­na­tion.

Pour ce faire, il est néces­saire de redon­ner du sens et des moyens aux acteurs sociaux et éducatifs qui tra­vaillent avec les famil­les dans l’objec­tif de per­met­tre à tous une vie décente et har­mo­nieuse.

La poli­ti­que de trans­port et d’amé­na­ge­ment des ter­ri­toi­res doit mieux servir tous les quar­tiers, cités, vil­la­ges qui pour des rai­sons d’éloignement vivent une véri­ta­ble injus­tice. La poli­ti­que de la ville doit accen­tuer le déve­lop­pe­ment des inter­ven­tions d’équipes éducatives et socia­les pour fran­chir les étapes vers le vivre ensem­ble et ne pas tomber dans le tout sécu­ri­taire.

La lutte contre la pré­ca­rité énergétique et pour un envi­ron­ne­ment humain et dura­ble doit se tra­duire par une amé­lio­ra­tion de l’habi­tat, de l’iso­le­ment ther­mi­que et de l’accès aux réseaux numé­ri­ques. La fin des cou­pu­res d’eau, de chauf­fage ou d’électricité pour les usa­gers en graves dif­fi­cultés économiques est un impé­ra­tif huma­ni­taire.

La poli­ti­que cultu­relle et asso­cia­tive doit être déve­lop­pée dans un sens pro­gres­siste et social. Le sport, les acti­vi­tés cultu­rel­les et asso­cia­ti­ves, l’art sous toutes ses formes, sont les meilleurs rem­parts contre les mani­pu­la­tions et les idéo­lo­gies sec­tai­res et into­lé­ran­tes.

Les péri­phé­ries urbai­nes, les zones rura­les connais­sent une forte relé­ga­tion sociale, qui impacte dure­ment les sala­riés et leur famille deve­nant ainsi une des cibles pour les orga­ni­sa­tions poli­ti­ques, reli­gieu­ses, sec­tai­res prô­nant le popu­lisme, le repli sur soi et le rejet de l’autre.

Le syn­di­ca­lisme peut, avec d’autres acteurs locaux, favo­ri­ser la com­pré­hen­sion entre les habi­tants et sala­riés des dif­fé­rents ter­ri­toi­res de vie en contri­buant à déve­lop­per les notions de par­tage, d’échanges d’expé­rien­ces et de connais­san­ces.

La pré­sence en proxi­mité des syn­di­cats comme des asso­cia­tions avec des moyens néces­sai­res sont des préa­la­bles au main­tien de notre République laïque, démo­cra­ti­que, sociale et de ses prin­ci­pes d’égalité, de liberté et de fra­ter­nité.

Les mili­tan­tes et mili­tants syn­di­caux agis­sent :
- Pour le déve­lop­pe­ment d’ini­tia­ti­ves dans les ter­ri­toi­res ayant l’inté­rêt de réunir les sala­riés et les citoyens dans un esprit de connais­sance et de par­tage.
- Pour des ser­vi­ces publics au béné­fice de tous sans aucune dis­tinc­tion.
- Pour une poli­ti­que d’entre­tien et de déve­lop­pe­ment de loge­ments décents et contri­buant au res­pect de l’envi­ron­ne­ment.
- Pour l’effec­ti­vité et le déve­lop­pe­ment des droits des per­son­nes dis­cri­mi­nées et/ ou en situa­tion de détresse.
- Pour le res­pect et le déve­lop­pe­ment de la tolé­rance dans et hors des entre­pri­ses.

4. Education, école : « Les par­cours de la citoyen­neté : On ne nait pas citoyen, on le devient ».

La cons­truc­tion de la citoyen­neté se fait tout au long de la vie, elle concerne les jeunes mais aussi les adul­tes. Elle impli­que l’école mais aussi l’éducation popu­laire dont le mou­ve­ment syn­di­cal est l’un des acteurs majeurs.

Une telle cons­truc­tion ne se fait pas en une seule étape. Il s’agit d’un pro­ces­sus de for­ma­tion. Être citoyen, c’est être reconnu comme membre d’une société et pou­voir par­ti­ci­per à sa vie poli­ti­que et économique.

Être citoyen, c’est avoir des droits (droit à l’éducation, au tra­vail, à la pro­tec­tion sociale, aux liber­tés, aux droits fon­da­men­taux...) mais aussi des obli­ga­tions (res­pect de ces droits par exem­ple).

