Compétences infirmières et santé environnementale

Compétences infirmières et santé environnementale

24 août 2024

Les soins infirmiers ne se limitent plus aux hôpitaux. Face à la crise climatique, les infirmières s’imposent comme des défenseurs de la planète. Leur mission va bien au-delà des soins : elles sensibilisent, éduquent, et défendent.

Les infir­miè­res ne se conten­tent plus de panser les plaies. Elles aler­tent sur l’impact de notre envi­ron­ne­ment sur la santé. Elles savent que le réchauf­fe­ment cli­ma­ti­que n’est pas qu’une menace loin­taine, mais un danger immé­diat pour leurs patients.

La pol­lu­tion de l’air, la conta­mi­na­tion de l’eau, et l’expo­si­tion aux pro­duits chi­mi­ques affec­tent direc­te­ment la santé des popu­la­tions. Les infir­miè­res, pré­sen­tes à chaque étape du par­cours de soin, sont aux pre­miè­res loges pour cons­ta­ter les effets dévas­ta­teurs de la dégra­da­tion envi­ron­ne­men­tale sur la santé. Elles voient les mala­dies res­pi­ra­toi­res s’aggra­ver avec la pol­lu­tion de l’air, les patho­lo­gies liées à l’eau conta­mi­née se mul­ti­plier, et les can­cers pro­vo­qués par l’expo­si­tion aux pro­duits chi­mi­ques aug­men­ter. Pour elles, le lien entre santé et envi­ron­ne­ment n’est pas une théo­rie abs­traite, mais une réa­lité tan­gi­ble qu’elles affron­tent chaque jour. Elles sont les témoins quo­ti­diens de l’aug­men­ta­tion des crises d’asthme, des aller­gies sai­son­niè­res pro­lon­gées, et de l’appa­ri­tion de nou­vel­les mala­dies vec­to­riel­les.

Avec leur expé­rience du ter­rain, elles font enten­dre leur voix face aux déci­deurs et à la société. Le der­nier rap­port du GIEC a déclen­ché une alerte parmi les pro­fes­sion­nels de santé. Pour les infir­miè­res, il est clair que les défis cli­ma­ti­ques néces­si­tent une réponse rapide et coor­don­née. "Nous voyons les effets du chan­ge­ment cli­ma­ti­que chaque jour dans nos ser­vi­ces. Ce n’est pas une ques­tion de poli­ti­que, c’est une ques­tion de vie ou de mort." alerte Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat National des Professionnels Infirmiers SNPI.

L’enga­ge­ment des infir­miè­res dans la pro­mo­tion de la santé envi­ron­ne­men­tale ne se limite pas à des dis­cours. Elles adop­tent des pra­ti­ques éco-res­pon­sa­bles dans leur quo­ti­dien pro­fes­sion­nel. Réduction des déchets, recy­clage, uti­li­sa­tion de pro­duits réu­ti­li­sa­bles : autant de gestes qui, mul­ti­pliés par le nombre de soi­gnants, peu­vent faire une réelle dif­fé­rence. Leur impli­ca­tion ne s’arrête pas là. Elles sen­si­bi­li­sent également à l’impact des per­tur­ba­teurs endo­cri­niens pré­sents dans les pro­duits de consom­ma­tion cou­rante, offrant des alter­na­ti­ves plus saines et plus dura­bles.

Les infir­miè­res pro­fi­tent de la rela­tion de confiance qu’elles ont bâtie avec leurs patients pour sen­si­bi­li­ser sur l’impor­tance de la tran­si­tion écologique. Elles par­lent d’impact envi­ron­ne­men­tal en termes sim­ples et acces­si­bles, tou­chant chaque indi­vidu là où cela compte : leur santé et celle de leurs pro­ches. En conseillant une ali­men­ta­tion plus res­pec­tueuse de l’envi­ron­ne­ment, des moyens de trans­port dura­bles ou encore des habi­tu­des de consom­ma­tion res­pon­sa­bles, elles trans­for­ment chaque ren­contre en une occa­sion d’éducation et d’action.

Partout dans le monde, face aux catas­tro­phes natu­rel­les accrues par le réchauf­fe­ment cli­ma­ti­que, comme les inon­da­tions, les vagues de cha­leur ou les incen­dies, les infir­miè­res se retrou­vent sou­vent en pre­mière ligne. Elles appor­tent des soins d’urgence, gèrent des évacuations et coor­don­nent des répon­ses médi­ca­les com­plexes dans des condi­tions extrê­mes. Leur rôle est cru­cial pour mini­mi­ser les effets des catas­tro­phes sur la santé des popu­la­tions. Elles savent que chaque degré de plus sur le ther­mo­mè­tre est un risque sup­plé­men­taire pour leurs patients les plus fra­gi­les.

