Coronavirus : EHPAD en mort silencieuse, la faute de l’Etat
27 mars 2020
La doctrine nationale prévoit que l’on arrête de dépister les cas de Covid dans un Ehpad à partir du deuxième cas. "Cette doctrine est criminelle" , juge Thierry Amouroux, porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers SNPI CFE-CGC. "Il faut tester tout le monde puis séparer les patients qui sont positifs au Covid–19 et ceux qui ne sont pas contaminés avec un personnel ’étanche’, dédié à chaque groupe de patient. Sinon, les soignants deviennent des agents de contamination, surtout avec une population souvent âgée de plus de 80 ans, et sur cette tranche d’âge le taux de mortalité du Covid-19 est de 20 %."
Le Guide méthodologique de la Phase épidémique Covid-19, sur le site du ministère de la Santé, précise en effet : « concernant les prélèvements biologiques, seuls les premiers patients résidant dans une structure d’hébergement collectif (EPHAD, structures de regroupement de personnes fragiles en situation de handicap, structures accueillant des personnes sans domicile, etc.) avec un tableau clinique évocateur de Covid-19 font l’objet d’un prélèvement. À partir du second cas confirmé, toute personne présentant un état symptomatique identique ou proche (état grippal, rhinopharyngite) est alors présumé infectée par le virus. » (document en téléchargement en bas de l’article)
Sur le terrain, il manque des masques, de blouses, du gel hydroalcoolique. Pour les structures médico-sociales dont font partie les Ehpad, il est prévu cinq masques chirurgicaux par lit, par semaine pour les soignants. "Comment peut-on se répartir cinq masques sur sept jours lorsque vous êtes trois équipes qui se relayent chaque jour dans un Ehpad ?", fulmine le porte-parole du Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), Thierry Amouroux. "Cette technostructure est complètement à côté de la plaque. L’ARS, comme le gouvernement, gère la pénurie au détriment des bonnes pratiques."
Lire l’excellent article d’analyse de Benoît Collombat, de la Cellule investigation de Radio France, publié le 27.03.20 : Dans les Ehpad, la "guerre sans armes" des soignants auprès des plus âgés https://www.franceinter.fr/dans-les-ehpad-la-guerre-sans-armes-des-soignants-aupres-des-plus-ages
Vous avez également :
– « Les deux premiers cas sont testés, et à partir du moment où la présence du Covid-19 est confirmée, on ne fait plus de tests ». L’ARS d’Ile-de-France, contactée par CheckNews, indique que cette limitation des tests aux seuls premiers cas correspond à une « doctrine nationale ».
https://www.liberation.fr/checknews/2020/03/24/pourquoi-les-autorites-ne-comptent-pas-les-deces-survenus-en-ephad-dans-le-bilan-des-victimes-du-cov_1782653