L’école a un rôle déter­mi­nant à jouer. Elle doit donc faire l’objet de débats afin de défi­nir un projet d’école le plus consen­suel pos­si­ble. Le défi éducatif majeur est de sur­mon­ter la cor­ré­la­tion exis­tante entre iné­ga­li­tés sco­lai­res et iné­ga­li­tés socia­les par­ti­cu­liè­re­ment fortes dans notre sys­tème éducatif et qui par­fois se conju­guent avec des iné­ga­li­tés ter­ri­to­ria­les. Réussite de tous les élèves, fin des sor­ties sans qua­li­fi­ca­tion et élévation du niveau de for­ma­tion, lutte contre les dif­fi­cultés sco­lai­res, contre toute forme de dis­cri­mi­na­tion, pour l’égalité filles/gar­çons...autant de sujets qui contri­buent à la cons­truc­tion de la citoyen­neté. Mais si l’éducation et les ensei­gne­ments que dis­pense l’école se trou­vent en totale contra­dic­tion avec ce que dit et fait la société, l’école risque d’être impuis­sante.

L’école, les dif­fé­rents lieux de for­ma­tion for­melle comme infor­melle, la famille, les ins­ti­tu­tions doi­vent parler des mêmes choses. Car l’appren­tis­sage sera dif­fi­cile voire voué à l’échec si les jeunes sont sommés de choi­sir entre la culture sco­laire ou asso­cia­tive et celle de leur famille. D’où l’impor­tance d’un par­tage du projet de l’école qui ne peut s’ados­ser qu’à un projet de société dont les valeurs et prin­ci­pes font culture com­mune dans la société.

Les mili­tan­tes et mili­tants syn­di­caux agis­sent :
- Pour une école de la réus­site de tous les jeunes ;
- Pour une école qui déve­loppe, en lien avec la recher­che, l’esprit cri­ti­que, les savoirs et les com­pé­ten­ces pour per­met­tre à chacun de réa­li­ser son projet, de déve­lop­per sa vie per­son­nelle et pro­fes­sion­nelle ;
- Pour une école au cœur de l’égalité et des luttes contre les dis­cri­mi­na­tions ;
- Pour per­met­tre à tous les per­son­nels de mener à bien leurs mis­sions.

5. Laïcité au tra­vail : « La liberté dans le res­pect mutuel »

Lutter contre les dis­cri­mi­na­tions, c’est aussi et sur­tout com­pren­dre et res­pec­ter l’autre. La République laïque garan­tit la liberté de cons­cience et d’opi­nion à chacun. Elle pro­tège le citoyen dans sa liberté de croire ou de ne pas croire, et empê­che toute ins­ti­tu­tion reli­gieuse de faire loi. La laï­cité, c’est la recher­che du res­pect de toutes les convic­tions et pra­ti­ques reli­gieu­ses, dans la limite de l’ordre public et de toutes les liber­tés. Elle pro­duit un modèle du vivre-ensem­ble où chacun doit res­pec­ter autrui dans son iden­tité citoyenne, et dans ses croyan­ces ou convic­tions.

Le « vivre ensem­ble » dans l’entre­prise et dans les ser­vi­ces publics est par­fois bous­culé par des reven­di­ca­tions ou des pra­ti­ques reli­gieu­ses qui pro­vo­quent des ten­sions. Même s’il revient aux diri­geants de l’entre­prise de créer les condi­tions de ce « vivre ensem­ble », les mili­tan­tes et les mili­tants syn­di­caux sont inter­pel­lés et concer­nés.

Afin de garan­tir le vivre ensem­ble au-delà des dif­fé­ren­ces, les mili­tan­tes et les mili­tants syn­di­caux agis­sent :
- Pour une meilleure infor­ma­tion sur les lois et règle­ments en la matière, et l’appli­ca­tion des textes en vigueur.
- Pour la liberté de vivre ses convic­tions dans le res­pect mutuel.
- Pour l’ins­tau­ra­tion d’un dia­lo­gue quand des ten­sions appa­rais­sent, pour trou­ver des répon­ses res­pec­tueu­ses de chacun dans le res­pect du droit.
- Pour que des reven­di­ca­tions à carac­tère reli­gieux appel­lent des répon­ses syn­di­ca­les « uni­ver­sel­les », qui béné­fi­cient à tous les sala­riés quel­les que soient leurs convic­tions.
- Pour le refus de tout pro­sé­ly­tisme et de toute action syn­di­cale qui repo­se­rait sur des reven­di­ca­tions com­mu­nau­tai­res.
- Pour un refus total des déri­ves com­por­te­men­ta­les excluan­tes ou dis­cri­mi­na­toi­res (mépris, refus de saluer, refus de mixité, occu­pa­tion d’espa­ces com­muns pour des pra­ti­ques reli­gieu­ses excluant les non-pra­ti­quants…) entre col­lè­gues mais aussi de la part ou vis-à-vis du public accueilli.

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Militer réso­lu­ment pour les valeurs du syn­di­ca­lisme et les prin­ci­pes répu­bli­cains.