Les infir­miè­res voient com­ment un envi­ron­ne­ment dégradé aggrave les iné­ga­li­tés de santé, tou­chant en pre­mier lieu les plus vul­né­ra­bles : enfants, per­son­nes âgées, mala­des chro­ni­ques et popu­la­tions défa­vo­ri­sées. Leur enga­ge­ment de soi­gnan­tes les pousse à agir, non seu­le­ment pour sou­la­ger les symp­tô­mes, mais aussi pour s’atta­quer aux causes pro­fon­des des mala­dies.

L’expo­si­tion à la pol­lu­tion de l’air peut avoir des consé­quen­ces graves pour la santé, en par­ti­cu­lier chez les per­son­nes à risque. Elle peut entraî­ner des pro­blè­mes res­pi­ra­toi­res et immu­ni­tai­res, mais aussi des patho­lo­gies telles que le dia­bète, l’obé­si­té, la dé­pres­sion et cer­tains can­cers. On observe une explo­sion des mala­dies res­pi­ra­toi­res et de l’asthme chez les enfants (+12% entre 2005 et 2012), dont 3 sur 4 res­pi­rent un air pollué en France. Les femmes encein­tes sont aussi mena­cées, la pol­lu­tion de l’air pou­vant engen­drer des issues défa­vo­ra­bles de gros­sesse (nais­san­ces avant terme, mal­for­ma­tions congé­ni­ta­les…).

En tant que pro­fes­sion­nel­les de santé, les infir­miè­res dis­po­sent d’une voix puis­sante et res­pec­tée, capa­ble d’influen­cer les poli­ti­ques publi­ques et les pra­ti­ques indi­vi­duel­les. Leur connais­sance intime des enjeux de santé leur permet de faire le lien entre science et réa­lité quo­ti­dienne, et de défen­dre des chan­ge­ments concrets auprès des déci­deurs. Elles appel­lent à une plus grande reconnais­sance du rôle des soi­gnants dans la tran­si­tion écologique et à des poli­ti­ques de santé publi­que inté­grant les dimen­sions envi­ron­ne­men­ta­les.

Les infir­miè­res incar­nent cette fusion unique entre le soin, l’éducation et l’enga­ge­ment pour la pla­nète. Elles sont des alliées indis­pen­sa­bles dans la lutte contre le réchauf­fe­ment cli­ma­ti­que et pour la pré­ser­va­tion de la santé publi­que. Chaque jour, elles démon­trent que la tran­si­tion écologique passe aussi par les gestes quo­ti­diens et la prise de cons­cience col­lec­tive.

Alors, face à ces défis crois­sants, com­ment chacun de nous peut-il sou­te­nir ces lan­ceu­ses d’alerte dans leur combat pour un avenir plus dura­ble ? Quels gestes pou­vons-nous inté­grer dans notre quo­ti­dien pour allé­ger l’empreinte écologique et ren­for­cer notre rési­lience face aux crises envi­ron­ne­men­ta­les ?

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Synthèse du 6e rap­port du GIEC : l’urgence cli­ma­ti­que est là, les solu­tions aussi
https://reseauac­tion­cli­mat.org/syn­these-du-rap­port-du-giec-lur­gence-cli­ma­ti­que-est-la-les-solu­tions-aussi/

Pour appro­fon­dir, nous vous conseillons de lire la prise de posi­tion "Infirmières et infir­miers à l’avant garde d’une pla­nète en santé", dans laquelle le SIDIIEF affirme son enga­ge­ment en matière de santé envi­ron­ne­men­tale et sou­li­gne la force mobi­li­sa­trice de chan­ge­ment de l’exper­tise infir­mière, au sein d’une coo­pé­ra­tion de toutes les par­ties pre­nan­tes.
https://sidiief.org/wp-content/uploads/2019/11/SIDIIEF-Sante-envi­ron-Prise-posi­tion-VF.pdf

- Des for­ma­tions publi­ques pour deve­nir un éco-infir­mier
https://crh.cgos.info/infor­ma­tions/des-for­ma­tions-pour-deve­nir-un-eco-infir­mier
- L’uni­ver­sité de la Sorbonne pro­pose un DU « Développement dura­ble en santé : du concept à la pra­ti­que de soins ». L’ensei­gne­ment pro­po­sera des solu­tions pra­ti­ques et des retours d’expé­rien­ces d’établissements ayant déjà mis en place des pro­jets de déve­lop­pe­ment dura­ble.
https://fc.sor­bonne-uni­ver­site.fr/nos-offres/deve­lop­pe­ment-dura­ble-en-sante-du-concept-a-la-pra­ti­que-de-soins/
- « Si l’inac­tion per­dure, la mor­ta­lité des Français âgés liée à la cha­leur sera mul­ti­pliée par cinq »
https://www.media­part.fr/jour­nal/eco­lo­gie/230824/si-l-inac­tion-per­dure-la-mor­ta­lite-des-fran­cais-ages-liee-la-cha­leur-sera-mul­ti­pliee-par-cinq

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