Agir contre le racisme, l’anti­sé­mi­tisme, les dis­cri­mi­na­tions, le fon­da­men­ta­lisme et toutes les formes de tota­li­ta­risme

La montée des popu­lis­mes, des idées d’extrême droite, de la xéno­pho­bie, des sec­ta­ris­mes et des fon­da­men­ta­lis­mes est une réa­lité extrê­me­ment inquié­tante dans toute l’Europe et notam­ment en France. En effet, ces déri­ves n’appor­te­ront aucune solu­tion à la grave crise finan­cière, économique, sociale et poli­ti­que que nous tra­ver­sons. Bien au contraire, l’his­toire nous ensei­gne que l’exclu­sion, le rejet de l’autre, le repli de la France sur elle-même ou la fer­me­ture des fron­tiè­res, la dési­gna­tion de boucs émissaires, la dénon­cia­tion de l’immi­gra­tion comme res­pon­sa­ble de tous les maux sont des atti­tu­des qui ne peu­vent conduire qu’à la divi­sion, à l’affron­te­ment et à l’échec.

Le mou­ve­ment syn­di­cal est bien cons­cient que nombre de chô­meu­ses et de chô­meurs, de tra­vailleu­ses et de tra­vailleurs confron­tés aux dures réa­li­tés du quo­ti­dien, se lais­sent par­fois tenter par ces idées nau­séa­bon­des. La situa­tion sociale est grave. Le chô­mage, toutes caté­go­ries confon­dues, frappe plus de 5 mil­lions de nos conci­toyens, le nombre de per­son­nes vivant sous le seuil de pau­vreté s’élève à 8,5 mil­lions, la pré­ca­rité gagne du ter­rain, les condi­tions de tra­vail se dégra­dent et les iné­ga­li­tés s’accrois­sent. Cela sur­vient dans un contexte également carac­té­risé par des scan­da­les poli­ti­ques et finan­ciers, une mul­ti­pli­ca­tion d’exem­ples de frau­des et d’évasions fis­ca­les qui met­tent à mal les valeurs de la République et ne font qu’ampli­fier le sen­ti­ment d’injus­tice, d’aban­don et encou­ra­gent le chacun pour soi. La crise morale est aussi une donnée fon­da­men­tale du climat actuel.

Mais notre pays pos­sède aussi des atouts et des rai­sons d’espé­rer que nous vou­lons pro­mou­voir à tra­vers les actions et les stra­té­gies que nous déve­lop­pons dans la diver­sité de nos sen­si­bi­li­tés.

Les orga­ni­sa­tions syn­di­ca­les qui par­ta­gent des prin­ci­pes et des valeurs com­mu­nes ont décidé de tra­vailler ensem­ble pour s’oppo­ser à la fois à la montée du popu­lisme, de l’extrême droite et de ses idées, de la xéno­pho­bie, du sec­ta­risme et du fon­da­men­ta­lisme, mais aussi pour recher­cher et exiger des répon­ses à la crise économique et sociale.

Parce que nous croyons en un avenir par­tagé et paci­fi­que, nous vou­lons rester fidèle à ce que cer­tains appel­lent l’esprit du 11 jan­vier. La crise n’est pas une fata­lité. Il faut relan­cer l’économie, créer des emplois de qua­lité notam­ment pour les jeunes et les seniors, sou­te­nir le pou­voir d’achat, main­te­nir notre pro­tec­tion sociale, lutter contre les iné­ga­li­tés et garan­tir l’égalité des droits. Il faut déve­lop­per le dia­lo­gue social, les liber­tés syn­di­ca­les et exiger du patro­nat des contre­par­ties aux sub­ven­tions accor­dées aux entre­pri­ses. En aucun cas ces aides publi­ques ne doi­vent servir à aug­men­ter les divi­den­des versés aux action­nai­res. Avec la Confédération Européenne des Syndicats, nous reven­di­quons un grand plan d’inves­tis­se­ment euro­péen et des mesu­res fortes pour mettre un terme au dum­ping social et fiscal.

Notre action est portée par les valeurs de paix et de fra­ter­nité qui sont celles du syn­di­ca­lisme au cœur des­quel­les figu­rent la soli­da­rité entre tous les sala­rié-es et la lutte contre toutes les formes de dis­cri­mi­na­tion. Mais la soli­da­rité ne peut pas être invo­quée uni­que­ment dans les pério­des dra­ma­ti­ques, elle doit être un souci quo­ti­dien pour entre­te­nir le sen­ti­ment d’appar­te­nance à la com­mu­nauté humaine ici et dans le monde.

Nous appe­lons toutes nos adhé­rent-es et et toutes nos mili­tant-es mais au-delà toutes les tra­vailleu­ses et tous les tra­vailleurs à se ras­sem­bler dans les entre­pri­ses pour barrer la route au popu­lisme, aux idées d’extrême droite et à la déma­go­gie, et mili­ter réso­lu­ment pour les valeurs du syn­di­ca­lisme et des prin­ci­pes répu­bli­cains.

C’est par ce combat por­teur d’avenir que nous ren­for­ce­rons le « vivre et le tra­vailler ensem­ble » dans les entre­pri­ses, les admi­nis­tra­tions et sur les ter­ri­toi­res.

Paris, le 5 juin 2015

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